Améliorer l'efficacité énergétique des habitats à loyer modéré dans le bassin euro-méditerranéen

Qu'est-ce que le projet ELIH-MED ?

Le projet ELIH-MED vise à identifier et à évaluer des solutions techniques et financières innovantes en vue d'améliorer l'efficacité énergétique de bâtiments occupés par des ménages à revenus modestes. L'objectif recherché est un gain sur la consommation d'énergie de chaque bâtiment, équivalent à 2 classes sur l'étiquette énergétique, ou une diminution de 40% de la consommation d'énergie de chacun des bâtiments.
Les solutions sont testées sur plus de 420 opérations pilotes (maisons individuelles et logements), réparties dans les 7 pays européens participant au projet. Pour exemple, en France, 30 logements appartenant à 13 HABITAT, premier office HLM en région Provence-Alpes-Côte-D'azur, font l'objet d'une réhabilitation énergétique. La plupart des travaux de réhabilitation doit s'achever en mars 2014, et sera suivie par l'évaluation des résultats dans les neuf mois suivants.

Le rôle du CSTB dans le projet ELIH-MED

Le CSTB a en charge l'évaluation de l'expérimentation des solutions, menée sur les 420 sites. Pour cela, il a défini neuf indicateurs énergétiques, environnementaux et financiers. Des outils supports à cette évaluation, sur le principe de la signature énergétique, ont également été développés.

Premier défi : collecter les données. Avant les travaux de réhabilitation, il s'agit de recueillir les données de consommation énergétique des 420 sites. Idéalement, il faudrait réunir les factures énergétiques des trois précédentes années. Le recueil s'avère en réalité plus hétéroclite. Il faut prendre en compte que les ménages concernés n'ont pas toujours les ressources financières nécessaires pour se chauffer ou s'éclairer.
Après réhabilitation des bâtiments, la collecte des données sera en principe plus simple puisque le CSTB a défini un cahier des charges définissant le type d'information à collecter et la fréquence de recueil des données. Dans la mesure du possible, le recours à des systèmes automatisés de comptage et de relève sera privilégié. Dans un certain nombre de cas, le relevé manuel des consommations énergétiques restera plus approprié.

Autre défi : considérer la dimension sociétale de la performance énergétique. Une réhabilitation réussie suppose une satisfaction des occupants. Pour cela, le CSTB a proposé d'évaluer l'impact social d'une amélioration de confort sur les sites expérimentaux. Cette dimension est prise en charge par un chercheur du CSTB, également responsable du pilotage scientifique de l'Observatoire National de la Précarité Energétique. Celui-ci a notamment adressé un questionnaire aux habitants avant et après les travaux. Objectif : connaître dans quelle mesure les occupants perçoivent une amélioration de leur confort thermique.
Par ailleurs, l'évaluation de l'expérimentation doit intégrer d'éventuels « effets rebonds ». Si la réhabilitation permet un accès facilité à l'énergie, elle peut aussi engendrer une hausse des consommations ou le développement de nouveaux usages : climatisation, multiplication des éclairages… Tout l'enjeu consiste au travers de l'analyse des performances énergétiques du bâti avant et après réhabilitation, à tenir compte de l'évolution de la consommation des habitants.

Les perspectives du projet ELIH-MED

Grâce au retour d'expérience acquis par la réhabilitation des 420 sites, à partir de 2015, le projet ELIH-MED proposera à la Commission Européenne des recommandations pour réorienter une part des Fonds Européens de Développement Régional (FEDER) vers l'habitat à loyer modéré de la zone euro-méditerranéenne. C'est un enjeu majeur pour atteindre les objectifs énergétiques européens quand on sait que les ménages à revenus modestes représentent 30 à 40% des foyers méditerranéens.

Pour le CSTB, cette expérience permet d'approfondir son expertise sur les performances mesurées in situ, de mesurer l'impact d'un gain de confort et donc, de progresser dans le domaine de la « garantie de résultat énergétique ».

En savoir plus :

• Lutter contre la précarité énergétique (conférence Batimat 2013)
• Le projet ELIH-MED
• Le programme MED
• Les travaux de l'Observatoire National de la Précarité Energétique

Article réalisé avec Dominique Caccavelli, coordinateur scientifique du projet ELIH-MED pour le CSTB et chef de Division, direction Energie et Environnement au CSTB, avec Simon Boddaert, responsable de l'évaluation des suivis énergétiques pour le projet ELIH-MED et ingénieur études et recherche, direction Energie et Environnement au CSTB, et avec Isolde Devaliere, sociologue, direction Economie et Sciences Humaines au CSTB et responsable du suivi scientifique de l'Observatoire National de la Précarité Energétique.

En une : carte du bassin euro-méditerranéen, situant les partenaires du projet ELIH-MED.
- Coordinateur du projet : ENEA (Agence nationale pour les nouvelles technologies, l'énergie et le développement durable) - Italie
- Autres partenaires :
Chypre : CEA (Agence de l'énergie de Chypre)
France : AViTeM (Agence des villes et territoires méditerranéens durables), CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), Conseil Général du Languedoc Roussillon, GERES (Groupe sur les énergies renouvelables, l'environnement et la solidarité), CRPM (Conférence des régions maritimes périphériques), 13 Habitat
Grèce : CRES (Centre pour les sources d'énergie renouvelable et les économies d'énergie), Région de l'est macédonien et de la Thrace
Italie : ISNOVA (Institut pour la promotion de l'innovation technologique), Laore (Office pour le développement de la Sardaigne), municipalité de Frattamaggiore, municipalité de Gènes
Malte : MIEMA (Agence pour la gestion intelligente  de l'énergie de Malte)
Slovénie : JS (Institut Jozef Stefan)
Espagne : Conseil de la ville de Malaga, Fondation de l'Institut de la construction de Valence.