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Philharmonie de Paris : en avant la musique !

Dans un peu moins de quatre ans, Paris pourra s’enorgueillir d’un nouvel espace de concert unique en son genre situé à quelques pas de la Cité de la Musique. La Philharmonie de Paris, association soutenue par l’Etat et la Ville de Paris, entreprend la construction d’un ensemble musical dont la plus grande salle possèdera une capacité d’accueil de 2 400 personnes. Les orchestres symphoniques les plus renommés pourront s’y produire, renforçant ainsi la vocation culturelle de ce quartier du nord-est parisien. « Nous avons été sollicités par la Philharmonie de Paris pour étudier le comportement au vent de ce bâtiment dessiné par Jean Nouvel, indique Christian Barré, ingénieur au CSTB. Pour cela, une maquette à l’échelle 1/175e a été réalisée et différents types d’essais ont été effectués dans notre soufflerie de Nantes." La phase de tests s’est étalée sur un laps de temps de trois semaines, courant septembre 2008, après plusieurs semaines de préparation. En effet, outre la réalisation de la maquette de cet immense ouvrage de 300 mètres de long et de 100 mètres de large, 930 points de mesure des champs de pression y ont été installés.

Essais aux vents : une mesure à quatre temps

Les essais ont en premier lieu porté sur le dimensionnement au vent des différentes parties du bâtiment, et notamment du mur écran culminant à 50 mètres, au regard d’événements extrêmes tels que les tempêtes qui ont frappé la France en 1999. "Nous avons également reconstitué l’environnement du futur bâtiment afin de caractériser ses impacts éventuels sur les immeubles voisins et les riverains, informe Christian Barré. Dans un deuxième temps, le confort au vent sur les terrasses, les accès piétons et l’environnement proche du bâtiment a été étudié. Dans un troisième temps, nous avons analysé la diffusion des panaches de fumées issus du désenfumage incendie sur les zones accessible au piétons. Quatrième et dernière étape du travail réalisé par les équipes du CSTB : une étude aéro-acoustique, principalement bibliographique. Pas question, en effet, que le vent s’engouffrant dans les interstices de l’ouvrage ne génère des bruits parasites audibles à l’intérieur même des salles de concert.

Sur le toit du temple de la musique

Positionnée sur une plate-forme tournante, la maquette de la Philharmonie de Paris a été soumise aux vents provenant de toutes les directions, et plus particulièrement les vents d’ouest, les plus fréquents sur l’agglomération parisienne. De plus, le nombre très important de capteurs de pression disséminés sur la totalité du modèle réduit passé en soufflerie a rendu possible le calcul des charges et des efforts s’exerçant sur les différentes parties du bâtiment. Les analyses des mesures réalisées lors des tests n’ont décelé aucun problème particulier de dimensionnement. De même, aucun impact significatif n’a été observé sur le confort des riverains et des piétons : situé au cœur de Paris et entouré de bâtiments longs, le quartier de La Villette est un site bien protégé. Tant mieux ! Il aurait été dommage que les visiteurs de la Philharmonie ne puissent accéder au toit du futur équipement et ainsi profiter d’une vue unique sur la capitale.

Une maquette en frittage de poudre

Pour représenter au mieux la structure complexe de la Philharmonie de Paris, le CSTB a eu recours à la technique encore peu courante dite du "frittage de poudre". Condition indispensable : disposer du fichier numérique 3D du bâtiment. Celui-ci est lu par une machine spécifique pilotant un faisceau laser se déplaçant au 10e de millimètre près dans un bac de poudre polymérisable. Sous l’action du rayon, cette dernière fond puis durcit : la maquette au 1/175e est ainsi réalisée morceau par morceau. Il suffit ensuite de les assembler pour obtenir un ensemble dont la géométrie se révèle parfaitement conforme à l’original.