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Brésil : un certain savoir-faire du "vivre ensemble"

C'est en 2002, lors d'un colloque international au Brésil, que Joëlle Bordet va poser les premières pierres d'une collaboration qui depuis, ne cesse de se resserrer. « J'y ai rencontré Fatima Sudbrack, professeur en psychologie à l'université de Brasilia, et Teresa Carreteiro, professeur en psychologie à Rio. Toutes deux ont développé un travail important de psychologie communautaire au sein des favelas, en étudiant le rapport au travail des jeunes, la dynamique de quartier ? Fatima Sudbrack a aussi beaucoup collaboré avec les magistrats et les professionnels de la justice sur cette approche communautaire. »

Il n'en fallait pas plus à la psychosociologue française, passionnée elle aussi par l'approche judiciaire, pour engager des travaux communs avec les professionnelles brésiliennes. Depuis, les trois consœurs animent ensemble régulièrement des conférences qui mettent en parallèle les comportements brésiliens et français et défendent une certaine vision du "mieux vivre ensemble". Dernier événement en date : un séminaire cet été à Brasilia, organisé par Joëlle Bordet. Le thème : "Une nouvelle justice pour le Brésil". Denis Salas, professeur à l'Ecole nationale de la magistrature l'a accompagné. Plus de 700 personnes ont assisté à l'événement, signe d'un réel engouement pour le sujet.

Un regard positif sur la collectivité

Mais qu'est ce qui attire tant Joëlle Bordet dans ce pays d'Amérique latine ? « La vie communautaire au Brésil est très instructive, analyse-t-elle. Dans les favelas, malgré la corruption et la pauvreté, il existe une capacité d'initiatives et une force de travail considérables. Les Brésiliens portent un regard positif sur la vie en communauté et ne se crispent pas sur leurs peurs comme nous le faisons en France. Ces capacités endogènes des quartiers peuvent nous aider, j'en suis convaincue, à lutter chez nous contre la violence, à resserrer le lien social dans les cités. » Et la différence culturelle entre la France et le Brésil, comme le niveau de développement, ne semblent pas constituer de freins à l'établissement de comparaisons pertinentes, voire même d'échanges d'expériences. « En effet, répond la psychosociologue. A l'heure de la mondialisation, on a tous à s'apporter les uns aux autres. Nous avançons dans la même direction, même si les énergies pour avancer ne sont pas identiques. Et ce qui marche au Brésil peut nous aider ici. »

« Voici longtemps que le CSTB sait qu'on ne pouvait pas faire du bâtiment sans faire de la ville. Et faire de la ville, c'est faire en sorte que les hommes vivent ensemble de façon harmonieuse et équilibrée. C'est ce à quoi j'essaie de contribuer dans le cadre de mes recherches. »