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Un lycée qui enseigne à l'environnement et à l'automobile

Le lycée Carnot site Carnot et le lycée Carnot site Sampaix sont deux établissements situés l'un en face de l'autre, mais seul le second est concerné par ce projet architectural d'envergure. Actuellement, 4000 m² servent à accueillir tout à la fois des ateliers (sur 3000 m²), les locaux administratifs, la loge du gardien (récemment construite), la bibliothèque ainsi que quelques salles d'enseignement.

En doublant sa surface d'accueil (passant ainsi de 4000 à 8088 m² de surface utile), le lycée va étendre son offre de formations professionnelles, proposant à l'avenir des filières nouvelles telles que la conduite de transports routiers, le magasinage, la messagerie, la distribution, les systèmes motorisés. Des locaux d'accompagnement sont également programmés, pour l'administratif, la maintenance, l'infirmerie, et pour la vie scolaire d'une façon générale, en R+1 ou R+2.

Si 90% du bâti actuel sera démoli, le programme prévoit cependant de réutiliser le bâtiment administratif actuel ainsi que de conserver la loge du gardien qui contrairement au reste est adapté aux besoins qui lui incombent.

Séparation des flux piétons et voitures

Le projet, conditionné par de fortes contraintes (qualité du sol, phasage, croisement des flux) répartit les éléments du programme en fonction des expositions solaires les plus favorables, et des sous-ensembles constitués par les différentes filières de formation.

Dès lors, le lycée s'organisera en quatre pôles (partie « lycée », MSMA et construction, automobile, transports et magasinage), irrigués entre eux par deux circuits distincts et étanches. Le premier, réservé aux véhicules, sera implanté en couronne extérieure aux bâtiments, tandis que le second, consacré aux piétons et matérialisé par une passerelle extérieure couverte, fédèrera en périphérie intérieure les différentes entités du lycée. La politique de déplacements sera entièrement axée sur une séparation des flux : ici les piétons avec des accès favorisés, là les véhicules, volontairement tenus à une discipline gage de sécurité mais néanmoins autorisés à pénétrer à l'intérieur de la série d'ouvrages disposés en L.

Chaque pôle disposera en son centre d'un patio contribuant à la fois à assurer un bon niveau d'éclairement naturel et assurant la décharge thermique nocturne en période estivale. Pour les vastes ateliers de réparation, ces patios seront remplacés par des sheds en toiture orientés au nord. Une vaste plaine récréative se dégagera au cœur du site, séparée de la piste d'apprentissage de la conduite par des talus ornementaux qui constitueront autant d'écrans phoniques.

A l'extrémité sud-est du terrain sera installé un bassin de récupération des eaux pluviales, avec des berges recouvertes de plantes infiltrantes lors des trop plein. Le traitement des élévations recherche une écriture unitaire pour l'ensemble des pôles très différents qui composent l'établissement, afin d'exprimer la cohérence pédagogique voulue au travers de cette restructuration. Les élévations seront toutes traitées avec les mêmes principes de composition, et avec des matériaux similaires : dans des cadres de bois massif, qui suivent les divisions intérieures et les étages s'inscrivent, au nu intérieur la peau de fermeture, et à l'axe, tels des écrans détachés des encadrements en bois, des protections solaires adaptées à l'orientation et à l'usage. Entre les bâtiments, d'autres espaces paysagers viendront accompagner les redivisions de l'établissement.

L'accent porté à la lumière et au confort

Si le lycée professionnel de Roanne ne produit pas spécialement de la main d'œuvre pour l'industrie régionale (ses élèves partent en effet vers des régions plus tournées vers l'industrie automobile comme Sochaux ou la région parisienne), reste que le souhait de la maîtrise d'ouvrage est de mieux adapter son enseignement à d'autres filières porteuses de débouchés, à visée plus régionale sans doute.

A cette ambition s'est greffé le souhait de proposer un établissement environnementalement pilote. Avec deux cibles posées comme essentielles par le conseil régional de la région Rhône-Alpes, maître d'ouvrage de l'opération : le confort et la lumière. D'où des dispositions architecturales servant ces deux objectifs centraux : un éclairage naturel optimisé par une protection solaire modulable contre les surchauffes et l'éblouissement, une végétalisation des façades surexposées pour la protection des surchauffes d'été (à la manière de l'immeuble végétal de l'architecte Edouard François à Montpellier, avec espérons le ici davantage de succès), du free coolling avec une surventilation nocturne pour le confort thermique d'été (un équipement encore aujourd'hui rarement mis en œuvre car très innovant), ainsi que du rafraîchissement par inertie des structures (avec notamment la mise en œuvre de structures mixtes bois-béton apparent).

L'intégration dans le site, l'éclairement naturel, la thermique d'été, la gestion de l'eau (et notamment la récupération des eaux pluviales pour laver les camions et les voitures), les matériaux, la gestion des déchets dans les phases démolition et chantier mais aussi la gestion des déchets d'activité (des huiles, des peintures, des pièces de moteurs notamment) sont les faire valoir environnementaux de ce projet. Cibles performantes ou très performantes, elles se veulent en phase avec l'idée d'un enseignement de qualité, laquelle rimera ici avec confort d'étude.

Programmer les cibles en phase esquisse

A ce propos, le conseil régional de la région Rhône-Alpes désire engager une démarche identique pour la construction de l'ensemble des lycées dont il a la maîtrise d'ouvrage.

Pour Roanne, et parce qu'il souhaitait encadrer son cheminement pour parvenir à la cible environnementale visée, il s'est adjoint un AMO HQE en la personne du CETE. Pour François Boilot de la direction du patrimoine au conseil régional, en charge de la mise en place de la démarche HQE, « ce type de projet oblige à conduire une réflexion technique très en amont, dès la phase esquisse, afin d'éviter de se perdre entre ce qui a été programmé et ce qu'il est au final possible de faire techniquement. C'est le cas par exemple de la ventilation, qui pour être à double flux doit nécessairement être prévue comme telle à l'esquisse. Par la suite, si une autre solution est proposée, il sera alors plus facile de conduire des arbitrages et de revoir à la baisse certaines performances plutôt que de perdre du temps et de l'argent dans des allers retours entre bureau d'études et maîtrise d'œuvre ».

L'engagement dans la démarche HQE sert un objectif clair : « mieux atteindre des exigences affichées et par là-même parvenir à des objectifs de qualité ». D'où la candidature à l'appel à projets de l'Ademe afin de « mieux comprendre les exigences des référentiels, et être source de propositions d'amélioration afin de mieux les intégrer ultérieurement dans tous nos projets ». Le leitmotiv de François Boilot - être actif et critique au cœur de la démarche - a donc ici tout valeur d'enseignement.

Calendrier des opérations

  • Juin 2003 : APD
  • Juillet 2004 : dépôt permis de construire
  • Janvier 2004 : DCE
  • Juillet 2004 : études d'exécution :début des travaux
  • Septembre 2006 : réception ouvrage

Fiche technique

  • Surface hors œuvre brute : 10 331 m²
  • Surface utile : 8282,10 m²
  • Surface hors œuvre nette : 9 815 m², dont lycée + ateliers : 9 510 m² ; logements : 305 m²
  • Surface démolie : environ 3 000 m² (bâtiment ateliers)
  • Surface neuve : 7631,40 m²
  • Surface restructurée : 650,70 m²
  • Maîtrise d'ouvrage : Conseil régional de la région Rhône-Alpes
  • Maîtrise d'œuvre : Cabinet TEKHNE, Christian Charignon, architecte mandataire Bureau HQE : BET Tribu
  • Assistance HQE auprès de la maîtrise d'ouvrage : CETE