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Une façade qui respire la santé

Cognacq-Jay

La rénovation de l'hôpital Cognacq Jay situé dans le 15e arrondissement de Paris a démarré par le démontage des équipements intérieurs de certains des bâtiments obsolètes qui composaient l'établissement de soins ; la démolition du gros œuvre a ensuite. L'établissement nouvelle mouture dispose désormais de 142 chambres individuelles et 5 chambres doubles.

Les deux corps de bâtiment sont reliés par deux niveaux de sous-sol, ce qui assure la continuité des locaux sous terre et celle des espaces verts en surface. Ce choix permet d'augmenter la surface du jardin d'agrément des patients qui passe de 800 m² à 1700 m². « Il fallait offrir aux patients un espace non isolé et qui préserve leur intimité et leur confort, explique l'un des architectes du projet, Toyo Ito. Ce projet a donc été pensé de l'intérieur et de l'extérieur. La solution : deux bâtiments refermant l'îlot dans l'alignement des façades, comportant des espaces de circulation et des salles de soin, mais pas de chambres, et trois volumes abritant les chambres, reliés par le sous-sol. Dégager le sol au maximum permet non seulement de conserver le jardin et de l'agrandir, mais aussi d'augmenter l'efficacité du personnel par une circulation en sous-sol. De plus, les volumes proposés ne sont pas austères par rapport à l'environnement. Pour cet hôpital, j'ai pensé à la fois aux gens qui le verraient de l'extérieur et à ceux qui y vivraient et auraient besoin de se sentir protégés. Une relation douce, voilà ce que je veux créer : l'ouverture à la vie extérieure en se sentant chez soi, en sachant qu'on fait toujours partie de la vie. » Aux nouveaux bâtiments répond ainsi le jardin, avec un soin particulier accordé au choix des essences et à l'association des végétaux, de manière à assurer un développement rapide et une succession de floraisons pendant la plus grande partie de l'année.

2 000 m² de façade rideau

Cognacq-Jay

L'hôpital de soins et l'institut médico-éducatif de la Fondation Cognacq Jay comportent 2 000 m² de façade rideau sur les 6 520 m² que compte l'ouvrage. Cette façade-rideau met en œuvre une série de dispositifs non traditionnels, tels que, ouvrants VEC et vitrage dit "respirant". A la demande des concepteurs de l'ouvrage, les architectes japonais Toyo Ito et français Extra Muros, la lame d'air du vitrage intègre à certains endroits un remplissage en Kapipane, un polycarbonate extrudé qui fait partie de la dernière génération des matériaux occultants. Ce polycarbonate, épais de 4 cm, remplit une triple fonction : esthétique d'une part, thermique et de diffusion soignée de la lumière d'autre part. Il forme une sorte de matelas grâce à la juxtaposition de fins tubes translucides de 2 mm de diamètre, qui garantissent la transparence en vision frontale et la translucidité en vision biaise. Résultat : on peut voir sans être vu, une personne se situant à l'intérieur de l'ouvrage pouvant voir dehors, tandis que le passant situé à l'extérieur n'a pas "d'accès visuel" sur l'intérieur du bâtiment. D'un point de vue échanges thermiques, ce polycarbonate limite naturellement la convection dans la lame d'air.

Vitrages sérigraphiés

Les cadres des ouvrants de type VEC (verre extérieur collé) intègrent quant à eux des rupteurs de pont thermique en résine polyuréthane. Ces cadres aux profilés aluminium sont fixés à la façade en nez de plancher et viennent s'emboîter horizontalement et verticalement à l'aide d'éclisses métalliques et de profilés EPDM. On trouve sur cette façade deux types d'ouvrants : à l'italienne, avec vitrage isolant parclosé, et ouvrants pompiers, avec vitrage isolant collé. Les vitrages proprement dits comportent un remplissage extérieur de composition 6-8-4 dont certaines parties sont sérigraphiées en face 2, une lame d'air de 115 mm dans certains cas équipée de Kapipane, et un remplissage intérieur. Dans les parties vision sans remplissage, les vitrages intérieurs et extérieurs présentent une sérigraphie sur leur face côté lame d'air. Les parties fixes disposent, en traverse basse, d'orifices de respiration avec filtres composés d'une mousse PPI 30, en place des joints EPDM en feuillure interne des vitrages extérieurs.

Mur-rideau avec remplissages différents

La façade de l'opération Cognacq-Jay est composée d'un mur-rideau cadre avec ossature aluminium, intégrant sur sa profondeur, trois remplissages différents : un remplissage avec vitrage isolant côté extérieur, avec une couche Low-E et une couche de contrôle solaire, un remplissage vitré au nu intérieur assurant, sur certaines zones, une fonction de sécurité contre la chute des personnes et une fonction pare-flammes et, enfin, un remplissage en polycarbonate extrudé de 4 cm d'épaisseur pour des fonctions esthétiques, visuelles et thermiques. La conjonction de l'ensemble de ces procédés constructifs apporte un rendu architectural des plus originaux. Ainsi que l'explique Toyo Ito, « je voulais créer une architecture qui change en fonction du temps et des saisons. C'est un traitement particulier du verre, jamais encore utilisé, qui permettra cela. Nous avons pu travailler pendant un an sur la façade et les possibilités du matériau. Par ailleurs, dans le découpage des façades, nous avons cherché à conserver la dimension humaine, que l'on trouve sur le site actuel, en opposition avec de grandes façades brillantes. »