L'Art et la manière
A Turin
Autre interrogation à Turin, sur le toit de la célèbre usine Fiat, là où a été construite la pinacothèque : comment la neige, abondante ici en hiver, se comportera-t-elle une fois tombée sur les pare-soleil conçus comme des panneaux de verre ? Se déposera-t-elle en manteau ? Va-t-elle glisser, fondre, geler ? Sophie Moreau, en charge de la thématique Ambiance, confort et sollicitations climatiques au sein du CSTB, explique : « Nous avons fait des essais grandeur réelle sur prototypes. Ce qu'il y a de fascinant, c'est qu'on en apprend tous les jours. En l'occurrence que la neige s'accroche partout ! Quand le verre est froid même en cas de pente forte, elle ne tombe pas. »
A Metz
Même type de questionnement à Metz où seront "délocalisées" des œuvres du centre Pompidou. Imaginez une très belle architecture en bois et une couverture en forme de chapiteau avec une toile enduite de matériaux composites. Mais comment ce toit pas comme les autres se comportera-t-il en cas d'importante charge de neige ? Une simulation en soufflerie climatique sur une grande maquette au 1/20e a permis de répondre et de faire les ajustements nécessaires.
A Paris, quai Branly
Direction Quai Branly, vers le musée du même nom. Au programme parmi d'autres points : étude de l'ensoleillement à l'intérieur du bâtiment, en tenant compte de l'environnement direct et étude de l'éclairage naturel - le bâtiment étant très vitré. L'utilisation d'un logiciel interactif qui intégrait des modes de calculs spécifiques et proposait un paramétrage exhaustif (ex : taux de transmission des vitrages extérieurs selon la météo...) a fourni à l'équipe de la maîtrise d'œuvre les éléments dont elle avait besoin pour viabiliser le projet. Heureusement... A l'étude, en effet, est apparu que la lumière était près de 100 fois trop élevée, provoquant des reflets et des contre-jours constants, dangereux pour les œuvres, inconfortables pour les visiteurs.
Et au Jardin des Tuileries
Enfin, dernier exemple d'intervention d'éclairagistes mais aussi de thermiciens du CSTB à l'Orangerie. C'est le cas de Franck Leguillon qui a étudié la verrière surplombant la longue galerie de la collection Walter Guillaume. Il précise : « La particularité de cette galerie est double : elle est longue de 90 mètres, large de 3 et par ailleurs, quasiment horizontale. » Le risque ? Que dans ce contexte, les vitrages feuilletés soient particulièrement sensibles à la montée en température - c'est-à-dire, que leurs propriétés mécaniques soient fragilisées (apparition de bulles, par exemple). Autre souci : « Il fallait aussi vérifier les joints de scellement au niveau des différents éléments du vitrage. Là encore, il s'agissait de vérifier que le mastic résisterait à de hautes températures, sous peine de provoquer de la buée sur les vitres. » Plus grave : les risques de "casse thermique" : « De trop grands écarts de températures, de jeux d'ombre et de soleil, en différents endroits mais sur une même surface vitrée, peuvent à terme fissurer le verre... » Une étude thermique par simulation numérique a mixé les éléments suivants : rayonnement solaire maximal, caractéristiques énergétiques et mécaniques des différents matériaux envisagés, environnement, saisons, météo et même, système de stores. Le risque d'échauffement étant avéré, de nouvelles pistes ont pu être proposées : pose de vitrage plus absorbant, changement de caractéristiques des stores, etc.