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Accessibilité : objectif usage universel

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3 % seulement des personnes réalisant des travaux dans leur logement sont motivées par des besoins d'adaptation pour raisons de santé. Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer ce chiffre si bas. Les particuliers privilégient les travaux de confort et d'embellissement ; la motivation pour réaliser des travaux d'adaptation n'apparaissant que lorsque les problèmes sont là. Ensuite, l'offre de produits et d'équipements d'adaptation est réputée pauvre et coûteuse, s'intégrant mal dans les lieux de vie. Enfin, il n'existe pas de "diagnostiqueurs" spécialisés dans l'adaptation des logements au handicap et au vieillissement.

Nous sommes tous des handicapés en puissance

« En fait, nous ne voulons pas prendre conscience que nous sommes tous des handicapés en puissance, explique Jean-Louis Cochard, chargé de mission "Bâtiment et Personnes dépendantes" au CSTB. Pour reconnaître cette réalité, il faut changer notre regard sur le handicap et le vieillissement. Comprendre que tel ou tel équipement ou aménagement conçu pour le handicapé profite à tous les usagers, des enfants aux grands-parents. » Jean-Luc Simon précise : « Les aménagements réalisés pour les personnes handicapées sont toujours intéressants pour les autres. »

Ce confort d'usage pour tous passe par l'aménagement de lieux sensibles : pièces techniques (sanitaires et cuisines), portes-fenêtres, balcons et loggias. Pour cela, la domotique peut être très utile et connaître une vraie renaissance. À la moindre restriction de capacité, la commande centralisée de l'environnement est un équipement qui prend de la valeur. Ouvrir et fermer fenêtres et volets, piloter l'éclairage, le chauffage et même des équipements électroménagers, actionner les robinets à infrarouge, autant d'adaptations qui facilitent la vie quotidienne de tous.

Agir sur la demande et sur l'offre

C'est cette culture de l'usage universel qu'il convient de développer. Cela passe par une totale banalisation des aménagements et des équipements. Et par des actions dans deux directions : un renouvellement de l'offre de la part des industriels ; une information / formation auprès des acteurs de terrain.
Tant que l'on reste dans une logique de marché spécifique pour les handicapés, les industriels le considèrent comme marginal, la demande étant faible (alors que le marché existe ?). Ce qui entraîne des coûts élevés. Mais s'il y a banalisation de ces équipements, leur diffusion massive est assurée et les industriels peuvent proposer des produits fabriqués en série, avec une baisse des coûts. Ils pourront même investir et innover dans la R&D ?
Même si le décret sur l'accessibilité dans le logement ne s'applique qu'à la rénovation lourde (lorsqu'elle représente un coût au moins égal à 80 % de la valeur du bien), les professionnels de la construction, qui sont très souvent les prescripteurs, ont un rôle essentiel à jouer pour que l'opinion fasse sienne cette culture de l'usage universel. D'où un travail d'information / formation nécessaire auprès de toute la filière, du maître d'ouvrage à l'artisan. Ainsi, le Groupe pour l'Education Permanente des Architectes (GEPA) propose une formation qui met les architectes au contact des associations d'handicapés.

Car comme le répète Jean-Luc Simon : « La participation des usagers ayant des besoins particuliers est essentielle pour que l'usage universel devienne la règle dans la construction. Il faut en être convaincu : une personne en pleine possession de ses moyens imagine mal les difficultés auxquelles les autres sont confrontées. »

* En 2020, l'INSEE prévoit que près de 30% de la population française aura plus de 65 ans

Le handicap en chiffres

En Europe

Selon le rapport Eurostat 2001 sur le handicap et la participation sociale :

  • Dans l'Europe des 25, 50 millions de personnes connaissent des difficultés dans le maintien de l'autonomie quotidienne
  • Un citoyen sur quatre a un membre de sa famille en situation de handicap
  • Près de 5,5 millions de personnes sont atteintes par la maladie d'Alzheimer (un chiffre qui devrait doubler au cours des 50 prochaines années).

En France

D'après les chiffres du ministère de la Santé :

  • Le taux de la population concernée par un handicap est de 10%
  • Les personnes malvoyantes sont 500 000, dont 77 000 aveugles
  • Les malentendants sont 3,5 millions, dont 450 000 atteints de déficience auditive sévère ou profonde
  • Un trouble du psychisme concerne 1 million de personnes
  • 850 000 personnes souffrent d'un handicap moteur isolé
  • 1,4 million de personnes souffrent d'un handicap moteur associé à d'autres déficiences
  • Près d'un million de personnes bénéficient d'une aide financière, d'une aide à domicile, d'un accueil dans un établissement médico-éducatif ou dans un Centre d'Aide au Travail.

Construction neuve : équipements concernés

Le volet "Bâtiment" de la loi du 11 février 2005 pour "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées" prône pour les bâtiments une accessibilité pour tous et non plus pour les seules personnes dites "handicapées physiques". Dans le collectif neuf, "l'obligation d'accessibilité porte notamment sur les circulations communes intérieures et extérieures, une partie des parcs de stationnement, les logements, les ascenseurs, les locaux collectifs et leurs équipements". A tous les étages, circulation et portes des logements doivent permettre au handicapé "d'utiliser la cuisine ou une partie du studio aménagée en chambre, un cabinet d'aisance et une salle d'eau". Cette obligation est applicable à compter du 1er janvier 2007. Pour les balcons, terrasses, loggias, cette obligation est différée au 1er janvier 2008 et pour les salles d'eau, deux ans plus tard. Ces délais s'appliquent au collectif comme aux maisons individuelles construites pour être louées ou mises à disposition ou pour être vendues, à l'exclusion de celles dont le propriétaire a, directement ou par l'intermédiaire d'un professionnel de la construction, entrepris la construction ou la réhabilitation pour son propre usage.

Les actions spécifiques du CSTB

« Compte tenu de son expertise, le CSTB participe à l'élaboration et à la mise en place de la nouvelle réglementation sur l'accessibilité des logements, précise Jean-Louis Cochard, chargé de mission "Bâtiments et Personnes dépendantes". Concrètement, nous travaillons sur deux actions spécifiques. La DGUHC, du ministère de l'Equipement, nous a demandé de réaliser des guides de solutions techniques : l'un concerne les balcons et loggias ; l'autre les salles d'eau. Il s'agit d'identifier des exemples qui respectent la nouvelle réglementation concernant l'habitat neuf. Seconde action : nous procédons actuellement à un recensement des DTU qui sont impactés par cette nouvelle réglementation. Une fois ce travail réalisé, des actions pour les rendre techniquement compatibles avec les nouvelles dispositions seront examinées. »

Par ailleurs, le CSTB est très actif dans le projet GER'HOME qui a pour objectif de développer des services d'aide au maintien à domicile, basé sur l'utilisation de techniques de l'information et de la communication omniprésentes mais non intrusives. A noter également des travaux sur l'évaluation de composants spécifiques, une réflexion sur une procédure de certification de produits "bons pour tous", et, pour les ouvrages, des projets de référentiels de Cerqual et de Cequami.

Le Club de l'Amélioration de l'Habitat (CAH)

Association créée en 1992, le CAH a pour objet de dynamiser le secteur des travaux d'amélioration de l'habitat, grâce à l'action conjointe d'entreprises et d'organismes publics et privés*. En 2001, le secteur de l'amélioration de l'habitat représentait quelque 45 milliards d'euros. C'est un marché très contrasté : d'un côté, les particuliers y jouent un rôle essentiel (plus de 10 millions de ménages font des travaux au moins une fois par an dans leur logement) ; mais de l'autre, les professionnels réalisent les deux tiers du marché en valeur. Le CAH propose de comprendre et de mesurer les évolutions de ce marché en mettant à la disposition de ses adhérents une série d'outils spécifiques.

* Acome, Ademe, Aldes, ANAH, Architecteurs, Baxi France, Capeb, Cobaty, CSTB, DAEI, DGUHC, EDF, FFB, Gaz de France, Groupe Atlantic, Habitat & Développement, Lafarge, Minefi, Phenix Evolution, Promotelec, Puca, Qualitel, Rockwool, Saint Gobain, UNTEC.

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