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Un jardin sur le toit...

Aujourd'hui, industriels et professionnels français se mobilisent pour développer la technique de la toiture végétalisée. Les enjeux environnementaux sont de taille : élévation de 3 à 6 % de la température, écoulement trop rapide des eaux de pluie, qualité de l'air médiocre, production croissante de déchets… Ces phénomènes obligent à repenser l'urbanisation et à revoir l'ensemble des critères qui composent le confort urbain. Les toitures végétalisées font partie de la "panoplie" des solutions qui oeuvrent en faveur du développement durable. Inciter les institutionnels et les professionnels à mieux intégrer ce concept ancien ; telle est donc l'ambition du CSTB et des acteurs majeurs du secteur tels que l'Adivet (Association pour le Développement et l'Innovation de la Végétalisation Extensive des Toitures). Le CSTB et la CSFE (Chambre Syndicale Française de l'Étanchéité) ont établi un "code de bonne pratique" qui se traduit par un avis technique, des enquêtes de techniques nouvelles, un cahier des charges.

Écologique, esthétique, économique

Plus légères et moins épaisses que les terrasses jardin, les toitures végétalisées sont plus faciles d'entretien (pas ou peu d'arrosage) et présentent des atouts indéniables pour les grandes surfaces de toitures (industrie, commerce, santé…). Ce type de toiture est par ailleurs un compensateur écologique, car il met en œuvre des produits renouvelables, génère des économies d'énergie, participe à l'amélioration de la qualité de l'air et du confort thermique d'été et d'hiver. Ce n'est pas tout. La toiture végétalisée réduit l'imperméabilisation des sols en retenant et retardant l'écoulement des pluies d'orage. Un argument de poids, car l'urbanisation poussée crée une augmentation des surfaces imperméabilisées, donc, un déficit d'alimentation de la nappe phréatique et un assèchement de l'air urbain. Évacuée trop rapidement, l'eau n'a pas le temps de s'évaporer et la chaleur en ville augmente. Les essais menés par le CSTB et d'autres centres de recherche démontrent que, grâce à la toiture végétalisée, une partie des eaux de pluie est retenue, voire "consommée", et que son écoulement est retardé grâce à l'absorption, à la fois par les feuilles des plantes et le substrat.

Ce n'est toujours pas tout. La toiture végétalisée améliore la qualité de l'air. Les études mettent en évidence son apport en régulation thermique, qui permet de diminuer la consommation d'hydrocarbures, donc de freiner l'effet de serre. On constate aussi une amélioration du confort d'été, ce qui participe à la limitation des variations climatiques auxquelles nous sommes de plus en plus exposés.

Vient, bien sûr, l'argument "coût". Il est relativement faible : 45 €/m² en moyenne pour le complexe total (étanchéité + végétalisation) contre 100 €/m² (en incluant un surcoût de 60 €/m² sur la structure) pour une toiture jardin traditionnelle. Le coût de revient est significativement plus bas sur des grandes surfaces que sur des petites surfaces.

Conclusion ? Elle s'impose d'elle-même…

En pratique...

  • Technique bien adaptée aux supports béton, bois ou acier, sur toitures accessibles on non accessibles, toitures terrasse ou en pente de 3 à 20 %.
  • L'installation exige des bâtis revêtus d'un complexe d'étanchéité résistant à la pénétration des racines.
  • Le complexe isolant doit tenir compte des facteurs climatiques, d'entretien et des charges dues au complexe de végétalisation.
  • Un complexe de végétalisation extensive comprend : une couche drainante, une couche filtrante, un substrat et bien sûr la couche végétale.
  • Le choix des plantations dépend du climat, de l'usage, du système choisi et de l'effet esthétique recherché. Végétaux les plus appropriés : sedums, vivaces, graminées et petits ligneux, tous reconnus pour leurs qualités exceptionnelles de résistance à la sécheresse et peu exigeants en entretien.
  • L'entretien des toitures végétalisées est très faible, une "zone stérile" de 40 cm est laissée tout autour de la toiture pour permettre le contrôle et l'entretien du drainage et des évacuations d'eaux pluviales.

Un potentiel de 22 millions de m²

  • Objectif : 1 000 000 m² de toitures végétalisées par an
    150 000 m² de toitures végétalisées ont été recensées en 2002 en France ; un chiffre qui se monte à 13 millions pour la même période en Allemagne ! Le potentiel de développement est énorme en France : 22 millions de m² de toitures étanchées potentiellement sont transformables en toitures vertes…
  • Des initiatives locales encourageantes
    Le Nord-Pas-de-Calais tente d'intégrer autant que possible les toitures végétalisées dans le cadre de construction et réhabilitation de complexes sportifs. Le Bassin de Seine-Normandie essaye d'appliquer le principe des aides à la rétention d'eau et d'imposer une rétention d'eau à la parcelle. Enfin, des villes comme Paris, Nancy ou Nantes envisagent d'intégrer la végétalisation de toiture dans leur PLU.