"Galeo", un monolithe d’écailles de verre en terre francilienne
Dans le cadre d’une conception ouverte de l’îlot, Christian de Portzamparc assume le mélange des genres et des matériaux à l’intérieur d’une même opération. L’architecte de la Cité de la Musique affirme ici l’idée selon laquelle la ville de demain sera constituée par des échelles bâties et des traitements de façade très disparates. Deux types d’édifices hétérogènes entre eux cohabitent sur le terrain triangulaire de l’avenue Gallieni. Le premier rassemble, sous la forme d’un U, des constructions de factures conventionnelles avec des revêtements d’inspiration traditionnelle. Ces dernières s’organisent autour d’une cour ouverte sur la rue, afin d’éviter les grandes ombres que portent sur l’espace urbain les bâtiments systématiquement implantés de façon continue sur la limite parcellaire. Le second type, qui abrite les bureaux du promoteur est, par la nature de son programme et sa fonction de siège social, beaucoup plus exceptionnel. Il s’impose en tête d’îlot comme la vitrine d’un savoir-faire technique et architectural dans le grand quartier d’affaire isséen.
Un galet opalin
Baptisé "Galéo" en raison de sa forme en gros galet dressé, son enveloppe est constituée d’une double-peau largement ventilée qui contribue à la régulation thermique des bureaux. De part et d’autre d’un espace tampon parcouru par des caillebottis d’entretien, la peau intérieure en béton, percée de larges baies vitrées, assure le clos et le couvert, alors que la peau extérieure, constituée par quelque 700 écailles en verre sérigraphié, règle la qualité des ambiances lumineuses et l’aspect général de l’édifice, précieux et opalin à la manière des œuvres de l’illustre maître verrier, Émile Gallé.
Aurélie Bareille, chargée du dossier d’ATEx pour le CSTB, explique que le caractère exceptionnel du projet tient tout d’abord à l’importante surface en VEA développée pour couvrir les 8 étages et la toiture de l’ovoïde1. Elle tient aussi à la nature traversante des fixations qui supportent à la fois deux vitrages de grandes dimensions. Afin de permettre les vues latérales qui ne sont pas sans rappeler celles de l’hôtel "Renaissance" de l’avenue de Wagram à Paris2, les vitrages translucides sont décalés les uns par rapport aux autres dans le plan horizontal, tout en se superposant dans le plan vertical : "L’ossature secondaire est constituée par des tubes inox, maintenus en pied et en tête par des consoles acier de la structure primaire. Chacun de ces tubes reprend, non pas une, mais deux écailles de verre feuilleté HST de 3,50 m de haut au moyen de quatre attaches avec rotules incorporées."
Parallèlement, le CSTB a mis en œuvre une campagne d’essais selon le protocole expérimental relatif au Verre Extérieur Attaché3. En clair, il s’agissait d’évaluer la déformation et la résistance des vitrages, et de déterminer les rayons de courbure admissibles par les rotules et des différents composants de l’ouvrage sous l’effet du vent.
1- L’opération comporte 4000 m² de Verre Extérieur Attaché (VEA)
2- Voir le webzine de juin 2009 : www.cstb.fr/actualites/webzine/editions/edition-de-juin-2009/un-hotel-renaissance-resolument-contemporain.html
3- Protocole expérimental décrit par le cahier du CSTB n°35.74
Fiche technique
Surface : 5 840 m² SHON
Maîtrise d’ouvrage : Bouygues immobilier
Maîtrise d’œuvre : Atelier Christian de Portzamparc, architectes
- Conception et développement : Bertrand Beau, Karol Claverie, Bruno Durbecq, Chantal Aïra-Crouan, Nicolas Gicquel, Sébastien Menu, Constantin Döhler, Thierry Damez-Fontaine, Chiara Frati, André Pinto, Jeanne Ravet, Bettina Reali, Duccio Cardell
- Chantier : Bertrand Beau, Marion Barray, Erwan Saliva, Chantal Aïra-Crouan, Barbara Bottet, Julien Lissarrague
- Plasticien béton préfabriqué: Martin Wallace
Maîtrise d’œuvre d’exécution : COTEBA
Bureaux d’études : SIDF (structure), RFR (façades), SFICA (fluides), ABEX (électricité), TRIBU (HQE)
Bureau de contrôle : SOCOTEC
Paysagiste : Pasodoble
