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Tours durables : le CSTB mène l’enquête pour le MEEDDAT

Commerzbank Tower, Allemagne - Architecte Lord Norman Foster

A la demande du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire (MEEDDAT), le CSTB a réalisé un inventaire international des tours de bureaux "remarquables" en termes de développement durable et, notamment, de performance énergétique. Lancée en 2007, cette étude s’est décomposée en deux parties. La première a consisté en un recensement des labels internationaux permettant de caractériser les bâtiments tertiaires sur ces deux aspects particuliers. Le second volet de l’opération a porté sur la réalisation d’un inventaire des tours de bureaux performantes. Objectifs : dresser un état de l’art des bonnes pratiques en matière environnementale et mettre en évidence les technologies les plus innovantes.

St Mary Axe, Grande Bretagne - Architecte Lord Norman Foster

Une vingtaine de tours répondant aux critères de l’étude ont été identifiées, tant en Europe qu’en Amérique, en Asie, voire en Afrique. Parmi elles, cinq ont été sélectionnées (Conde Nast Building, USA ; Commerzbank Tower, Post Tower Bonn et Highlight Business Tower, Allemagne ; St Mary Axe, UK) pour procéder à une analyse plus fine et plus poussée de leurs performances environnementales et énergétiques à l’usage. "Nous avons pris contact avec les maîtres d’ouvrage et les bureaux d’études ayant suivi la construction de chacun de ces cinq immeubles, souligne Sophie Cuenot, chargée d’études et de projets au CSTB. Nous leur avons envoyé un questionnaire type, afin d’obtenir le maximum d’informations sur chaque bâtiment. Pour deux d’entre eux, nous nous sommes rendus sur place pour visiter la tour et avons discuté directement avec ces interlocuteurs sur les performances réelles des tours."

Un bilan énergétique à aborder dans sa globalité

Conde Nast Building, USA - Architectes Fox & Fowle

L’étude menée a apporté des enseignements très concrets. "Du fait de leurs configurations, et leurs profondeurs de plateaux, les tours se caractérisent notamment par de fortes dépenses en climatisation, ventilation et éclairage, détaille Sophie Cuenot. Les besoins en énergie pour le fonctionnement des ascenseurs se révèlent également importants. D’autre part, l’utilisation des énergies renouvelables est limitée à cause des faibles surfaces disponibles pour déployer des équipements tels que, par exemple, les panneaux photovoltaïques." De même, les façades vitrées ne sont pas idéales en termes de confort thermique et visuel. Elles génèrent également d’importantes déperditions d’énergie.

Commerzbank Tower, Allemagne - Architecte Lord Norman Foster

Alors, les tours rimeraient-elle difficilement avec développement durable et performance énergétique ? Vaste sujet… De nombreuses pistes d’améliorations méritent d’être approfondies. En premier lieu, la conception intégrée d’une tour de bureaux est incontournable, et peut générer jusqu’à 30% d’économie d’énergie. D’autre part, il apparaît essentiel de partitionner les étages de bureaux pour en permettre un fonctionnement autonome et indépendant selon l’usage qui en est fait, d’où une source importante d’économies d’énergie. Pour cela, un pré-requis incontournable : associer les utilisateurs finaux de l’immeuble et les équipes en charge de la gestion très en amont du projet dans la démarche de conception intégrée. De plus, le choix d’équipements de bureaux performants influe fortement sur la diminution des charges internes.

Enfin, l’étude mériterait d’être élargie à d’autres aspects du développement durable qui ne sont jusqu’alors que trop peu pris en considération : la gestion de l’espace (densification), le positionnement de la tour dans la ville et la problématique des transports des usagers, les services associés, la prise en compte de l’énergie grise contenue dans les matériaux, les impacts sanitaires,  constituent autant de paramètres qu’il serait utile de prendre en compte et mettre en parallèle avec le bilan énergétique des tours de bureaux de grande hauteur.