Strajural, deux tours aux portes de l’Asie
Les gardiens de l’Oural – Strajural en russe – ne vont pas tarder à sortir de terre et à dresser leurs silhouettes dans le ciel d’Ekaterinbourg. Le projet proposé par le cabinet parisien d’architecture Valode & Pistre se compose de deux tours qui s’élèveront à l’entrée de cette ville située à la limite entre l’Europe et l’Asie. La tour Sud, haute de 160 mètres, sera uniquement composée de logements. La tour Nord, d’une hauteur de 180 m et surmontée d’un pylône de télécommunication de 40 m, regroupera des bureaux et un club d’affaires panoramique. Au pied de ces deux immeubles, un centre commercial, un multiplex de cinéma, un casino et un restaurant seront ouverts au public. "Nous avons été sollicités par les architectes de ce projet pour étudier l’impact du vent sur la plus grande des deux tours, résume Julien Berthaut-Gérentes, ingénieur au CSTB. Pour cela, nous avons réalisé et instrumenté une maquette au 1/200e afin de mesurer les pressions sur la peau de la structure."
Vent d’Europe, vent d’Asie et réglementation russe
Le dimensionnement au vent a été effectué en soufflerie à "couche limite atmosphérique". Il a ainsi été possible de "coller" au plus près des conditions venteuses auxquelles la tour pouvait être soumise. Résultat : la structure même de l’ouvrage, composée d’un noyau et de voiles extérieurs en béton, lui confère une rigidité apte à supporter les contraintes de vent les plus extrêmes. Elle répond également à toutes les normes réglementaires russes, qui ont dû être prises en compte dans la réalisation des différents tests. De plus, une attention toute particulière a été portée à l’antenne positionnée sur la toiture, et notamment sur les phénomènes vibratoires potentiels. "Nous avons attiré l'attention des concepteurs sur des dangers potentiels induits par ce mât très haut et possédant une section favorisant les interactions avec le vent, informe Julien Berthaut-Gérentes. De même, les études conduites sur le confort des piétons en pied de tour ont montré que certains endroits pouvaient se révéler particulièrement ventés." Quelques suggestions – de la création d’un tunnel piétonnier entre les deux tours à la pose d’acrotères au sommet des immeubles environnants de plus faibles hauteurs – ont été émises par les experts du CSTB. Tout simplement pour éliminer tout désagrément aux personnes qui fréquenteront les lieux.
