Encens industriel ou encens naturel : leurs émissions sont différentes !
Chez les producteurs locaux, dans les temples hindous ou bouddhistes, ces bâtons parfument l’atmosphère en se consumant. Mais s’ils apportent une odeur agréable, les bâtons d’encens dégagent également de nombreux polluants dans l’air : particules, monoxyde et dioxyde de carbone, oxydes d’azote, benzène, formaldéhyde, etc. S’ils se consument à l’air libre de l’autre côté du monde, c’est dans notre habitat qu’ils se consument chez nous !
Tout a commencé en 2006, avec un grand distributeur de bâtons d’encens qui, malmené par un article de "Que Choisir", a décidé de faire réaliser des tests au CSTB. Différents essais se sont succédé dans une pièce de la maison expérimentale MARIA du CSTB de Champs-sur-Marne : 43 produits (bâtons, cônes, bougies, concentrés de parfum) ont été analysés selon un protocole d’analyse mis au point tout spécialement. Son but : mesurer les émissions des principaux polluants émis (notamment benzène et formaldéhyde) pendant et après leur combustion. Ces mesures réalisées à l’échelle 1 dans la maison MARIA ont permis d’évaluer le niveau d'exposition potentielle des utilisateurs de ces produits aux COV et au formaldéhyde, ce qui rend possible une estimation des risques sanitaires encourus par les utilisateurs en fonction des fréquences d'utilisation.
Bougies moins polluantes que l’encens
Les fabricants s’adaptent
La méthodologie présentée a servi à l'évaluation et à la quantification des risques sanitaires aigus et chroniques encourus par la population exposée aux émissions de benzène et de formaldéhyde par des encens et des bougies d'intérieur, après l'élaboration de scénarios d'exposition. Au regard des résultats, les fabricants ont significativement modifié les produits (diminution de la masse brûlée) et abandonné des formulations au profit d'autres moins émissives. Les scénarios d'exposition ont permis de conseiller une fréquence d'utilisation de ces parfums d'intérieur en fonction des risques sanitaires et cancérigènes encourus à long terme.
Sur la route de l’encens : de New Delhi à… Champs-sur-Marne !
Les journalistes de France 2, qui avaient lu un article sur ce sujet publié en 2009 par François Maupetit du CSTB et Fabien Squinazi du Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris dans la revue Environnement, Risques & Santé, ont souhaité en savoir plus sur l’impact de ces produits sur la qualité de l’air intérieur et tourner quelques séquences sur les mesures d’émissions de polluants réalisées au CSTB dans la maison MARIA. Ils ont apporté un bâton d’encens de trempage industriel indien acheté à Paris et ont demandé au CSTB de le tester en comparant ses émissions à celles d’un encens naturel à base de santal.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : pour une masse brûlée équivalente à celle du bâton naturel, le bâton industriel présente des émissions de benzène quatre fois plus importantes et des émissions de formaldéhyde presque deux fois plus importantes. Pour le professeur Squinazi, il n’y a pas de doute : « Ces encens, utilisés sur le long terme de manière répétée dans des atmosphères confinées sont cancérigènes. Il convient de les retirer du marché ou de changer leur formulation. »