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Villes durables : une démarche, des premiers éléments de réponses

L’ouvrage, rédigé par les chercheurs du CSTB sous la direction de Lydie Laigle, est paru début 2009 aux éditions PUCA-CERTU. A partir des expériences de Barcelone, Hanovre, Naples et Copenhague, les auteurs y démontrent qu’il n’y a pas de modèle unique de ville durable. "La durabilité est une démarche, pas un état !, a souligné Emmanuel Raoul, Secrétaire permanent du PUCA, en introduction à la présentation. Chaque agglomération a traité un héritage et s’est adaptée aux enjeux de développement, en mettant en œuvre des formes urbaines et des dispositifs spécifiques que le livre s’attache à décrire, tout en en faisant ressortir les limites.

Des problématiques communes

"Pour autant, a expliqué Lydie Laigle, l’analyse comparative fait ressortir des problématiques communes. Ainsi, l’action publique est-elle confrontée dans les quatre cas aux dynamiques d’agglomération (concurrence entre communes), aux pressions des marchés (foncier, immobilier), aux logiques de localisation et aux pratiques de déplacement." Partout, également, se pose la question de la gouvernance adéquate pour articuler les politiques sectorielles. Pour favoriser la durabilité, comment organiser le relais entre collectivités – région, intercommunalité, ville - ?, faut-il favoriser les démarches ascendantes ou descendantes ? quel poids accorder à la réglementation, à la concertation, à l’incitation, pour infléchir les logiques de localisation et de déplacement ?

Une approche systémique

Au-delà de la nécessaire planification, ce sont de nouvelles politiques plus systémiques que les agglomérations sont conduites à mettre en place, intégrant les problématiques de l’énergie aux politiques déjà articulées en matière d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de transport. Pour les auteurs, le développement urbain durable se construit ainsi sur le long terme, par des ajustements entre les modes de développement économique et urbain, les dynamiques territoriales qui en résultent et les politiques qui les orientent. "Tout a fait d’accord sur l’intérêt d’une démarche systémique, a commenté Cyria Emelianoff, Maître de conférences à l’université du Maine. C’est une véritable méthode d’approche, en particulier en France où tout est très cloisonné. La relation entre aménagement urbain et planification des systèmes de transport est l’un des éléments forts du livre."

Le rôle du politique

"En effet, l’articulation entre planification urbaine et transport est l’un des facteurs de succès, a approuvé Jean Laterrasse, Professeur à l’Université Paris-Est, Directeur du laboratoire "Ville Mobilité Transport". Mais le poids de certains acteurs et de leur sensibilité écologique compte aussi beaucoup : au quotidien, ce sont des luttes portées à bout de bras par quelques personnes." A ne pas négliger non plus, selon Jean-Yves Chapuis, Vice-président de Rennes Métropole, Délégué aux formes urbaines, l’agriculture, qui reste un point clé de l’aménagement périurbain, ne serait-ce que sur le plan de la santé. Par ailleurs, poursuivait-il, "certaines évolutions sociétales sont à prendre en compte : le mode de vie des ménages mono-personnels, l’allongement de la durée de vie et les nouveaux besoins qui y sont liés, les nouvelles formes de mobilité telles que le covoiturage…." Avec des conséquences sur la politique de l’habitat et la politique foncière. Face aux demandes sociétales diverses, le politique doit retrouver son autonomie et tenir son rôle d’arbitre.

Quelle échelle ?

Poursuivant sur cette question de la gouvernance, Jacques Theys, Responsable de la Mission prospective du MEEDDAT, a rappelé que toutes les villes sont confrontées à des problèmes d’échelles de décision en matière de développement durable. "Aujourd’hui, n’est-il pas insuffisant de travailler à l’échelle des agglomérations, ne faut-il pas parler de région urbaine durable ?" Avec le risque, relevé par Jean Laterrasse, d’un report de l’étalement urbain au-delà de cette région.

"Le caractère durable d’une ville dépend moins de ses caractéristiques intrinsèques que de sa capacité à orienter son développement et à limiter les effets dommageables que celui-ci génère sur les populations, les ressources et les milieux de vie", a conclu Lydie Laigle.

Jacques Theys, Jean Yves Chapuis, Jean Laterrasse, Cyria Emelianoff, Lydie Laigle
Emmanuel Raoul, secrétaire permanent du PUCA, Hervé Charrue, Directeur Recherche & Développement CSTB, Lydie Laigle