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Un jardin et une Canopée au cœur de Paris

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Le quartier des Halles de Paris devrait bientôt être totalement réaménagé. Pour concrétiser cette opération, c’est le projet Canopée, proposé par les architectes parisiens Patrick Berger et Jacques Anziutti, qui a été retenu à l’issue d’un concours international, le groupement SemPariSeine - Iosis assurant les fonctions de maître d’ouvrage. Ainsi, dès 2013, un immense toit d’une surface totale avoisinant 7 000 m² et formé d’immenses lames de verre, les ventelles, se superposant partiellement sans se toucher recouvrira le futur bâtiment. Comme la canopée d’un arbre cette enveloppe formera un couvert aéré qui protège des précipitations directes tout en maintenant une ambiance d’extérieur. Il sera construit dans la continuité d’un jardin extérieur conçu par SEURA, cabinet d’architectes urbanistes. "Dans le cadre de ce programme de rénovation, nous avons effectué des prestations de consultance, informe Olivier Flamand, ingénieur au CSTB. Nous avons, d'une part, étudié les charges au vent s’exerçant sur les ventelles de la couverture et, d'autre part, analysé les impacts des plantations du jardin sur les structures ainsi que le confort des piétons cheminant dans cet ensemble. Sur ce dernier point, nous avons aussi bien pris en compte le type de végétation, la saisonnalité, le positionnement des haies à l’extérieur de la Canopée ainsi que les ambiances sous la couverture."

Des études pour accompagner le geste architectural

Les essais réalisés en soufflerie par le CSTB sur les ventelles ont principalement porté sur la souplesse des lames positionnées parallèlement les unes aux autres, ainsi que les vibrations qui pouvaient être engendrées selon les vents. Conclusion : les risques d’une mise en résonance se sont révélés particulièrement faibles jusqu’à des vitesses d’air pouvant atteindre 40, voire même 50 m/s, soit environ 180 km/h. "Le concept de toiture poreuse à l’air, recouvrant un espace par conséquent semi-ouvert, engendre bien moins d’efforts sur les ventelles qu’une structure continue, observe Olivier Flamand. Le travail réalisé par les équipes a permis d’accompagner un geste architectural audacieux, mais qui va néanmoins de pair avec une grande stabilité de la toiture ainsi conçue."

Côté jardin, les effets positifs de la végétation sur le confort au vent ont été mis en évidence, notamment pendant la période où le feuillage est le plus important. Autre fait significatif : il a pu être montré que la face de l’ouvrage du coté au vent se trouve en "dépression" du fait de son implantation dans un milieu urbain dense et de sa faible hauteur au regard des immeubles avoisinants, la façade sous le vent étant, quant à elle, sujette à une surpression. Une observation inhabituelle due à des conditions aérodynamiques largement influencées par le bâti environnant.

Une prestation en adéquation avec nos objectifs de qualité

"Le professionnalisme et l'expertise du CSTB nous semblaient en parfaite adéquation avec les objectifs de qualité qu'exige un projet tel que la Canopée, expliquent Patrick Berger et Jacques Anziutti, architectes. La maîtrise d'ouvrage, en raison de la complexité des lieux et de l'importance de la sécurité des personnes, l’a sollicité pour mener plusieurs études spécifiques : ingénierie du feu, comportement au vent de la structure et confort vis à vis du vent. Avec l'appui d'Ingérop, nous avons tenu compte des résultats obtenus pour faire évoluer le projet techniquement et architecturalement. L'ingénierie du feu a conduit à établir des scénarios de sinistres validés par les services instructeurs et, ainsi, à réaliser la conception sur des bases entendues par tous les intervenants. L'étude du comportement au vent amènera à valider nos hypothèses de calcul, tout en nous donnant la possibilité de visualiser et de quantifier des interactions complexes qui, sur une géométrie comme celle de la Canopée, ne peuvent pas toujours être modélisées. Enfin, l'étude de confort vis-à-vis du vent a permis de nous assurer que la cible HQE® visée était bien atteinte et de faire preuve de pédagogie pour les différentes personnes, non professionnelles, qui souhaitaient des informations sur le confort aux usagers."