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Plomb : le CSTB mène l'enquête

Franck Chaventré, ingénieur consultant pour le CSTB, rappelle les enjeux : "Le saturnisme est une intoxication grave car le plomb se stocke dans l’organisme des enfants. Les manifestations sont les suivantes : problèmes neurologiques, déficit d’attention, déficience intellectuelle. Aujourd’hui, le seuil d’action au-delà duquel on déclenche une procédure de déclaration obligatoire auprès de la DDASS et  de mise en demeure du propriétaire, bailleur etc. par la préfecture est de 100 µg/l de Plomb dans le sang. Ce que l’on appelle un cas de saturnisme. Notre objectif est de faire un point sur les expositions au plomb dans les logements français et d'étudier le lien entre la plombémie des enfants et les facteurs d’exposition de son environnement. "

Questions simples, réponses complexes

Quel est le parc immobilier concerné ? Quelles sont les principales situations d’intoxication (sources, comportements) ? Combien d’enfants, au final, sont concernés ? Comment améliorer la prédiction des plombémies à partir d’un diagnostic du logement ? Autant de questions auxquelles l’étude, commencée en octobre dernier en partenariat avec EHESP, InVS, Hôpital Lariboisière et l’ISA et cofinancé par la DGS, la DHUP, l’Afsset et le CSTB, devra répondre. Franck Chaventré explique :"Le périmètre de cette enquête couvre 500 enfants âgés de 6 mois à 6 ans, recrutés en tout venant dans  des hôpitaux tirés au sort dans toute la France et sur la base d’un échantillon de 3 500 enfants. Les familles sont évidemment volontaires. Nous avons veillé à la représentativité géographique, mais volontairement "surreprésenté" les enfants atteints de plombémie modérée ([30 ;100[ µg/l) sur lesquels peu de données sont disponibles sur les facteurs de risque ." Les enquêteurs - des diagnostiqueurs immobiliers - ont été spécifiquement formés à cette approche novatrice d’enquête environnementale : protocole scientifique, recueil d’échantillons et de données sur les modes d’occupation du logement et des comportements des enfants, etc. Chaque enquête dure de 1 heure et demie à 2 heures et demie : prélèvements d’eau et de poussières au sol, mesure de plomb dans les revêtements muraux, relevé de schéma de chaque pièce, prélèvements exploratoires sur les aires de jeux extérieures, questionnaire très détaillé sur les facteurs de risques … Rien n’est laissé au hasard. Pas même l’identification de sources inhabituelles telles les soldats de plomb ou certains plats à tagine et autres cosmétiques traditionnelles.

Pour l’heure, une cinquantaine de familles s’est prêtée au jeu. "Le taux d’acceptation est bon, constate Franck Chaventré. Les volontaires sont intéressés et les enquêtes se passent bien. Restent toutes les autres familles à enquêter !" La procédure, ensuite, sera la suivante : une fois que le CSTB aura validé les données propres à chaque enfant et collecté les résultats d’analyse de plomb dans les différents prélèvements, il enverra un rapport aux parents pendant que, de son côté, l’InVS leurs fera parvenir le résultat de la plombémie. Rendez-vous donc fin 2009 quand le CSTB pourra croiser l’ensemble des résultats et donner aux ministères et agence sanitaire un premier panorama de l’exposition au plomb dans le parc de logements français et à terme proposer de nouveaux outils de diagnostic pour le repérage des risques liés au plomb dans les logements…

EHESP : L'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

InVS : Institut de Veille Sanitaire

ISA : Institu Supérieur d'Agronomie de Lille