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L'habitat individuel dense : une troisième voie à construire

D’une manière générale, l’habitat individuel dense (HID) est identifié, par les habitants interrogés, comme un habitat où l’on peut se sentir bien, qui peut répondre à leurs propres attentes comme à celles des autres qui y vivent. Parmi les éléments qui contribuent à construire la perception de l’univers dans lequel ils vivent, l’étude met en évidence le caractère structurant des vues : celle que l’on a depuis chez soi, mais aussi celle que l’on a sur la résidence depuis l’environnement extérieur. La "beauté" appréciée n’est pas toujours liée à l’architecture, mais plutôt à un paysage proposé par le concepteur (cité jardin, village), un imaginaire que les habitants se sont appropriés.

L’analyse montre également que la richesse des opérations HID réside dans la profusion des espaces (individuels, semi-individuels, intermédiaires, collectifs, résidentiels) et des dispositifs socio-spatiaux particuliers (accès, escaliers, traitement des seuils, emplacements pour la voiture…). Cette profusion constitue une opportunité formidable pour les habitants, de par les jeux subtils d’usage, de pratiques, d’appropriation qu’elle permet.

Autre enseignement : l’articulation de ces espaces entre eux est fondamentale. Par exemple, le lien entre un jardin privatif et la rue, les espaces collectifs, les autres jardins... Le dysfonctionnement entre les espaces peut générer un sentiment "d’intrusion" qui empêche d’investir son habitat.

Un dialogue entre espaces intérieurs et extérieurs

Supports de développement d’usages et d’individuation dans différents sites

Très nettement, l’appropriation du logement passe par le rapport avec l’espace extérieur qui lui est associé (terrasse, jardin). Quand celui-ci, pour différentes raisons, ne peut pas être utilisé, l’investissement est altéré. A l’inverse, plus les pratiques sont développées et variées (embellissement, jardinage, jeux d’enfants, vie relationnelle…), plus l’investissement est important.

L’analyse ne fait pas apparaître d’opposition fondamentale entre la dimension "individuelle" et la dimension "collective" ou "partagée" de l’habitat. Au contraire. Les sites les mieux investis sont ceux où l’on note un "étagement" d’espaces qui assure une transition entre la sphère privée et la sphère résidentielle. Les espaces d’intimité s’articulent avec ceux qui permettent des rencontres souhaitées ou fortuites. Tout l’enjeu est là : favoriser à la fois l’intimité et les interactions sociales, sans créer ni enfermement, ni sentiment de promiscuité.

Une troisième voie entre individuel et collectif

Exemples d’espaces extérieurs choisis dans différents sites, posant des problèmes de configuration et entravant la capacité d’intimisation de cet espace

Les chercheurs du CSTB ont tiré plusieurs enseignements de leurs analyses. Le premier est que la qualité fondamentale de l’habitat individuel dense réside dans les possibilités d’individuation1 qu’il donne. Ce qui permettrait de sortir de l’opposition habitat individuel/habitat collectif pour esquisser une troisième voie qui cumulerait les avantages des deux autres. Selon le constat de l’étude, les opérations HID peuvent effectivement contribuer à de nombreuses opérations d’aménagement comme la restructuration urbaine, à la densification d’îlots, à la requalification d’une friche urbaine ou bien s’intégrer dans des programmes d’extension urbaine. Elles permettent également de diversifier le patrimoine des bailleurs, l’offre d’habitat et les formes d’habitat dans ces différents tissus urbains. Elles paraissent particulièrement adaptées à la densification de tissus urbains intermédiaires de densité moyenne (40 à 60 logements/ha) situés entre le centre et la périphérie.

 

 

La coopération avec les bailleurs sociaux

Les chercheurs sociologues du CSTB ont mis en perspective :

  • Une analyse socio-urbaine menée dans 12 opérations d’habitat individuel dense, visant à identifier les différents éléments qui composent l’habitat et son environnement, ainsi que leurs modes de conception et d’agencement.
  • Une analyse des modes d’habiter (types d’investissement des habitants dans leur habitat) dans sept de ces sites.

La recherche a été conduite en coopération avec les bailleurs sociaux concernés. Ceux-ci souhaitaient en dégager des enseignements pour la programmation de leurs futures opérations.

1  Qualité donnée par la conception permettant de "personnaliser" son habitat (aménagements, plantations, etc.), de se trouver ainsi valorisé par la contribution à la fabrication d’un paysage collectif, ce qui renforce son propre investissement dans l’habitat.