L’Ecohome, prototype de la maison du futur, à l’exposition universelle de Shanghai
Quelque 200 nations et organisations internationales ont rivalisé de créativité pour concevoir des bâtiments d’un genre nouveau pour l’exposition universelle de Shanghai qui se déroulera du 1er mai au 31 octobre 2010. Parmi eux, la maison Ecohome se distingue. Véritable condensé d’innovations appliquées au bâtiment et aux modes de vie chinois, elle se situera dans la zone des meilleures pratiques urbaines et représentera la municipalité de Shanghai.
Construite par le SRIBS (Shanghai Research Institute of Building Sciences), elle se veut un prototype de la maison durable du futur, destiné à être répliqué dans toute la Chine après l’exposition. Située dans la zone des meilleures pratiques urbaines de l’exposition, elle présente de manière ludique et instructive les méthodes et systèmes écologiques les plus performants. L’architecture extérieure du bâtiment utilise et démontre les nouvelles technologies passives et actives d’économie d’énergie (éoliennes, grandes baies vitrées notamment), tout en gardant des détails de l’architecture traditionnelle chinoise et shanghaienne. On pourra y trouver une porte venant du quartier shanghaien de Xintiandi et des ouvertures aux décors inspirés des fenêtres traditionnelles chinoises.
Future maison type en Chine ?
L’Ecohome a été conçue pour durer et servir de modèle aux futurs développements immobiliers en Chine, voire au-delà. Elle présente les technologies innovantes permettant de réduire la consommation d’énergie et de ressources, de même que celles correspondant au confort futur. Le SRIBS a fait appel aux entreprises chinoises et étrangères les plus innovantes pour faire de ce bâtiment une référence.
Le CSTB, qui travaille maintenant depuis de nombreuses années avec le SRIBS, a partagé son expertise scientifique et technique pour évaluer les performances environnementales du bâtiment. La coopération a porté sur l’évaluation de la performance énergétique, la qualité de la ventilation intérieure et l’environnement acoustique. L’accent a également été mis sur l’adéquation de l’éclairage aux besoins et sur l’utilisation de la réalité virtuelle dans le suivi et le contrôle des consommations du bâtiment.
Ainsi, le CSTB a-t-il organisé plusieurs ateliers avec le SRIBS et les entreprises françaises partenaires du projet pour présenter et initier les participants à ces méthodes pionnières d’assistance. Les entreprises françaises ont ainsi proposé leurs produits et systèmes les plus innovants en termes de réduction de consommation d’énergie et de qualité de l’espace intérieur. Cinq entreprises françaises ont d’ailleurs été choisies par le SRIBS pour installer leurs produits dans l’Ecohome et en assurer la maintenance durant toute l’exposition.
Les entreprises françaises sont les plus nombreuses à s’être investies dans ce projet. Quant aux entreprises d’autres nationalités, Philips est le plus grand sponsor, avec un investissement de 1 M€. Il a fourni un éclairage LED, une télévision 3D sans lunettes, ainsi qu’un lit capable de mesurer la pression artérielle.
Pour autant, l’Ecohome n’a pas été conçu comme un site commercial mais plutôt comme un lieu d’expérimentation et de découvertes pour le visiteur. De nombreuses surprises et animations rythmeront la visite et de nombreuses conférences seront organisées durant les six mois de l’exposition. L’Ecohome sera un lieu d’apprentissage et de découvertes jusqu’à la fin de l'exposition, mais surtout un exemple à suivre pour les constructions à venir.
Quels apports des industriels français ?
- Gestion intégrée
Schneider Electric est chargé des technologies intelligentes du bâtiment. Il a conçu et installé le contrôle informatique de la construction entière, ce qui permet une intégration et un accès à toutes les informations concernant le bâtiment. Cette technologie mesure la consommation de ressources pour chaque usage. Il sera ainsi possible de savoir combien d’électricité l’ascenseur ou la télévision utilise et combien d’eau est tirée à chaque robinet, par jour ou par semaine. Schneider assurera la maintenance de ce système innovant pendant toute la durée de l’exposition universelle, ce qui constitue un incroyable défi.
- Isolation
Saint-Gobain Weber a contribué à isoler les murs grâce à l’emploi d’un nouveau mortier isolant. Ce système d’isolation externe de la façade consiste à poser deux panneaux à l’extérieur des murs et deux couches d’enduits décoratifs directement sur les panneaux. Ce qui permet de conserver une température agréable été comme hiver et de réduire le besoin de recourir à du chauffage ou à de la climatisation artificielle. Ce mortier empêche la formation de condensation et prévient le risque d’humidité et de moisissures dans les murs, problème récurrent dans la région humide qu’est Shanghai.
Saint-Gobain Glass a fourni des vitres qui isolent de la chaleur tout en assurant un fort taux de pénétration de la lumière. Ces vitrages ont aussi la meilleure performance d’isolation thermique et participent ainsi à la création d’un environnement bas-carbone.
- Protection solaire et fermetures
Glen Raven a participé au système d’ombrage du bâtiment par l’installation de nouveaux stores (un tissu de protection solaire amélioré). Ces stores agissent comme des filtres thermiques en réfléchissant ou absorbant l’énergie solaire. Ils permettent à la pièce de rester fraîche en été grâce au contrôle des rayons solaires qu’ils reçoivent et chaude en hiver en empêchant la chaleur de sortir. De plus, ils permettent d’atténuer une trop grande luminosité et de diffuser la lumière de manière harmonieuse.
Somfy a fourni les moteurs et moyens de contrôle permettant au bâtiment de tirer parti des éléments naturels et des énergies à travers son enveloppe. Les protections solaires et fenêtre sont mises en mouvement et placées dans la position adéquate pour créer, tout en économisant le maximum d’énergie, un environnement intérieur sain, confortable et pratique.
- Confort intérieur
Lafarge a mis en place un système de plaque de gypse pour les cloisons et le plafond de l’Ecohome, parfaits pour créer un milieu de vie confortable. Le ciment et l’argile traditionnels ont été remplacés par des cloisons en gypse de 123 mm. Plus fins que des murs en ciment (150 mm -200 mm), ces cloisons en gypse offrent aussi une isolation acoustique et thermique bien meilleure. Les plaques de gypse ont une conductivité thermique très basse. De plus, celles utilisées dans l’Ecohome ont été fabriquées à partir de gypse synthétique, un produit dérivé de la désulfurisation de gaz dans les usines de production d’électricité, et non à partir de gypse naturel, ce qui contribue à réduire la consommation de ressources non renouvelables.
Projet écovilles chinoises et bâtiments durables
Le projet écovilles chinoises et bâtiments durables du futur est dirigé par le CSTB grâce à un financement FASEP (fond d’aide et d’étude au secteur privé délivré par la DGTPE du ministère des affaires économiques). Il s’inscrit dans le cadre de l'accord DUD signé en 2007 par le MEEDDM et son homologue Chinois, le MOHURD. Il a pour but de créer des synergies entre les entreprises françaises innovantes du bâtiment et des services urbains pour proposer une offre globale française de bâtiments et de villes durables. Le CSTB apporte son expertise scientifique et technique pour développer des concepts et lignes d’action capables d’appuyer l’offre intégrée de services et de produits industriels.
Le projet a fait l’objet d’une coopération entre le CSTB et le SRIBS, Shanghai Research Institute of Building Sciences, organisme partenaire du CSTB à Shanghai.
Un atelier de conception urbaine a de même été organisé en mars 2009, avec la participation d’une dizaine d’entreprises françaises et de 80 urbanistes et ingénieurs du monde entier, en partenariat avec les Ateliers de Cergy Pontoise, l’université de Tongji, l’Ecole des Mines de Paris et l’Université de Cornell (USA). Celui-ci a débouché sur une série de propositions pour le développement d’une des écovilles choisies par le gouvernement chinois : Hulu Dao dans la province du Liaoning.
Le projet CSTB Ecovilles Chinoises et Bâtiments Durables du Futur s’achèvera vers la fin de l’année 2010 par un second atelier d’urbanisme (probablement dans la région de Shanghai) et par la publication d’un livre sur le développement urbain à l’échelle du quartier et de la ville qui complètera le Sustainable Design Handbook China publié en 2006 et qui portait sur le bâtiment durable. Le CSTB sera présent en Chine pendant l’Exposition Universelle 2010 à l’occasion de différentes conférences organisées dans le pavillon de la France, dans celui de la municipalité de Shanghai ou encore dans celui de la région Rhône Alpes.
