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La tour PB12 en ses nouveaux habits

Après la réhabilitation dans le même quartier de la Défense de la Tour Nobel PB 31 conçue par le triumvirat d'architectes Prouvé, Demailly et Debusset, les architectes Denis Valode et Jean Pistre se sont attelés à rénover une tour beaucoup moins emblématique, celle connue sous le nom de « tour du Crédit Lyonnais » ou « Tour PB12 » imaginée dans les années 70 (en 1972 plus exactement) par Dubuisson et Jausserand. Sans forte valeur architecturale ajoutée même si techniquement novatrice (voir le complexe travail de reprise des efforts en noyau central), cet immeuble de bureaux érigé sur le parvis de la Défense retrouve aujourd'hui une seconde jeunesse.

Une façade entièrement réhabillée

Les travaux de réhabilitation de la tour consiste à réaliser une extension en déplaçant le nez de dalle, augmentant ainsi les surfaces de plancher de quelque 70 cm, de retravailler les circulations pour permettre notamment le passage des câbles inhérent à toute exploitation moderne, et enfin de repenser l'accès au parvis afin de mieux relier la tour à l'espace public duquel elle était quelque peu exclue.

L'ancienne façade consistait en des éléments porteurs formés par des poteaux de béton armé équidistants de 1,48m coulés dans des coques préfabriquées en béton moulé de basalte dont la couleur noire s'accordait avec les menuiseries en aluminium noir et les surfaces vitrées en polyglas bronze et glace émaillée brun foncé. Cette façade très sombre, marque de fabrique de l'ouvrage, a été entièrement déposée pour un nouvel habillage : un mur rideau en verre extérieur collé (VEC) vitré toute hauteur côté parvis Défense qui vient dialoguer avec un mur rideau en verre extérieur parclosé (VEP) côté Puteaux.

Ces murs rideaux sont la véritable carte de visite d'un immeuble haut de 26 étages sur rez-de-chaussée et six niveaux de sous sol. La demande d'ATEx par la société Ouest Alu porte ainsi sur deux façades non conventionnelles au niveau de la technique de la respiration et de la technique de collage du vitrage, et des ruptures de pont thermique.

Deux façades respirantes objet d'un seul dépôt d'ATEx

Côté parvis (façade nord et façades ouest et est jusqu'aux redans), il s'agit d'une façade en mur-rideau de 7760 m² à vitrages respirants toute hauteur en verre extérieur collé. Côté Puteaux (façade sud et ouest et est jusqu'aux redans), la façade consiste en un mur rideau à vitrages respirants en verre extérieur parclosé sur alléges en tôles inox en extérieur et acier laqué en intérieur (2700 m² de vitrage pour la partie vision, pour 1850m² de tôle inox pour la partie allège).

Les vitrages extérieurs de la façade parvis sont de la hauteur d'un étage (soit 3,11 mètres entre niveaux de plancher sauf pour le premier élément à 4,15 m au ras du parvis), et sont collés sur les cadres suivant le principe du VEC, le collage venant reprendre les efforts de vent. La reprise du poids est réalisée par des cales d'assise. En cas de défaillance du collage, le dispositif de retenue du vitrage est assuré par des pattes disposée sur la traverse basse et partie haute des montants. Pour les deux façades, un store vénitien électrique est inséré dans la lame d'air comprise entre les deux vitrages.

Problématique forte de la résistance à l'incendie

Afin de se conformer au C+D (c'est à dire disposer d'une hauteur de 1,20 m de matière résistante au feu entre deux baies), la façade parvis développe deux parties de composition différentes. La partie inférieure est constituée d'une tôle en acier galvanisé d'épaisseur 1,5 mm protégée de l'extérieur (côté façade) d'une couche de laine de roche de 90 mm, et de l'intérieur, d'une couche de laine de roche de 30 mm. La seconde partie du C+D exigé est constituée d'un vitrage feuilleté recuit avec une couche pyrolytique à basse émissivité.

Ce vitrage recuit, en supprimant les déformations susceptibles d'apparaître avec un vitrage trempé, permet notamment une réflexion à l'identique de l'immeuble Cœur défense, un souhait exprimé par la maîtrise d'œuvre. La tenue du vitrage est assurée à l'aide d'une structure en acier insérée dans les montants et les traverses en aluminium. Cette structure est constituée de différents profilés de renfort qui contribuent à satisfaire les exigences du C+D. La tenue sur les planchers en béton des deux parties formant le C+D est assurée par l'intermédiaire d'un support d'attache en acier. Pour la façade Puteaux, le C+D est assuré par une allège et une retombée au dessous du plafond en tôle acier d'épaisseur 1,5mm. Cette tôle est protégée de l'extérieur par une couche de laine de roche de 90 mm d'épaisseur. La tôle allège en partie haute est fixée sur la traverse du cadre du vitrage. La fixation sur le plancher de l'ensemble assurant le C+D est identique à celui de la façade Parvis.

Des morceaux de blocs façade testés au CSTB

La façade côté parvis vient donc jouer en contraste avec la tour Nobel mais aussi avec des ouvrages plus récents tels que le complexe Cœur Défense de Jean-Paul Viguier situé juste en face. Ces ouvrages comportent en effet une façade où les allèges épaisses sont en partie disposées en retrait du vitrage, contrairement au parti pris de la tour PB12 qui elle, mise sur la disparition des allèges dans son doublé de façades respirantes. L'aspect vitrage total sur la façade parvis est assuré par la disparition derrière le complexe vitré du C+D, normalement assuré par des allèges qui justement se laissent voir.

L'empilement des blocs de verre de dimensions 3,11 X 1,48 m s'effectue de bas en haut, avec des accroches sur les nez de plancher béton, accroches elles mêmes objet de la demande d'ATEx. Le système de réglage dans les trois directions permet ainsi d'obtenir un axe parfait assurant l'emboîtement des blocs. Ces éléments verriers de 360 kg l'unité, assemblés en usine, ont fait l'objet de tests AEV (air-eau-vent) au CSTB.

Pour les façades parvis et Puteaux, deux ensembles constitués de deux trames auront été reconstitués, avec tous les systèmes d'attaches correspondants. Pour la Tour BP 12, 1600 cadres côté parvis et 1200 côté Puteaux auront été mis en œuvre, à la avec des palonniers à ventouse et à la cadence quotidienne de 20 unités. Débutée en septembre 2003, la pose devrait s'achever mi-mars 2004, pour un lot façade de 9 millions d'euros HT fourniture et pose. L'ouvrage pour sa part pourra reprendre une exploitation normale dès la fin du mois de juillet 2004.