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RENOPTIM : Rénover pour améliorer le confort d’été dans les logements collectifs

Entretien avec Charles Pelé, adjoint au chef de la division Simulation et Accompagnement pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, direction Énergie-Environnement, et Stéphanie Derouineau, directrice Énergie-Environnement, CSTB

En matière de rénovation et de confort d’été, quelle réponse apporte le projet RENOPTIM ?

Charles Pelé : RENOPTIM vise, en France métropolitaine, à améliorer et à maintenir le confort des logements collectifs du parc privé ou social en période de forte chaleur, tout en réduisant les consommations énergétiques des occupants. Issu du programme PROFEEL, ce projet, d’une durée de quatre ans, a démarré en 2022. Il est copiloté par le CSTB et l'Union Sociale pour l'Habitat (USH). Il recouvre plusieurs actions, dont la mise à disposition des bailleurs d’informations sur les solutions technologiques performantes à mettre en œuvre lors d’une rénovation. Celles-ci concernent les modes constructifs, des équipements de ventilation ou de climatisation (brise-soleil, persiennes, ventilateurs de plafond, systèmes de rafraîchissement) ou des solutions végétalisées. Elles ont notamment vocation à éviter le recours aux climatisations mobiles, peu efficaces et énergivores, mais très fréquentes dans les logements collectifs, davantage exposés aux îlots de chaleur urbains et aux nuisances sonores, limitant le recours à la ventilation naturelle. Des industriels porteurs de solutions ont été sollicités pour cette action et, dans le cadre d’une expérimentation, trois ont été retenus pour tester leurs solutions in situ (gestion optimisée et automatisée de volets roulants, rafraîchissement adiabatique indirect, mur végétalisé). Ces dispositifs ont été mis en œuvre dans des appartements témoins afin de comparer leurs performances avec celles de logements identiques non équipés.

En parallèle, nous développons des applicatifs numériques d’aide au calcul du confort thermique et de la performance énergétique, et des outils d’aide à la décision pour les bailleurs afin qu’ils puissent opter pour une solution technique ou un bouquet de solutions adapté à la typologie et aux caractéristiques spécifiques de leurs bâtiments. Par l’intermédiaire de RENOPTIM, nous allons aussi diffuser différents types de livrables (fiches de solutions technologiques et vidéos pédagogiques sur les écogestes) destinés aux gestionnaires de parcs et, par extension, aux occupants des logements. Des informations et des conseils sur les écogestes à adopter en cas de canicule, la ventilation naturelle, les bons réflexes pour évacuer la chaleur de son logement, la gestion des solutions techniques pour maîtriser au mieux le confort intérieur et les consommations d’énergie, incluant le respect de la température de consigne (26 °C) d’une climatisation, y seront notamment communiqués.

Un volet expérimental à forte dimension psycho-sociologique complète ce dispositif…

Stéphanie Derouineau : Absolument. Son ampleur est d’ailleurs inédite, puisqu’il concerne 76 logements situés dans trois régions différentes (parisienne, bordelaise, Marseille-Alès). Historiquement, la notion de confort d’été est liée à la température intérieure, et seule la mesure physique était prise en compte pour définir les zones de confort. Or, nous n’avons pas tous la même tolérance en matière de confort thermique ni la même capacité d’adaptation aux fortes chaleurs. C’est là qu’intervient la notion de ressenti qui s’appuie sur le profil physiologique de chacun. Innovant, le projet RENOPTIM repose ainsi sur trois types de mesures :

  • les mesures physiques – température, humidité, luminosité, ventilation et consommation d’énergie – effectuées via des capteurs installés dans les logements et sur les compteurs électriques ;
  • les mesures physiologiques – température cutanée et rythme cardiaque – enregistrées via des thermo-boutons collés sur la peau des occupants et une montre connectée* ;
  • la mesure du ressenti, effectuée par le biais d’un questionnaire auquel les locataires répondent trois fois par jour pendant quatre mois via une box connectée.

*Méthode PULSE développée par le CSTB

Cette phrase expérimentale du projet s’est déroulée durant l’été 2023. En cours, l’analyse combinée de ses résultats devrait conduire au développement d’un indicateur de confort et renforcer celui introduit dans la Base de données nationale des bâtiments (BDNB). Ces travaux rejoignent également ceux d’Icare, un projet partenarial entre le CSTB et EDF. Basé sur une approche plus statistique et prospective, celui-ci a pour objectif de caractériser le confort thermique à l’intérieur des bâtiments à horizon 2030 et 2050, et d’évaluer les différentes solutions, passives et actives, au regard des niveaux de confort atteints.

Quels bénéfices RENOPTIM apporte-t-il aux bailleurs ?

Les résultats de cette expérimentation nous permettront d’améliorer les outils de calcul et d’aide à la décision à destination des bailleurs, qui seront non seulement basés sur les descriptions techniques des bâtiments et les caractéristiques des logements, mais aussi sur le ressenti des occupants. La compréhension de ce ressenti et la connaissance des habitudes des résidents pour s’adapter à la canicule sont essentielles pour apporter les solutions techniques adéquates et, ainsi, faire diminuer la consommation d’électricité. Les bailleurs sont parties prenantes de ce projet, car ils doivent garantir des conditions de confort à leurs locataires, d’autant que des dépenses d’énergie trop importantes augmentent les risques de loyer impayé. Ils sont sollicités aux différentes étapes et fortement impliqués dans l’élaboration des outils. Améliorer le confort d’été par la rénovation, c’est aussi valoriser un patrimoine immobilier et répondre aux objectifs de décarbonation de la filière bâtiment. Un autre projet de recherche en cours vise d’ailleurs une approche intégrée permettant de coupler rénovation, trajectoire carbone et adaptation au changement climatique à l’échelle du parc.