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Économie circulaire : le bâtiment entre dans la ronde

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Limiter la ponction sur les ressources naturelles, réduire les déchets, augmenter la durée de vie des produits, décarboner la filière de la construction et valoriser les compétences locales font partie des enjeux de l'économie circulaire. Principaux leviers à activer pour y répondre, l'éco-conception, le réemploi et le recyclage se mettent en ordre de marche. Le CSTB s'emploie à développer des solutions pour massifier ces pratiques et accompagner tous les acteurs impliqués dans l'acte de construire.

Le secteur du bâtiment est l'un des plus gros consommateurs de ressources et d'énergie, un important émetteur de gaz à effet de serre, mais aussi un gros producteur de déchets. Il en génère chaque année 46 millions de tonnes, dont près de 90 % sont issus de la déconstruction et de la rénovation.

Dans ce contexte, il est nécessaire de généraliser l'économie circulaire qui repose sur la réduction de la consommation des matières premières et du coût de leur transport avec un approvisionnement local, l'éco-conception des produits et des ouvrages, le réemploi des produits en fin de vie et le recyclage des déchets, désormais considérés comme des ressources. Encouragée par les récentes évolutions réglementaires, la mise en œuvre de ces pratiques implique cependant la levée de certains freins (techniques, normatifs, assurantiels, économiques), la connaissance des flux de matières et des gisements ainsi que la mobilisation de tous les acteurs de la filière.

Évolutions réglementaires

Depuis l'entrée en vigueur de la RE2020, le réemploi est fortement encouragé, les matériaux réemployés n'étant pas intégrés dans le calcul de l'impact carbone. Dans le même temps, la loi AGEC a fait évoluer le diagnostic Déchets en diagnostic Produits, Equipements, Matériaux, Déchets (PEMD) qui devient le véritable point de départ d'une stratégie de valorisation de la matière. La plateforme PEMD associée, développée par le CSTB, facilitera la mise en visibilité des gisements puis permettra le récolement en fin de chantier par les maîtres d'ouvrage. Également portée par la loi AGEC, la filière REP a été étendue aux produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB) le 1er janvier 2023, en vue d'améliorer la collecte, le tri et la valorisation des déchets. Ces dispositifs réglementaires nationaux s'accompagnent également d'initiatives locales et s'inscrivent dans un contexte européen dynamique, où la France peut jouer le rôle de fer de lance.

Les enjeux du développement du réemploi et du recyclage

Le développement de ces pratiques jusqu'ici embryonnaires fait face à des nombreux enjeux. Pour le réemploi, il s'agit principalement de préciser le rôle et les responsabilités de chaque partie prenante de cette nouvelle chaîne d'acteurs en cours de structuration. La pérennité des modèles économiques est essentielle et reposera certainement sur une forme de massification des process de reconditionnement. Le recyclage repose sur le développement de nouvelles filières, plus complexes, pour limiter la production de déchets tout en offrant une matière recyclée de qualité constante, économiquement compétitive et répondant aux exigences de performance des futurs produits qui l'intégreront. Dans ce contexte, l'innocuité sanitaire des produits réemployés ou recyclés doit aussi être renforcée pour valoriser l'ensemble des bénéfices de l'économie circulaire.

Montée en puissance de l'éco-conception

Face à l'intérêt croissant des maîtres d'ouvrage pour l'économie circulaire et à la nécessité d'anticiper pour sécuriser les futures filières de valorisation, le CSTB renforce ses actions autour de l'éco-conception. Cela passe par l'accompagnement à l'innovation et les activités d'évaluation qui attestent de la performance des produits intégrant des matières recyclées, biosourcées et géosourcées ou issus du réemploi. La certification QB34 sécurise notamment les performances des produits intégrant des matières plastiques recyclées dans les profilés de fenêtres en PVC. La réalisation de guides méthodologiques partagés et reconnus par les assureurs et les bureaux de contrôle facilite également le réemploi. Enfin, Ecoscale, la nouvelle évaluation environnementale de la circularité des produits et équipements proposée par le CSTB, permet aux industriels de valoriser des performances objectivées par une tierce partie indépendante et reposant sur de solides bases scientifiques. Elle permet également aux maîtres d'ouvrage et prescripteurs d'intégrer davantage ces enjeux dans leurs projets.