Établissement public au service de l’innovation dans le bâtiment,
le CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, exerce cinq activités clés - la recherche et expertise, l’évaluation, la certification, les essais et la diffusion des connaissances - organisées pour répondre aux enjeux des transitions environnementale, énergétique et numérique dans le monde de la construction.

ÉDITORIAL




Étienne Crépon

PRÉSIDENT DU CSTB

Comme la plupart des grands secteurs d’activité et, s’inscrivant dans une dynamique globale en France favorable à la nouveauté, le domaine de la construction connait aujourd’hui un développement fort de l’innovation. Elle est le fait de tous : des industriels qui conçoivent de nouveaux produits et procédés, mais aussi des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre qui s’approprient un produit innovant, décident de changer leur process de travail ou de déroger aux normes et aux règles comme le permet désormais la loi qui offre la possibilité d’en sortir et de proposer des solutions alternatives aux stricts respects des obligations règlementaires.

Les cinq déterminants de l’innovation

Au CSTB, nous nous sommes demandé quels étaient les grands moteurs de l’innovation dans la construction.
À notre sens, il en existe cinq.

Le premier est la transition environnementale, qui va bien au-delà de la seule question énergétique : elle intègre la question du carbone, les enjeux sanitaires… Les aménageurs, les maîtres d’ouvrage s’ouvrent à de nouveaux sujets environnementaux : la gestion et l’économie de l’eau et des déchets, la prise en compte de l’économie circulaire, la protection de la biodiversité.

Le second moteur de l’innovation est la révolution numérique. La filière de la construction se saisit des outils numériques dont elle découvre progressivement toutes les potentialités… et tous les risques.

Un troisième facteur est l’exigence de plus en plus forte des usagers finaux pour une performance réelle des bâtiments, des quartiers et des villes, qui soit conforme à la promesse qui leur a été faite. La simple réponse normative ne suffit plus. Ce mouvement de fond aura des impacts lourds pour toute la filière de la production immobilière et l’obligera à une exigence de résultats. Cette exigence de qualité amène la filière à changer ses process.

Un autre mouvement, lié aux précédents, est le développement de l’industrialisation de parties d’ouvrage assemblées en usine, pour constituer un système dont la qualité et les performances seront vérifiées sur place, avant livraison sur le site de construction. Longtemps réservés à des niches industrielles, de tels systèmes qui se développent notamment grâce aux outils numériques, permettent de réduire les temps de chantiers et le risque de malfaçons.

Enfin, l’énorme mouvement de la rénovation du parc de bâtiments existants, qui constitue une priorité du fait de la politique de transition environnementale, est un fort moteur d’innovation. Des produits de construction sont désormais conçus spécialement pour ce marché.

Défricher en amont des besoins

Le CSTB a poursuivi en 2018 son adaptation pour toujours mieux accompagner les pouvoirs publics et les acteurs du bâtiment et de la ville. Au travers de ses travaux de recherche, il explore de nouveaux sujets et continue d’approfondir les thèmes récurrents. Ainsi, ses travaux sur l’amiante l’ont conduit à mettre au point des outils de prélèvement des échantillons et de mesure de la présence d’amiante dans les bâtiments, ainsi que des dispositifs de confinement des poussières.

Sur le thème de l’économie circulaire, le CSTB a entrepris des travaux de recherche pour déterminer comment recycler, au sein de produits de construction, des PVC datant de plusieurs dizaines d’années et donc susceptibles de contenir des matériaux aujourd’hui interdits comme du plomb ou du cadmium, stabilisants auparavant utilisés pour ce matériau.

Le CSTB est également accélérateur de l’innovation s’agissant de confort lorsqu’il développe la méthode Pulse, qui permet d’évaluer les qualités sensorielles d'un produit ou d'un lieu et de contribuer ainsi au bien-être des usagers. Pulse a convaincu des acteurs aussi variés que ses champs d’application : collectivités territoriales sur le goût de l’eau, fabricants de cosmétiques pour tester les effets de crèmes de soins au toucher, équipementiers de véhicules pour le confort dans l’habitacle…

Accompagner les projets

Le CSTB accompagne les acteurs de l’innovation dans le domaine de la maquette numérique pour que les professionnels se saisissent des outils et constituent leur propre environnement numérique avec leurs partenaires. Des partenariats de recherche ont ainsi été signés avec des aménageurs et des gestionnaires de parc immobilier, comme le ministère de la Défense ou les bailleurs sociaux CDC Habitat et RIVP.
Avec ces derniers il s’agit de mener des recherches sur l’utilisation du BIM dans toutes les actions de suivi de conception, construction, rénovation et exploitation des immeubles de logements.

Le CSTB soutient également les start-up en entretenant en permanence un vivier d’une quinzaine de jeunes pousses innovantes au sein du CSTB’Lab. D’abord généraliste et tout naturellement essentiellement tourné vers le numérique en 2017, l’année de son lancement, le CSTB’Lab thématise ses nouveaux appels à candidatures sur la rénovation, la qualité de l’air intérieur… C’est un moyen de faire émerger des écosystèmes cohérents au sein de CSTB’Lab et en lien avec les principaux enjeux de la construction et de la ville durables.

Élaborer des outils

Le CSTB poursuit également des projets où il est lui-même créateur d’innovation. Dans le domaine de la santé et du confort, le procédé Bioguess de détection des moisissures, des mérules et des insectes xylophages, mis au point par le CSTB, a fait l’objet de partenariats avec une vingtaine de bailleurs.

Afin de répondre aux exigences de qualité des usagers finaux, le CSTB développe et enrichit ses référentiels de certification rendus également plus lisibles. C’est le cas avec une démarche d’usage pour la certification Acermi des isolants, développée par le CSTB et le LNE. De même, le nouveau classement ECAU complètement remanié constitue une aide au choix des équipements sanitaires, notamment des robinets, en fonction de leur usage. Il aboutira mi-2019 et accompagnera les maîtres d’ouvrage et les particuliers dans leurs choix adaptés à leurs besoins.

Quant à OsmoZ, certification de la qualité de vie au travail développée par Certivéa pour les immeubles de bureaux, elle intéresse déjà des entreprises du CAC 40 et des collectivités locales qui font évoluer leur organisation et leurs services.

Enfin, la formation sur mesure intra entreprise se développe pour accompagner les clients du CSTB. Il a par exemple été choisi par la société du Grand Paris pour co-animer le Club BIM de la Communauté du Grand Paris Express, ce projet de très grande ampleur suggère le partage des maquettes numériques sur une plateforme collaborative en réseau. La Société du Grand Paris propose l'utilisation de la plateforme KROQI et le CSTB dispense donc une campagne de formations à l'outil de très grande ampleur, au regard de la multiplicité des intervenants.

Ces avancées et évolutions du CSTB au service de l’ensemble de ses clients et partenaires ont été réalisées grâce à la compétence et à l’implication de toutes les équipes, que je remercie. Les chercheurs, ingénieurs, techniciens, personnels administratifs, et l’ensemble des collaborateurs du CSTB mettent leurs compétences au service de l’accompagnement de la filière construction.

LA PAROLE À ...

« Une offre pluridisciplinaire pour accompagner les acteurs internationaux. »

Sylvie Ravalet,

Directrice générale déléguée, Directrice générale adjointe, en charge de la Stratégie Finances et International

« Contribuer à la réalisation des bâtiments et des quartiers pour bien vivre ensemble. »


Hervé Charrue,

Directeur général adjoint en charge de la Recherche et du Développement

« Améliorer les savoirs et pratiques pour assurer la stabilité et la résistance des bâtiments. »

Charles Baloche,

Directeur général adjoint en charge des Activités Technologiques

Sylvie Ravalet,

Directrice générale déléguée,
Directrice générale adjointe, en charge de la Stratégie Finances et International

Quelle place le CSTB occupe-t-il à l’international dans la recherche sur la construction?

L’environnement, le numérique ou la rénovation sont des enjeux à l’échelle internationale. Au-delà des frontières de l’Hexagone, le CSTB met à profit ses connaissances pluridisciplinaires sur le bâtiment et la ville pour nouer des partenariats de recherche avec des acteurs industriels et académiques de toute l'Europe. Un grand nombre de ces projets collaboratifs est soutenu par la Commission Européenne, en particulier via son programme Horizon 2020 (2014-2020). Dans le domaine du numérique qui connaît une accélération sans précédent, les besoins d’appropriation des outils par les professionnels sont de plus en plus prégnants. Parmi nos partenariats de recherche et développement européens, notons BIMSPEED qui vise à développer une combinaison de méthodologies et d'outils reposant sur une source d'informations centrale : le Building Information Model (BIM), une représentation numérique d'un bâtiment. BIM4REN est un autre projet financé par Horizon 2020 qui implique 23 partenaires de 10 pays pour développer l'exploitation du potentiel BIM dans la rénovation énergétique des bâtiments existants. Sur l’autre enjeu majeur que constitue l’environnement, nous participons au projet de recherche européen Groof portant sur la lutte contre le réchauffement climatique et l’effet de serre. Par ailleurs, le CSTB signe des accords de partenariat bilatéraux avec ses homologues européens et internationaux sur des thématiques de recherche spécifiques comme la sécurité incendie.

Comment le CSTB exporte-t-il ses compétences et son expertise sur les grands projets?

Le CSTB développe une offre pluridisciplinaire pour accompagner les acteurs internationaux dans leurs projets. Il s’appuie sur ses équipements d’essais de pointe comme la soufflerie climatique Jules Verne, sans équivalent dans le monde. Récemment modernisée, elle répond aux attentes des acteurs de secteurs aussi variés que l’automobile, l’environnement, les énergies renouvelables, la construction dans toute l’Europe, voire au-delà. Notre expertise en matière de stratégies urbaines embrasse de multiples disciplines telles que l’environnement, la qualité de l’air et de l’eau, l’économie circulaire, la mobilité. Elle nous a permis de mener le projet de recherche éco-cités franco-chinoises, qui a débouché sur le lancement de 5 projets de villes en 2018 et 3 autres en 2019. En 2018, nous avons également accompagné des clients internationaux par de l’expertise et des essais pour des grands ouvrages : des tours à Birmingham et à Leeds, des tunnels sous le canal de Suez en Egypte, un hôpital à Monaco en ingénierie de sécurité incendie… Le CSTB est par ailleurs présent et fait connaître ses compétences dans le cadre de nombreux événements internationaux. Il a ainsi pris une part active dans le quarantième symposium IABSE (International Association for Bridge and Structural Engineering) organisé en septembre 2018 à Nantes sur le thème « Mégastructures de demain ». Dans un champ très différent, nous avons valorisé en 2018 notre nouveau laboratoire PULSE, qui réalise un diagnostic scientifique innovant des sensations perçues par les usagers. Le colloque Eurosense, dédié à la recherche et l'innovation sur la perception sensorielle et la relation avec le consommateur, a constitué un cadre tout à fait adapté pour faire connaitre PULSE. Enfin, le CSTB partage son savoir et son expertise pour mettre en place des équipements d’essais chez ses partenaires internationaux, comme le laboratoire incendie-résistance au feu installé au CTIBA (Maroc). Nous avons également accompagné ce partenaire dans la montée en compétences de ses équipes.

Quelle place la certification occupe-t-elle dans vos activités internationales?

Le groupe CSTB exporte la certification environnementale des bâtiments HQE via sa filiale Cerway. En 2018, plusieurs audits de réalisation ont porté sur des projets internationaux d’envergure : au Maroc dans le domaine du tertiaire, pour le siège régional d’une banque et dans des bâtiments destinés à l’enseignement comme au Vietnam, ou encore en Pologne pour un ensemble résidentiel. Par ailleurs, 4 projets ont été certifiés par Cerway, pour la première fois, sur la conception en Algérie, au Maroc et en Colombie. 2018 est aussi l’année de la signature d’accords avec notre partenaire espagnol Tecnalia qui a adopté la certification HQE. Dans une approche transversale et de manière à harmoniser les certifications environnementales des projets d’aménagement urbain, Cerway échange avec ses homologues européens, notamment le DiBt allemand. Même si les modes constructifs varient d’un pays à l’autre, les méthodes d’évaluation des produits et des ouvrages peuvent être partagées. Nos échanges avec les organismes de certification et d’essais sont ainsi l’occasion de comparer nos approches des sujets et d’envisager comment les faire progresser.

Hervé Charrue,

Directeur général adjoint en charge de la Recherche
et du Développement

Contribuer à la réalisation des bâtiments et des quartiers pour bien vivre ensemble.

Le bâtiment est au cœur de notre vie quotidienne. Tellement présent que l’on en appréhende la complexité qu’à travers ses désagréments ou ses disfonctionnements. Il est pourtant au centre des préoccupations citoyennes induites par les évolutions d’ores et déjà structurantes : que ce soit la prise de conscience des enjeux environnementaux, la croissance démographique couplée au vieillissement de la population, l’urbanisation débridée, l’appétence pour une qualité de vie revendiquée tant dans l’espace privé que public, le changement des modes de vie – relations, travail, loisirs, consommation, mobilité… – et ce dans un contexte de révolution numérique omniprésente.

En réponse à ces différents challenges, avec le souci de placer l’usager au centre des problématiques, la R&D du CSTB a de longue date été restructurée, dans une logique d’échelles, partant des matériaux, composants, jusqu’au système bâtiment, lui-même inscrit dans celles du quartier, de la ville, voire du territoire. Elle aborde les principaux challenges que le bâtiment au sens large, doit relever : la sécurité des personnes et des biens, la transition écologique, la socio-économie du bâtiment de logement ou du tertiaire, la santé et le confort associés aux différents usages, ainsi que la transition numérique.

Construite initialement autour d’une vision 2020 avec une approche multi-acteurs, issus des secteurs du bâtiment, de l’urbain, et bien évidemment de la R&D, la recherche du CSTB a fait l’objet en 2018 d’une refondation. Afin de donner au CSTB et au secteur de la construction une visibilité et une proximité plus grande, la Feuille de Route Recherche 2030 évolue. Elle s’enrichit par une déclinaison plus ouverte, appropriable par les différents acteurs, y compris les usagers, avec une approche résolument transversale s’appuyant sur des partenariats scientifiques élargis. Elle renforce et précise les sujets existants, et ouvre de nouvelles perspectives pour 2030, plus systémiques. Parallèlement, les priorités scientifiques – énergie environnement, santé confort, maitrise des risques, numérique, économie et usages –, toutes quasi disciplinaires, se poursuivent en tenant compte des recommandations des Conseil Scientifique et Comité Consultatif du CSTB, des partenaires scientifiques et acteurs socio-économiques.

Ainsi, l’affirmation de l’ambition du CSTB de contribuer à la réalisation des bâtiments et des quartiers pour bien vivre ensemble s’inscrira-t-elle dans le contexte et les enjeux que représentent le changement climatique à l’échelle des bâtiments et des villes - que ce soit en termes d’adaptation, d’atténuation - ainsi que les transitions écologiques, numériques et, plus largement, les évolutions sociétales et les usages associés.

La rénovation des bâtiments, dans le cadre de l’ambition affichée, reste l’enjeu majeur du secteur. Du fait de sa position de référent scientifique et technique de la construction en appui à la conception des politiques publiques, le CSTB est souvent perçu comme agissant majoritairement pour la construction neuve. Il souhaite donc mettre plus en visibilité ses contributions dans l’innovation et la fiabilisation de l’acte de construire, aux différentes étapes du cycle de vie du bâtiment : en mobilisant les outils numériques, les solutions innovantes de production, y compris d’industrialisation pour la massification de la rénovation, dans le souci de réussir les différentes transitions. En parallèle, devant l’impact environnemental du secteur de la construction en termes de mobilisation des différentes ressources naturelles et manufacturées, la prise en compte de l’économie circulaire pour le bâtiment devient structurante, car réinterrogeant de manière transversale l’intégralité des problématiques. La mise en œuvre de cette feuille de route de la recherche du CSTB dans la perspective 2030 sera engagée dès 2019.

L’année 2018 a vu se poursuivre en termes de résultats S&T , entre autres, la dynamique Building Information Model et son couplage aux nouveaux outils de simulation multiphysiques via les maquettes numériques, les approches sémantiques et règles expertes indispensables à la mutation digitale de la construction ; l’enrichissement des approches performancielles des solutions pour l’énergie, tant pour la rénovation que pour le neuf ; la caractérisation multifactorielle (sanitaire, confort, énergie…) des différents espaces de vie avec leurs indicateurs et référentiels associés…

Par ailleurs, la vision plus applicative des résultats de recherche aux problématiques technologiques engagée en 2017 a été amplifiée. Elle soutient désormais les innovations produits et systèmes des industriels, que ce soit sur la prise en compte de matières recyclées dans les produits de construction améliorant potentiellement leur bilan carbone – mais risquant de modifier leur performance ou leur durabilité - ou dans l’accompagnement de leur processus de création ou l’adaptation des outils et méthodes mis en œuvre pour leur évaluation globalisée.

Au global, 2018 a été pour la R&D du CSTB à la fois riche, mais tout autant contrastée.

Contrastée, l’activité de recherche partenariale à destination des entreprises, n’ayant pas vu se concrétiser le niveau de croissance escompté, dans un climat national et international qui s’est assombri tout au long de l’exercice.

Riche, par l’implication continue dans le support aux politiques publiques, que ce soit dans les plans numérique et amiante, le soutien de l’OQAI, l’accompagnement du CITE (Crédit Impôt Transition Energétique) et des CEE (Certificats Economie Energie), l’expertise des évènements tragiques Irma, Marseille, les incendies… Sur ce dernier point, au-delà des seules compétences structure, aérodynamique et combustion nécessaires pour ces cas, le CSTB est un des rares acteurs publics en capacité de structurer une réponse opérationnelle, partenariale (Météo France, IGN, BRGM, INRIA…), réplicable auprès des acteurs territoriaux, quant à l’expertise grande échelle d’un parc de bâtiments anciens.

Riche par des projets de recherche et d’expertise pluridisciplinaires, avec notamment la mobilisation des équipes du CSTB dans la démarche PROFEEL portée par l’ensemble des acteurs de la construction pour l’innovation en faveur de la performance énergétique.

Riche par une structuration plus performante des offres à destination des entreprises et des acteurs privés : avec la finalisation d’offres spécifiques issues de la recherche : BIOGUESS pour la détection des contaminations fongiques, PULSE pour la caractérisation sensorielle de produits et solutions, et tout autant l’accompagnement de nouvelle startup par l’incubateur CSTB’Lab.

En un mot, 2018 a été une année de transition qui nous incite à poursuivre nos efforts pour toujours mieux répondre aux besoins des acteurs et des usagers des bâtiments et des villes.

Charles Baloche,

Directeur général adjoint en charge des Activités
technologiques

L’expertise en maîtrise de la fiabilité structurale de plus en plus sollicitée

Le bâtiment est un système complexe dont l’une des fonctions essentielles est de garantir la sécurité des occupants. C’est la raison pour laquelle une mission fondamentale du CSTB consiste à réduire sa vulnérabilité tant pour assurer la sécurité des usagers que pour préserver les biens.

Depuis sa création, le CSTB contribue à l’amélioration des savoirs et des pratiques visant à assurer la stabilité et la résistance des bâtiments face aux agressions extérieures de toutes natures, et notamment celles relatives aux événements climatiques sévères, aux actions sismiques ou autres situations accidentelles. Pour cela, il s’appuie notamment sur la recherche interne et partenariale pour optimiser son expertise en matière d’anticipation des risques prévisibles, tant sur le champ de l’action elle-même, que sur celui de la réponse de l’ouvrage, en appliquant les méthodes modernes de l’ingénierie de la sécurité. Ces méthodes sont du reste de plus en plus pratiquées, en particulier sur le traitement des situations accidentelles d’incendie.

Concernant la maîtrise de la réponse structurale, le CSTB a ainsi développé des méthodes d’essais pour tester et analyser les limites des produits et systèmes constructifs, comme par exemple dans le cadre des travaux menés sur le voussoir de tunnel sous le canal de Suez. Afin de qualifier les risques présentés par l’incorporation à l’ouvrage d’une technologie innovante, et s’assurer de sa compatibilité avec les éléments et systèmes adjacents, il réalise des évaluations techniques et délivre des certificats.

Le CSTB propose par exemple une approche globale et pluridisciplinaire de la sécurité du parc bâti vis-à-vis des risques liés à la solidité des structures en situation d’incendie. Ses activités s’appuient sur l’ensemble des métiers du CSTB : la recherche et l’expertise, l’évaluation, les essais, la certification, la diffusion des connaissances et la formation.

Marseille : un exemple d’emploi de l’expertise au service de la gestion des crises

Ces missions sont élargies à la gestion post-crise, pour lesquelles le CSTB peut intervenir en urgence, à la demande des pouvoirs publics, notamment concernant l’étude des capacités résistantes de la structure des ouvrages, soit pour en établir le bilan dans le cas d’un ouvrage accidenté, soit en prévention, pour les évaluer en tenant compte de la présence de composants structuraux présentant un état de vétusté significatif. Ces études sont menées dans une approche couplée essais-simulation numérique.

Ce sont ces compétences du CSTB qui ont amené le gouvernement et la Ville de Marseille à le mandater pour une expertise technique à la suite de l’effondrement, le 5 novembre 2018, de deux immeubles anciens de la rue d’Aubagne à Marseille, qui a provoqué la mort de huit personnes.

Un collège d’experts pluridisciplinaire* a été constitué par la Ville pour sécuriser les lieux et évaluer les risques dans ce secteur. Il s’agissait d’accompagner la Ville ainsi que l’État et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) dans le cadre des opérations de secours et de sécurisation des bâtiments voisins dont les habitants avaient été évacués.
Cette mission a été organisée en plusieurs phases au cours des semaines qui ont suivi le sinistre.

Une expertise technique déterminant les causes des effondrements a d’abord été menée afin d’éviter tout nouvel accident et de finaliser les conditions d’exercice des opérations de recherche des victimes.

Nos experts ont ensuite évalué l'état des immeubles voisins évacués et accompagné la Ville dans le cadre de la sécurisation de ces bâtiments.

Au-delà des risques d’effondrement des autres bâtiments de la rue d’Aubagne, le CSTB a également été interrogé sur les risques structuraux présentés par les nombreux bâtiments de même conception et de même génération de Marseille.
Des appréciations du risque vont pouvoir enfin être effectuées sur la base de la méthodologie et des outils mis au point par le CSTB pour qu’un très grand nombre de bâtiments puissent être diagnostiqués dans un délai acceptable.

Accompagner la phase de la préparation de la reconstruction : l’exemple d’IRMA

Après la phase de diagnostic et de gestion de l’urgence, le CSTB peut intervenir pour la préparation à la reconstruction, comme il l’a fait à la demande des pouvoirs publics, suite au cyclone Irma qui a frappé les Antilles en septembre 2017, avec une intensité rarement observée.

De janvier à mai 2018, le CSTB a ainsi coordonné la rédaction de guides de bonnes pratiques à destination des professionnels du bâtiment et des habitants pour favoriser une reconstruction en toute sécurité vis-à-vis des futurs aléas naturels prévisibles. Leur élaboration a pris en compte les spécificités locales notamment en matière de construction d’ouvrage.

Après la préparation de la reconstruction, les enseignements

Irma et José ont été des événements climatiques extrêmes. Le ministère de la Transition écologique et solidaire a demandé au CSTB d’analyser les évènements climatiques passés tant sur l’Atlantique que l’océan indien, afin de vérifier si les règles de dimensionnement restent pertinentes.

La première étape a consisté à comparer la prise en compte des phénomènes extrêmes dans les réglementations des principales régions du monde soumises à de tels aléas (États-Unis, Japon, Australie et Europe).

La seconde étape avait pour objet de comparer les vitesses de vent de référence prises en compte dans l’Eurocode avec les dernières données météorologiques disponibles.

Enfin dans une dernière phase, le CSTB proposera les éventuelles évolutions des normes de conception des bâtiments pour prendre en compte ces évènements extrêmes en analysant leurs conséquences techniques et économiques.

Le CSTB, par son expertise de la maîtrise des risques, accompagne ainsi les pouvoirs publics en situation d’urgence et de diagnostic, de préparation à la reconstruction et de recommandation d’actualisation des règles de dimensionnement.

* Le collège d'experts pluridisciplinaire était composé d’une agence d’architecture (ARCHIPOLE SUD), d’un bureau d'étude structure (AXIOLIS), d’un bureau d'étude géotechnique (GEOTEC), d’un maître d’œuvre démolition (EDICTIS) et d’un bureau de contrôle (APAVE), complétés par deux organismes publics, le CEREMA (Centre d'Études et d'Expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement) et le CSTB.



948

Collaborateurs

Effectif 2018

114 M€

Produit d’exploitation 2018

(hors filiales)

69

Projets de recherche
collaborative

113

ATEX

(Appréciation Technique d’Expérimentation)

22

Formations Parcours premiums et Devenir Référent





ENJEUX

La pluridisciplinarité au service
des acteurs

Une approche globale de la
performance environnementale

La qualité et le confort
des lieux de vie

La maîtrise des risques

Les technologies numériques

La certification, valeur ajoutée pour
les produits et services

PROJETS MARQUANTS

Le CSTB en appui aux pouvoirs publics sur la numérisation des règles

Le CSTB a été mandaté fin 2016 par les pouvoirs publics pour mettre en œuvre le développement d’une méthodologie et des outils avec les organisations professionnelles, permettant de faciliter la numérisation des règles et la vérification de leur conformité au sein des bâtiments. L’idée est de faire le trait d’union entre le domaine de la règlementation et le langage technique de la maquette numérique. Le projet, finalisé en octobre 2018, a débouché sur la présentation de plusieurs applications sur KROQI.fr, la plateforme numérique du bâtiment, lancée par l’État en mai 2018 et développée par le CSTB.

Caractérisation de l’économie circulaire dans le secteur
du bâtiment – Fondation Bâtiment Energie

Pour appréhender les enjeux environnementaux actuels dans le secteur de la construction, certains leviers sont dès à présent bien identifiés : la sobriété énergétique, la réduction des émissions carbone et de manière globale, l'économie circulaire. Si la gestion des déchets est soutenue par de nombreuses incitations et diverses initiatives, l’économie circulaire repose, elle, sur un concept plus global qui prend en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment.

PULSE au service de l’évaluation sensorielle

Issue de travaux de R&D sur le goût et l’odeur de l’eau potable, Pulse, la méthode d’analyse sensorielle d’un produit et d’une ambiance développée par le CSTB permet d’évaluer les qualités sensorielles d'un produit ou d'un lieu et de contribuer ainsi au bien-être des usagers. Innovation brevetée, Pulse fournit une évaluation objective et multicritère, fondée sur les réactions inconscientes des usagers.

Missions d’expertise du CSTB à la suite d’un sinistre

Le CSTB intervient lorsqu’une crise survient, en phase de gestion de crise pour définir les mesures d’urgence pour limiter le sinistre, de diagnostic et analyse après la crise pour définir les travaux à réaliser et pour éviter, lorsque c’est possible, que certains sinistres ne se reproduisent. A ce titre, il a été mandaté par le gouvernement à Marseille et aux Antilles pour une expertise à la suite de sinistres qui ont frappé ces territoires.

Le CSTB a lancé le CSTB’Lab, son accélérateur de start-up

Inaugurée fin 2017 par Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des Territoires, le CSTB’Lab a accueilli 9 nouvelles start-up en 2018, confirmant la volonté du CSTB d’appuyer l’innovation et d’accélérer la transition numérique au sein de la filière construction.

Le CSTB'Lab est un accélérateur de « jeunes pousses » innovantes dans le domaine de la construction, développé en partenariat avec Impulse Partners.

QB 08 - Canalisations de distribution et d’évacuation des eaux

Pour répondre aux attentes de la filière canalisations et de ses clients, le CSTB a décliné la certification QB en deux niveaux de performance.
La première répond uniquement aux exigences des normes européennes (caractéristiques dimensionnelles de base, durabilité de 50 ans, aptitude à l’emploi et mise en œuvre).

Organisation et équipes
Gouvernance

Déontologie :
6 principes fondamentaux

Responsabilité sociétale
Filiales