Actualités

Manuel Decoodt - La parole aux professionnels

Manuel Decoodt, président de la commission Environnement et construction durable, CSFE

Pouvez-vous vous présenter, ainsi que la Chambre syndicale française de l'étanchéité ?

Je suis Manuel Decoodt, directeur QSE de l'entreprise d'étanchéité et travaux spéciaux Etandex, et président de la commission nationale technique et de la commission Environnement et construction durable au sein de la Chambre syndicale française de l'étanchéité (CSFE).

Fondée en 1929, la CSFE représente les entreprises et industriels dans les domaines de l'étanchéité, du bardage et des façades rapportées.

La CSFE regroupe 350 membres, qui constituent 75 % de l'activité du secteur, à savoir la majorité des entreprises de l'étanchéité et du bardage, les principaux industriels du secteur et les membres partenaires de métiers connexes.
Elle travaille à défendre les intérêts du métier dans les domaines de l'étanchéité des toitures-terrasses (accessibles, inaccessibles, toitures-terrasses végétalisées (TTV), terrasses jardins, parkings, dalles aménagées, énergies renouvelables, etc.), des parois enterrées, du cuvelage...

Quel est le rôle de la commission Environnement et construction durable de la CSFE ? Quand a-t-elle été créée ?

La commission a été créée pour que les professionnels de la filière soient des acteurs et des partenaires vigilants de la transition écologique. Nous les accompagnons par l'information sur les nombreux sujets actuels (RE2020, filière responsabilité élargie des producteurs (REP) des produits et matériaux de construction du bâtiment, TTV, réemploi, etc...)

Quelles actions avez-vous mises en place en faveur du réemploi ?

Le réemploi est, à juste titre, au cœur de l'actualité de la profession du bâtiment, mais constitue aussi un réel défi. Il ne doit pas rester un vœu pieu. La plupart des industriels portent des initiatives et des actions, mais il ne prendra son essor que si nous nous mettons à pied d'œuvre le plus tôt possible pour définir les bonnes méthodes et pour résoudre toutes ces questions opérationnelles que nous nous posons. La CSFE entame, notamment, des actions opérationnelles pour les filières de l'étanchéité et du bardage.

En effet, 5 % en poids des produits et des matériaux de construction devront être réutilisés ou réemployés dès 2028.

Or, au vu des transformations qu'il nous faudra accomplir, 2028, c'est demain ! C'est la raison pour laquelle la CSFE s'organise dès à présent pour relever ce défi et s'engage de manière très opérationnelle. En tant que président de la commission Environnement et construction durable, mon objectif pour cette année 2023 est de formaliser des premières fiches pratiques « réemploi » consacrées à nos activités d'étanchéité et de bardage.

Mes ambitions sont doubles :

  • notre profession doit apporter de manière proactive sa pierre à l'édifice de la transition écologique ;
  • elle doit proposer à la nouvelle génération des méthodes de travail vertueuses qui ne manqueront pas d'influencer positivement les jeunes talents qui seront motivés par ce projet ambitieux.

Dans le cadre de ses travaux, la CSFE souhaite impérativement associer les contrôleurs techniques et les assureurs. Cette étape est primordiale pour faire reconnaître les pratiques opérationnelles de réemploi en « techniques courantes ».

Nous avons créé récemment un groupe de travail pour identifier, de manière pragmatique, au sein de nos métiers, le « top 6 » des produits les plus réemployables en fonction de leur faisabilité et de leur acceptabilité réglementaire. Ce groupe de travail connaît un vif succès puisque nous avons près de 40 entreprises, industriels, contrôleurs techniques et autres organismes qui y participent activement.

Quels sont les principaux freins liés à la mise en place du réemploi des produits d'étanchéité et de bardage ?

Ils sont essentiellement d'ordre organisationnel et financier. Le premier est lié à l'acceptabilité auprès des assurances et des maîtres d'ouvrages, le second est plus pragmatique, car si l'on veut que le réemploi se diffuse aussi largement que possible auprès des entreprises, il faut que l'impact financier soit aussi équilibré que possible.

Vous êtes accompagné par le CSTB pour la réalisation de fiches pratiques dédiées au réemploi. Quelle est la finalité de ces guides ? Pourquoi avoir choisi de les développer avec le CSTB ? Quels sont les premiers produits concernés ?

La CSFE a décidé de se faire accompagner par le CSTB pour la création de ces fiches de manière à définir des référentiels permettant de réutiliser certains matériaux ou produits tout en restant dans un cadre réglementaire, validé par les contrôleurs techniques et accepté par les assureurs dans le cadre de travaux classiques.

Le CSTB a été choisi pour son expertise dans le domaine de l'évaluation des produits et de leur durabilité, ainsi que pour sa connaissance approfondie de l'environnement métier du bâtiment et de l'approche de l'économie circulaire.

Concrètement, la CSFE lance la démarche de réemploi en 2023 pour trois produits : les gravillons, les dalles sur plots et les éléments métalliques de bardage. Deux fiches pratiques sont financées par la Fédération française du bâtiment et une fiche par l'éco-organisme Valobat. Compte tenu du poids de ces matériaux et de leur proportion importante sur le marché de l'étanchéité/ bardage, les perspectives de réemploi sont élevées et nous pensons qu'elles seront aussi motrices dans les changements de pratique auprès des donneurs d'ordre. D'autres produits sont d'ores et déjà en lice pour la suite, notamment les isolants mis en œuvre en toiture-terrasse ou en bardage.

Au-delà de cet accompagnement, quelle relation avez-vous avec le CSTB ?

Depuis toujours, le CSTB est un partenaire clé des professionnels de l'étanchéité pour l'accompagnement de l'innovation (ATEx, ATec, DTA...).

Quelles sont vos perspectives en matière de réemploi dans les prochaines années ?

Pour les deux années à venir, le nombre de référentiels « Réemploi » disponibles va augmenter progressivement, comme le proposent le CSTB et ses partenaires dans la note « Sécuriser le réemploi, une démarche collective ». Cela nécessitera d'accompagner tous les acteurs de l'acte de construire en proposant des informations et des formations ciblées aux bonnes pratiques du réemploi. La transition écologique de l'étanchéité et du bardage est en marche.