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Interview Mathilde Louërat, ingénieure Recherche et Expertise

Dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes le 8 mars, nous mettons à l'honneur des collaboratrices du CSTB aux parcours et métiers diversifiés. Mathilde Louërat, ingénieure Recherche et Expertise, prend la parole.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis ingénieure, avec une formation généraliste et une spécialité en bâtiment et matériaux pour la construction durable. Après un doctorat sur les transferts de chaleur et d'humidité dans les matériaux biosourcés, j'ai intégré l'équipe Environnement de la direction Énergie-Environnement du CSTB à Grenoble il y a cinq ans. Mon souhait était de combiner expertise scientifique et politiques publiques.

Sur quelles missions travaillez-vous dans le cadre de vos fonctions ?

Depuis mon arrivée, j'ai principalement participé à la mise en place de la RE2020, réglementation environnementale qui remplace la RT 2012 et intègre pour la première fois des exigences sur les émissions de gaz à effet de serre en cycle de vie des bâtiments.

Depuis un an, je suis également cheffe de projet R&D spécialisée dans la problématique de l'atténuation du changement climatique, rattachée au domaine d'action stratégique de recherche « Bâtiments et villes face au changement climatique » piloté par Alexandra Lebert. Ma mission consiste à coordonner, organiser et capitaliser nos travaux de recherche sur ce sujet.

Dans votre domaine d'activité, quels sont les enjeux de demain pour le CSTB ?

La chaîne de valeur bâtiment émet plus de 150 Mt eq. CO2, ce qui représente 25% de l'empreinte carbone des Français. L'objectif est d'atteindre 96 Mt en 2030 puis 16 Mt en 2050, un très grand défi pour le secteur et donc pour le CSTB ! Les enjeux correspondent à ceux de la feuille de route consacrée à l'atténuation du changement climatique : que les acteurs connaissent les impacts de leurs activités et décisions, qu'ils connaissent les efforts qu'ils doivent réaliser à court, moyen et long termes pour les réduire (et contribuer à la neutralité carbone) et qu'ils sachent sur quelles solutions s'appuyer. Pour cela, nous devons leur fournir les méthodes et outils pour connaitre les impacts de leurs opérations et déterminer leur trajectoire de décarbonation, identifier les solutions pour concevoir des bâtiments bas carbone, accompagner la filière vers la massification de la rénovation, former les acteurs à ces enjeux, intégrer le carbone dans l'évaluation des produits de construction, etc. Bref, toutes les activités du CSTB auront un rôle à jouer !

En tant qu'ingénieure Recherche et Expertise au CSTB, comment percevez-vous la place des femmes dans votre entreprise, et plus généralement dans le secteur de la construction ?

Dans la direction Energie-Environnement que je connais le mieux, quatre responsables d'équipe sur six sont des femmes ! Un exemple qui montre, j'en ai l'impression en tout cas, que la prise de responsabilité des femmes n'est plus un sujet. Cependant, on constate quand même des répartitions assez genrées sur les thématiques : les collègues énergéticiens sont majoritairement des hommes tandis que l'équipe Environnement est principalement féminine (surtout si on ne prend pas en compte les métiers liés au développement informatique).

Le secteur de la construction dans sa globalité n'est malheureusement pas encore au niveau du CSTB.

Que signifie pour vous cette Journée internationale des droits des femmes ?

C'est l'occasion de prendre le temps de se retourner pour voir le chemin accompli, mais aussi de regarder vers l'avenir pour se rendre compte que le chemin n'est toujours pas terminé pour atteindre l'égalité réelle entre hommes et femmes (en termes de droits, de rémunération, etc.).

C'est aussi l'occasion de célébrer les femmes qui sont des modèles et qui nous aident à réfléchir, rire, vivre mieux. Pour en citer quelques-unes : Irène Frachon pour son courage et son combat contre le Mediator, Laure Calamy pour ses prises de position sur la décentralisation de la culture, Dominique Méda pour ses recherches sur le travail et à Alice Zeniter pour ses réflexions sur la place des femmes en littérature.