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Quel impact des produits d'entretien sur la qualité de l'air intérieur ?

L'utilisation de produits d'entretien, manufacturés ou fait-maison, n'est pas anodin. Ces derniers modifient la qualité de l'air intérieur en émettant des composés chimiques organo-volatils (COV). L'exposition à ces polluants est d'autant plus importante qu'elle a lieu dans des milieux confinés, peu ventilés où l'on passe la grande majorité de notre temps.
Le CSTB, coordinateur du projet, et l'INERIS ont mené un projet de recherche (PEPS) cofinancé par l'ADEME afin d'évaluer les risques sanitaires liés à l'utilisation des produits d'entretien. Le CSTB, par son expertise et ses équipements d'essais dans le domaine de la qualité de l'air intérieur, a développé un protocole d'essai pour la caractérisation des COV émis par les produits d'entretien, permettant de conclure sur des recommandations pour la gestion des risques.

Un protocole d'essai, simple, adapté et reproductible

La première étape reposait sur la caractérisation d'un panel de 33 références composé de 27 produits d'entretien manufacturés et 6 produits fait-maison. Cette étude portait à la fois sur l'analyse de la composition des produits fournie par les fabricants et sur une analyse directe de leur composition liquide en composés organiques. Une évaluation des émissions de COV par ces produits selon des méthodes normalisées a ensuite été menée pour définir un protocole d'essai harmonisé, robuste et reproductible, permettant d'analyser les émissions des produits d'entretien dans l'air intérieur.

Des informations sur les produits pas assez précises

Concernant les données de composition présentes sur les étiquettes des produits manufacturés, les indications fournies par les fabricants sont relativement parcellaires et regroupées autour de termes génériques tels que « parfums », « biocides » ou « agents de surface »… ne permettant pas de connaitre les composants de manière précise ni de prévoir les émissions volatiles résultantes de l'utilisation des produits.

Des mesures d'émissions selon des scénarios réalistes

Les produits industriels testés génèrent des expositions significativement plus fortes que les produits fait-maison à certains composés organiques volatils, comme le formaldéhyde, l'acétaldéhyde, l'acétonitrile, l'acétone et l'isopropanol. En revanche, les produits fait-maison génèrent des expositions significativement plus fortes pour le limonène (composé présent dans plusieurs huiles essentielles, ajouté dans de nombreux produits pour son odeur d'agrume) et en acide acétique (acide présent dans le vinaigre). Par ailleurs, la présence d'huiles essentielles dans les produits fait-maison contribue à augmenter assez fortement les émissions de substances à risques sanitaires potentiels.
Globalement, les produits fait-maison émettent des quantités plus faibles de composés volatils que les produits manufacturés.

Des risques sanitaires peu alarmants

La deuxième étape consistait à mener une campagne d'essai intégrant 10 produits du panel dans la maison experimentale Maria du CSTB pour caractériser les émissions de COV dans l'air intérieur en conditions réelles, selon des scenarios d'utilisation réalistes.
Une démarche d'évaluation des risques sanitaires a été réalisée sur la base des concentrations mesurées dans la maison experimentale selon les différents types d'usages.
Les résultats de l'étude sanitaire suggèrent que les risques attribuables aux émissions des produits manufacturés ou fait-maison testés peuvent être considérés comme faibles et les expositions domestiques les plus courantes comme non préoccupantes.

A ce jour, pour plus de la moitié des substances émises par les produits testés, il n'existe pas de données sanitaires permettant de mesurer leur toxicité. Aussi dans une logique de prudence, une diminution des expositions est préconisée, en particulier pour les personnes les plus sensibles : femmes enceintes, enfants, personnes souffrant de troubles respiratoires.
La mise en application de certaines bonnes pratiques permet d'aténuer les risques sanitaires malgré un fort niveau d'utilisation comme :

  • respecter les recommandations d'utilisation données par le fabricant ;
  • aérer les pièces au moins 10 minutes pendant et après le nettoyage, en été comme en hiver ;
  • rincer les surfaces nettoyées ;
  • préférer des produits non parfumés ;
  • réduire le nombre de produits utilisés simultanément ;
  • adapter le niveau d'utilisation aux besoins réels ;
  • limiter la présence de personnes dans les pièces en cours de nettoyage, et en particulier des personnes sensibles ;
  • utiliser, dans la mesure du possible, des moyens de nettoyage n'émettant pas de substances toxiques comme le nettoyage vapeur, les chiffons en microfibres ou humides.

Afin de minimiser les expositions aux substances de synthèse dont les effets peuvent être mal connus, il est recommandé aux personnes qui fabriquent leurs produits ménagers de limiter le nombre d'ingrédients et les quantités d'huiles essentielles. En effet, une odeur agréable ne signifie pas nécessairement qu'un produit est sain et/ou plus efficace.

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