Maîtrise des risques

Un four mobile pour tester la résistance incendie des tunnels

Le four mobile du CSTB (2,5 t) permet de piloter la montée en température d’une paroi de tunnel jusqu’à 1300 °C pour mesurer sa résistance au feu.

Le CSTB est doté d’un four mobile, unique en France, capable de mettre à l’épreuve du feu, une paroi de tunnel in situ. La mairie de Paris lui a ainsi confié la réalisation d’un essai sur deux tunnels du périphérique. Objectif : justifier leur bonne résistance au feu et optimiser les coûts liés à la protection incendie des ouvrages.

Dans le cadre de sa mission de maintenance pour préserver la sécurité des ouvrages, la Ville de Paris adapte les tunnels aux exigences réglementaires. Après le drame du tunnel du Mont-Blanc en 1999, celles-ci ont évolué. Ce sont désormais tous les tunnels de plus de 300 m qui doivent être mis en conformité. Sur le boulevard périphérique parisien, la Ville de Paris - car le « périph’» est une route communale - passe au crible les six tunnels. Pour deux d’entre eux, il fait appel au CSTB.

La paroi chauffée à 1300 °C

En 2016, la mairie de Paris a sollicité le CSTB pour un test de résistance au feu d’une paroi verticale du tunnel de Courcelles (580 m). Le four mobile mis en œuvre est unique par ses dimensions. Le test s’applique à une surface de 1,25 x 1,25 m et dure deux heures. Un brûleur d’une puissance de 1,5 MW thermique génère, au sein d’un caisson collé à la paroi du tunnel, une température de 1300 °C en régime établi. À cette température, le béton est susceptible de s’écailler et de laisser apparaître les armatures, qui n’offrent plus de résistance mécanique suffisante pour assurer la stabilité de l’ouvrage.

Dans le cas du tunnel de Courcelles, l'écaillage s’est révélé limité à une profondeur de 70 mm maximum. Après calcul, le CSTB a déclaré conforme la résistance au feu du béton. Certaines parois du tunnel n’auront donc pas besoin d’être protégées.

Perspectives

La Ville de Paris poursuit sa démarche de vérification en s’appuyant sur l’ingénierie d’essai incendie du CSTB et sur l’usage de son four mobile. Elle a d’ores et déjà engagé un deuxième test, en février 2017 sur le tunnel du Lac Supérieur, près de la porte de Passy. L’analyse est en cours, les résultats seront délivrés en avril.

Témoignage

Bernard Verbeke, adjoint au chef de la Section Seine et Ouvrage d’Art et responsable de la Subdivision des Tunnels, Ville de Paris

« Nous avons fait appel au CSTB parce qu’il est le seul établissement à disposer d’un four mobile, qui teste sur site la résistance au feu d’un ouvrage de grande dimension, qui ne peut pas être déplacé. Pour nous, l’enjeu de l’essai réalisé dans le tunnel de Courcelles, était de justifier sa bonne résistance au feu auprès de la Commission nationale d’évaluation de la sécurité des ouvrages routiers (CNESOR). Il faut savoir que la Ville de Paris entretient quelque 16 tunnels de plus de 300 m. Disposer de résultats d’essai fiables avant d’engager des travaux, est essentiel. Cela peut permettre de générer une économie substantielle dans les opérations de protection au feu des ouvrages. »