Santé-Confort

L’amiante dans le bâtiment : la recherche au service d’une meilleure gestion

Maquette laboratoire pour le prélèvement de matériaux potentiellement amiantés, R&D CSTB. Crédit photo : Florence Joubert

La recherche du CSTB est mobilisée pour soutenir la rénovation des logements en levant les freins liés à la présence d’amiante dans les bâtiments. Afin de réduire les délais et coûts du désamiantage, le CSTB développe des outils innovants dans le cadre du Plan Recherche et Développement Amiante lancé en juin 2015 par l’État. Ceux-ci visent à améliorer la détection et la mesure in situ de l’amiante, et la gestion des opérations en chantiers amiantés. Pour répondre à ces besoins de manière rapide et efficiente, le CSTB s’inspire de technologies issues d’autres domaines. De la vérification du concept à la maquette laboratoire jusqu’au prototype, focus sur les actions R&D engagées.

Comment diagnostiquer rapidement la présence d’amiante dans les bâtiments à rénover ? Comment prévenir l’exposition des intervenants sur les chantiers ? Comment améliorer la gestion des déchets amiantés tout en respectant l’environnement ? Le CSTB répond à ces questions par le développement de prototypes innovants.

    Ceux-ci permettent :
  • la détection in situ de l’amiante dans les matériaux du bâtiment,
  • le suivi en temps réel de l’empoussièrement lors de travaux,
  • la réduction des émissions de fibres d’amiante au niveau des machines-outils,
  • la neutralisation des déchets amiantés.

De gauche à droite : maquette laboratoire pour le prélèvement de matériaux potentiellement amiantés ; mesure du niveau d’empoussièrement en laboratoire ; procédé peu émissif pour la dépose mécanisée de l’amiante ; traitement du déchet amianté par voie physico-chimique.

Le transfert de technologie, source d’innovation

Appliquer à la problématique de l’amiante, une technologie éprouvée dans d’autres domaines, constitue l’une des méthodes adoptées par le CSTB pour développer des outils innovants, qui préservent la santé des personnes sur un chantier de rénovation de bâtiment.

Ainsi la spectroscopie Raman, méthode optique non destructive utilisée pour le contrôle douanier ou la lutte contre la contrefaçon, a été retenue par le CSTB. Cette technologie, qui présente un fort potentiel de miniaturisation, est exploitée pour mesurer in situ le niveau d’empoussièrement des chantiers dans le cadre de la rénovation de bâtiments contenant de l’amiante.

Le procédé de confinement par rideaux d’air, mis en œuvre notamment dans les tunnels pour préserver les personnes en cas d’incendie, ou dans le secteur agroalimentaire pour préserver les aliments dans le respect de la chaîne du froid, a également retenu l’attention du CSTB. Il le réutilise en vue de réduire les émissions de fibres, lors de travaux de retrait de matériaux amiantés.

De la maquette laboratoire au prototype fonctionnel

Le CSTB a d’ores et déjà mis au point différentes maquettes laboratoire de procédés innovants. Cela dit, aussi performante soit-elle, une maquette laboratoire n’est pas soumise aux exigences pratiques d’une utilisation terrain.

L’une des actions R&D pour faire évoluer ces maquettes laboratoire consiste notamment à les miniaturiser. Le CSTB s’y emploie actuellement pour faire du dispositif de prélèvement de matériaux potentiellement amiantés, et du procédé de mesure en temps réel de l’empoussièrement, des outils adaptés à un usage in situ.

Une autre action concerne le durcissement des maquettes pour permettre une manipulation en conditions réalistes. Ainsi, après avoir évalué les fonctions du procédé de confinement en champ proche dans un contexte statique, le CSTB optimise la maquette pour pouvoir équiper des machines-outils mobiles. Il faut vérifier sa capacité à isoler les émissions de fibres d’amiante lorsque les opérateurs sont en mouvement, lors de travaux.

Concernant le traitement des déchets, le principe est d’ “inactiver“ l’amiante. Un réacteur innovant utilisant le procédé hydrothermal a été élaboré. Celui-ci repose sur une montée en température et pression de l’eau qui permet de neutraliser les effets délétères du déchet amianté. Le CSTB effectue actuellement des tests pour vérifier son efficacité et optimiser ses conditions de fonctionnement.

La mise au point des quatre prototypes fonctionnels se poursuit en 2017 pour une sortie des premières versions en fin d’année.