Santé-Confort

Favoriser la résilience des bâtiments au service du bien-être de leurs occupants

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Comment expliquer mal-être, troubles physiques voire pathologies sévères chez les occupants d’un bâtiment, sans raison clairement identifiée ? Le syndrome des bâtiments malsains, identifié par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) depuis les années 70, est la manifestation de problèmes psychologiques et sanitaires, directement associés à un lieu construit. Le CSTB a mené des travaux sur ce phénomène complexe avec une approche multicritères, pour favoriser la restauration du bien-être et de la santé des occupants dans un cadre de vie de qualité. En 2016, les chercheurs sont intervenus dans un établissement francilien dédié à la pratique de la danse.

Diagnostiquer le syndrome

Professeurs et élèves de cet établissement artistique souffrent depuis plusieurs années de troubles physiques – fatigue excessive, troubles respiratoires, maux de tête, malaise, problèmes ORL… – évoluant parfois en troubles psychologiques – mal-être, dépression, malgré des travaux importants menés sur le bâtiment. La perception d’inconfort persistante de ces usagers a renforcé leur mal-être : volume insuffisant des studios de danse, vétusté, absence de lumière naturelle, gêne olfactive, sensation d’exiguïté… Enfin, la fréquentation du lieu qui a augmenté ces dernières années, a aggravé les maux et l’inconfort. Ces éléments sont caractéristiques du syndrome des bâtiments malsains (dit aussi Sick Building Syndrom - SBM).

Privilégier une analyse multicritères

Fort de ses travaux de recherche, le CSTB s’appuie sur la prise en compte de deux dimensions, environnementale et psycho-sociale, pour identifier les facteurs qui expliquent ce phénomène. Concrètement, il s’agit ici de conjuguer l’évaluation du niveau de confinement de l’air, l’étude de la qualité de l’air, et une analyse des plaintes rapportées par les occupants.

Des mesures aérauliques ont ainsi été réalisées dans l’établissement de danse grâce à l’installation de capteurs… En complément, une cinquantaine d’entretiens a été menée auprès d’usagers volontaires pour recueillir leur perception de la situation et identifier des solutions à sa gestion.

Proposer des solutions

À l’issue des investigations, l’ensemble des informations recueillies a confirmé un syndrome du bâtiment malsain, manifeste au travers des répercussions sur la santé physique et le mal-être ressenti. Les facteurs environnementaux sont apparus comme des explications à l’émergence du problème, la façon de le prendre en compte a conditionné les effets psychologiques observés.

    Les propositions du CSTB visent à :
  • améliorer la qualité de l’environnement thermique, physico-chimique, olfactif, visuel – et optimiser le fonctionnement de l’installation de distribution d’air ;
  • favoriser l’adéquation du bâtiment au regard des qualités d’usage (l’apprentissage de la danse) ;
  • prendre en compte les facteurs socio-organisationnels et considérer leur rôle dans la situation de stress (communiquer sur les décisions, mettre en place un comité de suivi intégrant les plaignants dans le processus de décision, aménager des espaces de repos).

Selon le CSTB, la solution passe nécessairement par la mise en œuvre de ces actions d’amélioration techniques et organisationnelles, ou bien il faut transférer les activités sur un autre site.

Publications scientifiques du CSTB :

Marchand D., Laffitte J.D., Weiss K., Ramalho O., Chaventré F. et Collignan B. (in press - 2017). L’incertitude, un facteur explicatif de l’évolution des crises environnementales. Bulletin de psychologie. Le rôle de l’incertitude dans la construction sociale des problématiques environnementales.
Marchand, D., Weiss, K. & Zouhri, B. (2016). Emerging risks and quality of life: towards new dimensions of well-being? In: Fleury-Bahi, Navarro & Pol, Handbook of environmental psychology and QOL research. Springer. P. 531 543.
Marchand D., Depeau S. et Weiss K. (2014). L’individu au risque de l’environnement. InPress, Paris.
Marchand D., Brisson G. et Plante S. (2014). L’apport des sciences sociales à la gestion du risque sanitaire environnemental. In D. Marchand, S. Depeau K. Weiss (eds). L’individu au risque de l’environnement. Chap.7, p.197-228. In Press, Paris.
Marchand D., Weiss K., Ramalho O., Chaventré F. et Collignan B. (2013). Le bien-être  face aux incertitudes environnementales ? APPA – Revue Pollution Atmosphérique ; n°219. Octobre 2013.
Marchand D., Chaventré F., Ramalho O., Laffitte J.D., Collignan B., Weiss K. (2013). De l’évaluation du risque à la gestion de la crise : le cas du syndrome des bâtiments malsains. Environnement Risque et Santé, 2013 ; 12 : 325-9. doi : 10.1684/ers.2013.0632
Demillac R., Kermarec F., Esvan M. et Marchand D. (2012). Prise en charge interdisciplinaire d’un syndrome collectif inexpliqué dans une école du centre-ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). BEH, n°48, décembre 2012, p 552-555.