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Les sapeurs-pompiers en exercice lors d'incendies expérimentaux

Manœuvres en conditions réelles dans un bâtiment de 4 étages par les sapeurs-pompiers de Vendée

Les sapeurs-pompiers de Vendée ont participé à des essais feu grandeur nature sur un immeuble d'habitation, avec les chercheurs de l'Université de Poitiers, de Lorraine et du CSTB, à la Châtaigneraie en juillet 2016. Le commandant Marc Lepelletier, au sein du Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS 85), témoigne de l'intérêt de cette campagne expérimentale pour l'activité des sapeurs-pompiers. Les incendies en maison ou appartement sont les plus dangereux pour les équipes d'intervention qui doivent notamment faire face aux accidents thermiques, liés au confinement des lieux. Expérimenter les gestes, tester les matériels de protection en situation réelle permet aux sapeurs-pompiers d'améliorer l'efficacité de leur action pour l'évacuation des personnes et la lutte contre l'incendie.

CSTB : Que retirez-vous de cette campagne d'essais feu ?

Commandant Marc Lepelletier : L'intérêt est pédagogique. Lors des essais qui ont comporté, chaque jour, des mises à feu à l'intérieur du bâtiment, nous avons réalisé des manœuvres en conditions réelles. Ce qui enrichit notre expérience sur le terrain, en complément des entraînements que nous menons habituellement à l'intérieur de containers maritimes. Pendant 3 jours, des pompiers volontaires de Vendée, sous la direction de moniteurs professionnels, se sont entraînés à la gestion du feu avec un exercice de reconnaissance complexe et stressant dans des lieux clos où la chaleur est forte.
Nous avons aussi testé un matériel innovant : le « smoke stopper » (stoppeur de fumée), un rideau en toile ignifugée que nous venons positionner dans l'encadrement d'une porte pour réduire l'apport d'air, cantonner le feu et limiter sa puissance. Et l'expérience parle d'elle-même : son efficacité est indéniable pour faciliter la progression des sapeurs-pompiers. Des équipes utilisent déjà ce matériel en Allemagne et en Suisse, également en France en Ille-et-Vilaine, et nous aimerions développer son usage en Vendée.**

Cet essai va-t-il vous aider aussi dans votre activité de formation ?

Oui, grâce à notre collaboration avec les chercheurs, nous allons recueillir des informations précises sur l'environnement dans lequel un sapeur-pompier évolue en cas d'incendie. Informations que l'on pourra utiliser en formation.
Le CSTB et l'Institut Pprime/IRIAF ont déployé un nombre impressionnant de capteurs sur le bâtiment pour collecter des mesures. Leur analyse nous sera très utile. Par exemple, nous savons qu'un sapeur-pompier ne doit pas se redresser lorsqu'il avance en milieu clos. Les relevés vont permettre de chiffrer la température réelle de la fumée à laquelle il est exposé selon sa hauteur : un indicateur concret pour renforcer notre pédagogie sur le risque.
L'association des chercheurs et sapeurs-pompiers est pour nous, un élément clé de cette campagne. Nos échanges permettent de compléter nos observations terrain avec les connaissances issues de la recherche, sur le système feu et ses conséquences pour les sapeurs-pompiers.

Pouvez-vous nous donner un autre exemple de vos échanges avec le monde de la recherche ?

Nous travaillons avec le LEMTA pour évaluer finement la résistance au feu de nos tenues de protection individuelle. Pendant la campagne d'essais, des capteurs ont été installés sur les tenues des sapeurs-pompiers pour mesurer en temps réel, pendant les manœuvres, les flux de chaleur et les niveaux de température. Si, depuis 15 ans, les textiles de nos tenues ont beaucoup évolué pour atteindre un haut niveau de protection, nous avons besoin d'évaluer leur résistance dans le temps avec des chiffres précis, en situation réelle. C'est indispensable pour assurer la sécurité des hommes en intervention.

À propos : la campagne d'essais feu a été menée à la Châtaigneraie (Vendée) du 19 au 21 juillet 2016 sous la conduite de l'Université de Poitiers (Institut Pprime et IRIAF), avec la collaboration de l'Université de Lorraine (LEMTA) et du CSTB. Cette campagne a également associé le bailleur social Vendée Logement, qui a mis à disposition l'immeuble de 4 étages pour réaliser les feux avant sa démolition, ainsi que les sapeurs-pompiers de Vendée (SDIS 85). Au sein de ce service départemental, le Commandant Lepelletier est responsable du Centre de traitement d'alerte (CTA) et du Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS), ainsi que du plateau de formation incendie sur feu réel – situés à la Roche-sur-Yon.

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