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Quelle dérive au vent des pesticides ?

La France est le second consommateur de produits pesticides dans le monde, après les Etats-Unis. Afin d'optimiser les procédés de pulvérisation des pesticides en milieu agricole, le CSTB était associé - dans le cadre d'un programme de recherche européen ARI* - au Français Cemagref (institut public de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement, Montpellier), à l'Anglais SilsoeRI (institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement) et à l'Allemand BBA (centre de recherche fédéral pour l'agriculture et l'exploitation forestière), pour étudier la dérive des pesticides due aux conditions climatiques. On sait effectivement que sous l'effet du vent, une bonne partie du jet est disséminée en dehors des plantations lors de la pulvérisation. Ces produits, pulvérisés en fines gouttelettes (50 à 200 microns en général), sont par ailleurs très sensibles au phénomène d'évaporation sous l'effet de la chaleur.

Vigne artificielle

Les tests effectués dans la soufflerie de Nantes avaient pour but de caractériser quantitativement la dispersion des pulvérisations en environnement contrôlé. Pour cela, les partenaires de l'étude ont reconstitué une vigne "artificielle" de quatre rangs. Un pulvérisateur agricole chargé d'un traceur chimique simulait une opération de traitement. Les mesures de concentrations dans l'atmosphère étaient réalisées, en faisant varier différents paramètres (type de buses, température, vitesse de vent et humidité), par l'analyse des dépôts de gouttelettes sur la cible (végétation artificielle), au sol, et dans l'espace voisin (dérive "aérienne"). Pour cette dernière, les gouttes étaient collectées sur des plans verticaux constitués de réseaux de fils polyéthylène. Ces mesures permettaient de quantifier le produit perdu pour chaque combinaison de paramètres.

Les résultats de ces essais seront utilisés d'une part pour valider certaines techniques expérimentales mises en œuvre en plein champ et, d'autre part pour caler des modèles numériques destinés à évaluer l'efficacité des pulvérisateurs sur les plantations en fonction des paramètres environnementaux. Cette étude s'inscrit dans une démarche globale dont l'objectif est d'identifier les meilleures conditions de pulvérisation des pesticides et d'optimiser les procédés de pulvérisation. L'amélioration de l'efficacité des traitements permettra, in fine, de diminuer les quantités de produit phytosanitaires employés en agriculture.

* Access to Research Infrastructure : Pesticide drift in agricultural spraying.

Une participation en équipements

C'est grâce au projet européen ARI (Access to Research Infrastructure) que les centres de recherche étrangers qui n'ont pas les moyens d'investir dans des essais en soufflerie peuvent accéder aux moyens des laboratoires de recherche étrangers. Trois séries d'essais ont ainsi été réalisés au CSTB de Nantes : pénétration de la neige sur les toitures en Norvège, dérive des pesticides sous l'effet du vent en Europe, dégradation des monuments historiques due au climat pour les Tchèques. Une dernière étude est prévue pour décembre 2004 avec les Anglais. Au programme : le confort climatique en site urbain de plein air. En contrepartie de ces essais pour des projets européens sélectionnés, le CSTB perçoit une subvention.