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Pôle administratif des Mureaux : respect des cibles HQE

Introduire une démarche HQE dans la construction d'un ouvrage, une gageure ? Le projet muriautin tient de l'exercice grandeur nature, qui semble plaire à ceux qui en ont la charge. Petit rappel du projet : il s'agit d'ériger une extension des 900 m² de surface utile de l'actuelle mairie, faisant porter le désormais pôle administratif à 4 700 m². Un ouvrage bas de un à deux étages viendra ainsi coiffer l'ancien, dans le respect des matériaux de construction que l'on retrouve sur les maisons voisines : soubassements en pierre, clins en bois, traitement des façades avec des couleurs claires. L'alignement en hauteur sur la mairie assurera l'effet de redondance sans rupture visuelle entre "vieille" mairie à la façade restaurée et nouveaux bâtiments.

Le pôle administratif sera divisé en trois zones : la salle de conseil, la zone des élus, les espaces tertiaires pour le personnel de mairie, avec des bureaux aux surfaces généreuses de 12 m². Les opérations de gros-œuvre ont été livrées fin juillet ; la phase d'épannelage est en cours.

L'entretien / maintenance, nouvelle cible "très performante"

Trois cibles HQE auront été définies comme "très performantes" : la gestion de l'énergie, la gestion de l'eau et la gestion des déchets. En cours de chantier, la cible "maintenance et entretien" aura gagné du galon en passant de "performant" à "très performant". Ainsi que l'explique l'architecte Alain Schnaidt, AMO HQE de l'agence S'Pace sur cette opération, « lorsque nous avons confronté cette cible à la réalité terrain, nous nous sommes aperçus que nous étions allés au delà des exigences requises, ce qui nous a permis de facto ce surclassement. »

Les cibles de gestion de l'eau, de l'énergie et des déchets apparaissent pour l'heure comme les véritables guidelines du projet. Les circulations sont entièrement éclairées zénithalement (hauteur sous plafond de 2,30 m), tandis que deux grands patios intérieurs, l'un traité en minéral et l'autre davantage en végétal (avec plantations), assurent une même fonction d'éclairage naturel. En même temps, ils facilitent l'orientation dans l'ouvrage. Un plancher chauffant rafraîchissant, alimenté par une pompe à chaleur eau/eau, sera mis en œuvre d'ici peu. Le système fonctionne à partir de pieux verticaux enterrés à 30 m de profondeur, permettant ainsi de puiser dans la nappe en sous-sol.

Le difficile dossier du recyclage des eaux pluviales

Le poste "gestion des eaux pluviales" aura buté sur la difficulté de trouver une entreprise à même de mettre en œuvre le matériel de récupération des eaux de pluie. Cette dernière n'est pas toujours vue d'un bon œil par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), notamment en ERP. « Nous avons résolu un problème auquel nous sommes peu habitués dans le bâtiment. Car finalement, nous avons trouvé l'entreprise et les matériels pouvant satisfaire à cette exigence de bonne gestion de l'eau, ce qui est apparu complexe pour un ouvrage d'une telle importance, car inédit », souligne Alain Schnaidt.

Une exigence qui est tout sauf un gadget, comme le précise Dominique Bulle, responsable de la "cellule énergie" à la Mairie des Mureaux qui porte à bouts de bras le projet : « Les eaux pluviales serviront à alimenter les sanitaires, ce qui nous permettra d'économiser 500 m3 d'eau chaque année, soit 1 500 € sur notre facture d'eau par rapport à notre consommation actuelle, les sanitaires représentant la moitié de notre consommation d'eau annuelle. L'ouvrage des Mureaux sera pionnier en matière de récupération des eaux pluviales : ce sera le premier hôtel de ville en France à utiliser ce procédé de recyclage des ressources naturelles. » Notons également que la mise en œuvre de 16 m² de panneaux solaires permettra de produire 60 % des besoins en consommation électrique pour la production de l'eau chaude sanitaire.

Climatisation passive à tous les étages

Dans le même esprit, l'ouvrage sera dépourvu de tout système de climatisation actif, limitant ainsi la consommation énergétique et privilégiant du même coup le "night-cooling" ou rafraîchissement nocturne, l'autre nom de la climatisation passive. L'amplitude thermique extérieure / intérieure devrait être de 5 degrés, un ratio également obtenu grâce au plancher rafraîchissant mais aussi grâce à une orientation des grandes façades de l'ouvrage en est et ouest. Des persiennes extérieures mobiles en aluminium agiront pour leur part en qualité de brise-soleil. Enfin, la GTC veillera sur neuf unités de chauffage, ce qui permettra de réguler le bâtiment par façade et par zone. Ainsi que l'explique le site Internet de la ville, « le pôle administratif consommera 15 % d'énergie en moins par rapport à une construction classique, principalement grâce à l'isolation, aux rupteurs de ponts thermiques avec isolation dans les renforts de plancher, aux vitrages isolants type Eco+, aux panneaux solaires qui fourniront de 40 à 60 % de nos besoins en eau chaude, à la récupération des eaux de pluie pour les toilettes et l'arrosage. Tous ces gains s'ajoutent aux économies produites par la gestion d'un seul et unique bâtiment, au lieu de services administratifs éparpillés dans des locaux anciens dont les charges coûtent cher, comme c'est le cas aujourd'hui. »

Dans le respect de la programmation HQE

Salle du conseil

Pour l'heure, la gestion des déchets est accaparée par la gestion du chantier en lui même. Parce que le bâtiment est dans un site contraint, la maîtrise d'ouvrage a veillé au maximum à limiter les nuisances sonores, mettant notamment en place un numéro vert pour les riverains, une hot line qui, pour le moment, n'a pas eu a recueillir de plaintes au sujet du bruit, de l'aveu même de Dominique Bulle. Ainsi que le note l'architecte de l'opération présente lors de cette visite de chantier, Marie Barlatier, « le respect des proportions avec le bâti environnant s'est imposé par delà la cible de bonne insertion car nous avons dès le départ prévu de "casser" la façade Est pour l'assouplir par rapport à la petite rue attenante ». La réutilisation en façade de pierres provenant de la démolition de maisons accolées à la mairie et dans lesquelles travaillaient un certain nombre d'agents participe à cette volonté de bonne insertion dans l'existant.

Alain Schnaidt résume assez bien le hiatus d'une telle opération : « L'important en matière de construction HQE, c'est de s'accorder sur les cibles à réaliser, ce qui, chose faite, conduit à la difficulté de trouver les matériaux qui sauront satisfaire à la mise en application de ces objectifs environnementaux. »