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Réaction et résistance au feu : l'impact de l'Europe

L'une des exigences essentielles de la DPC porte sur la sécurité incendie. Elle vise à faire en sorte que : la stabilité des éléments porteurs de l'ouvrage puisse être garantie pendant une durée déterminée ; l'apparition, la propagation et l'extension du feu soient limités ; les occupants puissent quitter l'ouvrage indemne ; la sécurité des équipes de secours soit prise en considération. Pour atteindre ces objectifs, il a fallu adopter des méthodes identiques en Europe pour déterminer les classements de réaction au feu et de résistance au feu des produits de construction.

Côté Réaction au feu

Les produits de construction peuvent jouer un rôle très important dans le développement d'un incendie. Certains peuvent contribuer de manière importante au développement du feu et à l'atteinte du phénomène d'embrasement généralisé ("flash-over"). Cet aliment qui peut être donné au développement de l'incendie est la réaction au feu des produits de construction. Il a fallu du temps pour harmoniser les classements et les essais sur la réaction au feu des produits. Car pour assurer la libre circulation de ces produits, les États membres devaient les classer selon les mêmes critères et utiliser les mêmes méthodes et appareils d'essais.

Les Euroclasses de réaction au feu

Euroclasses de réaction au feu et niveaux de sollicitation thermique.

Le système des Euroclasses de réaction au feu partage les matériaux de construction en deux familles : les sols et les autres produits. Il est construit autour de trois niveaux de sollicitation thermique représentatifs de diverses phases de développement du feu. Il s'agit, par ordre de sollicitation croissante, des niveaux suivants : attaque ponctuelle par une petite flamme (pour les deux familles de produits) ; feu pleinement développé dans une pièce voisine (pour les revêtements de sol) ou sollicitation thermique par un objet en feu (pour les autres produits) ; feu pleinement développé dans la pièce (pour les deux familles).
Il s'appuie sur des essais dont les résultats permettent de ranger les produits dans sept euroclasses :

  • les produits peu ou très peu combustibles : classes A1 et A2 (ou A1FL et A2FL pour les sols - l'indice FL signifie "floor'')
  • produits combustibles dont la contribution au flash over est très limitée (classe B ou BFL), limitée (classe C ou CFL) ou significative (classe D ou DFL).
  • les produits combustibles dont la contribution à l'embrasement généralisé est très importante (classes E ou EFL et F ou FFL).

L'abandon de la classification "M"

L'arrêté du 21 novembre 2002 publié au Journal Officiel du 31 décembre 2002 met en application le système d'euroclassification de réaction au feu. Ainsi, les classes A1 à F remplacent M0 à M4, dès lors que le marquage CE du produit concerné entre en vigueur. C'est le cas par exemple des isolants, des panneaux à base de bois, des plafonds tendus ou suspendus, des revêtements de sols, carreaux de plâtre… Lorsque le marquage CE d'un produit n'est pas encore en vigueur, le choix est laissé à l'industriel de faire évaluer par un laboratoire agréé soit le classement M, soit l'Euroclasse. Cet arrêté de transposition définit des règles d'acceptabilité des classes européennes en réponse aux exigences de la réglementation française, lesquelles demeurent, dans un premier temps, exprimées en classement M.

Réaction au feu : nouvel appareil d'essai européen.
Essai de résistance au feu d'un assemblage en bois.

Côté Résistance au feu

Lorsqu'un incendie se développe, les éléments de construction, doivent assumer leur fonction malgré les effets du feu. La stabilité des éléments de structure doit être assurée pendant toute la durée nécessaire à l'évacuation du bâtiment. Les parois qui assurent la séparation entre les différents compartiments de l'ouvrage doivent limiter la propagation du feu. L'évacuation doit se faire dans une atmosphère respirable et claire. Le fonctionnement de certains équipements, tels que les câbles d'énergie ou de télétransmission, doit être garanti malgré les effets du feu. Harmoniser, à l'échelle de l'Union européenne, les moyens d'évaluer les performances de résistance au feu des produits de construction requiert donc que les états-membres utilisent les mêmes procédures d'essais et classent selon les mêmes critères. C'est chose faite avec le nouveau système des euroclasses de résistance au feu qui implique un changement de langage. Ainsi, la stabilité au feu - SF est désormais symbolisée par la lettre R (résistance), le classement pare-flammes - PF par E (étanchéité au feu) et l'isolation thermique intervenant dans le degré coupe-feu - CF par I (isolation). De même, la mesure des durées de résistance est désormais indiquée en minutes et non en heures. Autres nouveautés du système européen: le critère d'action mécanique - M correspondant à un choc mécanique après attaque par le feu, la limitation du rayonnement - W transmis par l'élément de construction et l'étanchéité aux fumées - S.

L'abandon des classements SF, PF et CF

L'arrêté du 22 mars 2004 publié au journal officiel du 1er avril 2004, transpose dans la réglementation française la classification européenne pour la résistance au feu des produits de construction. Sauf cas particulier, les essais sont désormais pratiqués selon les nouvelles normes européennes. Pour laisser aux industriels le temps nécessaire à l'adaptation de leurs produits, une période transitoire d'une durée de 7 ans a été ménagée. Néanmoins, ce délai est écourté lorsque le marquage CE entre en vigueur et l'euroclasse de résistance au feu doit alors être affichée sur l'étiquette CE. C'est le cas par exemple des kits de cloison, écrans de cantonnement des fumées, exutoires de fumées, ventilateurs de désenfumage. Autre innovation introduite par cet arrêté : la place accordée à l'ingénierie du feu. Il s'agit d'imaginer des scénarios d'incendie à partir des données propres à l'ouvrage : géométrie, nature, quantité et caractéristiques des matières combustibles susceptibles d'être impliquées dans le feu, conditions de ventilation…, et déterminer la résistance des éléments de construction face aux sollicitations thermiques calculées.