Archives

ERP : désenfumage et comportement au feu des isolants

Parmi les nouveautés, l'introduction d'une approche performantielle, basée sur l'analyse de scénarios de feu, offrant désormais la possibilité de s'écarter des solutions classiques en justifiant les choix et dimensionnements par des études spécifiques dites études d'ingénierie du désenfumage. Ces études sont réalisées par des organismes reconnus compétents par le ministère de l'intérieur, dont le CSTB fait parti. En parallèle, la Directive Européenne relative aux produits de la construction impose de nouvelles spécifications aux composants des installations de lutte contre l'enfumage : nouvelles exigences de conception, nouveaux essais de performance, et au final le marquage CE de ces produits.

L'Europe impose de nouvelles exigences aux composants des systèmes de désenfumage

Depuis le 1er septembre 2005, les écrans de cantonnement des fumées, exutoires de fumées et ventilateurs de désenfumage ne peuvent plus être mis sur le marché sans être marqués CE. Pour obtenir l'autorisation d'apposer le marquage CE, le fabricant doit soumettre ses produits à de nouveaux essais portant sur les performances et la fiabilité des composants. Par exemple, les exutoires de désenfumage sont soumis à des essais aérauliques, de résistance au feu, de fonctionnement à basse température, sous charge de neige, de vent... De plus, le système de contrôle de la qualité de la production mis en œuvre par le fabricant fait l'objet d'un audit initial et de visites d'inspection régulières.

Comportement au feu des isolants

Les produits de construction peuvent jouer un rôle important dans le développement d'un incendie, et contribuer à l'embrasement généralisé. Il est important que les personnes évacuent longtemps avant l'apparition de ce phénomène. Des mesures spécifiques sont prises par la réglementation relative aux établissements recevant du public pour éviter ou retarder l'embrasement généralisé. Elles portent notamment sur les matériaux de la construction qui sont soumis à des exigences de réaction au feu mesurées lors d'essais. Les isolants dont certains, en l'absence de protection, peuvent accroître les dangers en cas d'incendie sont soumis à cette réglementation, applicable depuis le 29 décembre 2004 et obligatoire pour les constructions dont le permis de construire sera déposé après le 31 décembre 2005.

Ces mesures de renforcement de la sécurité en cas d'incendie dans les ERP sont décrites dans la nouvelle rédaction de l'article AM 8 (cf arrêté du 6 octobre 2004 publié au JO du 29 décembre 2004). Elles prescrivent l'emploi d'isolants qui ne contribuent pas au feu ou, à défaut, leur protection par des écrans thermiques. Ainsi les produits d'isolation, dont l'épaisseur d'isolant est supérieure à 5 mm (10 mm en sol) doivent disposer d'une classe de réaction au feu A2-s2, d0 en paroi verticale, plafond ou toiture, et A2FL-s1 en plancher au sol. Si tel n'est pas le cas, l'isolant doit être protégé par un écran protecteur jouant son rôle pendant au moins ¼ heure pour les parois verticales et sols et ½ heure pour les plafonds. Les écrans aptes à assurer cette fonction et les conditions de leur mise en œuvre sont décrits dans le guide d'emploi des isolants combustibles dans les ERP, annexé à l'arrêté du 6 octobre 2004.

Modélisation du mouvement des personnes évacuant un bloc de gradins dans le zénith de Strasbourg
Modélisation de l'enfumage du parc des expositions d'Angoulême.
Réalisation d'une cloison de grande hauteur intégrant un isolant

Premières études sur bâtiments "hors normes"

L'article DF4 de l'arrêté du 22 mars 2004 permet, pour le dimensionnement des systèmes de désenfumage, le recours à l'ingénierie en alternative aux règles prescriptives. Cette évolution de la réglementation a rapidement conduit plusieurs maîtres d'ouvrages à confier des études au CSTB. Il s'agit de bâtiments plutôt « hors normes » comme le Zénith de Strasbourg, le Parc des Expositions de la Communauté d'agglomération du Grand Angoulême, le satellite S3 de l'aérogare 2 de Roissy Charles de Gaulle ou encore le Grand Palais à Paris.

La démarche proposée par le CSTB correspond aux règles de l'art actuelles en matière d'ingénierie de la sécurité incendie. Elle vise à faire converger le point de vue des autorités compétentes en matière de sécurité incendie et celui du maître d'ouvrage, confronté à la recherche d'un équilibre coût/sécurité optimal. La méthodologie adoptée s'appuie sur cinq étapes : définition des objectifs du système de désenfumage et choix des critères de jugement de son efficacité ; identification des foyers potentiels et choix de scénarios d'incendie ; estimation de la durée de l'évacuation du public ; calcul de l'enfumage généré au cours du temps par les scénarios d'incendie pour les différentes configurations de désenfumage envisagées ; analyse des résultats et aide à la décision.

Tous les acteurs (services de secours, exploitants, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre, contrôleurs techniques...) sont associés à chacune des étapes. Les études fournissent des éléments objectifs d'aide à la décision, permettant ainsi un dimensionnement du système de désenfumage adapté aux spécificités de l'ouvrage (géométrie, occupation, nature de l'exploitation...). Elles permettent, en outre, d'apprécier la pertinence de la stratégie de mise en sécurité en fonction des conditions susceptibles de régner au moment de l'incendie et de fournir des recommandations sur les choix finals à effectuer en matière de dispositions d'exploitation.