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Protocole d'essai pour barrières anti-inondations

A la demande du ministère de l'Écologie et du Développement Durable, le CSTB a conçu un protocole d'essai pour les barrières anti-inondations. Une première pour ce type de produit. Subventionnés par le ministère, plusieurs industriels ont soumis leurs produits à cette série d'essais.

Populations traumatisées, dégâts immobiliers et pertes de biens mobiliers : les conséquences des inondations sont lourdes. Leur répétition dans certaines régions incite les usagers à rechercher des moyens de protection efficaces face à la montée des eaux. Le marché des protections, fortement développé depuis 1995, offre aujourd'hui de nombreux produits, conçus avec des matériaux modernes, ou reprenant des techniques ancestrales. Mais en l'absence de normes et d'essais, rien ne permet à l'usager de connaître l'efficacité du produit et les conditions de son utilisation.

Le ministère de l'Écologie et du Développement Durable qui, depuis trois ans, a engagé une politique de réduction de la vulnérabilité des biens, a lancé une étude sur les barrières anti-inondations à monter par les sinistrés. « Les associations de sinistrés nous faisaient remonter des informations sur ces produits et sur le fait que les batardeaux sont empilés les uns sur les autres ; le particulier se murant alors chez lui, confie Claire Boulet-Desbareau, chargée de mission mitigation au ministère de l'Écologie et du Développement Durable. Cela nous a convaincus de la nécessité de tester, et surtout d'encadrer, leur utilisation par les particuliers. »

L'essai "de la belle-mère"

« Au-dessus d'un mètre, il est utopique, voire dangereux, de vouloir  empêcher l'eau d'entrer, car il faut équilibrer les pressions d'eau des deux cotés, rappelle-t-elle. En cas de forte inondation, un batardeau permet de gagner du temps pour surélever ou monter à l'étage ce qui peut l'être en attendant les secours. Il doit pouvoir être enjambé par un adulte venant porter secours ou ravitailler, en toutes circonstances. C'est les raisons pour lesquelles nous avons limité l'étude aux barrières anti-inondations de 1 mètre fixées sur les portes. »

L'objectif de ce travail, mené avec le CSTB, était double. Il s'agissait d'une part, d'amener les industriels à faire tester leurs produits et, d'autre part, de disposer d'éléments de recommandations techniques et d'utilisation pour les professionnels du bâtiment, les services techniques de collectivités et les particuliers. Rien n'ayant jamais été fait, la première démarche du CSTB a consisté à concevoir, tester et valider, avec des industriels, un protocole d'essai adapté composé de trois tests.

Le premier consiste à vérifier l'étanchéité à 48 heures. Engoncée dans un caisson en béton aux dimensions d'une ouverture de porte, la barrière anti-inondation est soumise à la pression d'un mètre d'eau ; le phénomène de courant est également pris en compte. Le second essai, dit de la "belle-mère", évalue la résistance du batardeau au choc d'une charge simulant le choc d'une barque menée par deux pompiers. L'étanchéité est à nouveau mesurée pour s'assurer qu'aucune déformation ne la remet en cause. Le dernier essai, inspiré des essais normalisés de panneaux de bardage, concerne les flexions pour vérifier la résistance mécanique de l'ensemble.

« Une fois le protocole au point, nous avons proposé aux industriels de faire tester leurs produits par le CSTB. Pour les y inciter, le ministère a subventionné une partie du coût », précise la chargée de mission. Trois industriels se sont prêtés à la démarche. « Par convention, seul l'industriel peut faire état des résultats d'essais. Mais nous allons exploiter les principaux enseignements de cette campagne pour informer les professionnels du bâtiment d'une part, et les services techniques des collectivités, d'autre part, sur les caractéristiques techniques les plus efficaces et les recommandations de mise en œuvre. »

Penser globalement la protection

Grâce à cette étude, la connaissance a progressé sur le comportement de ces équipements et sur leurs conditions de montage / démontage / entretien. La malléabilité de la barrière doit permettre un montage en moins d'un quart d'heure. Enfin, pour apporter une bonne efficacité, la barrière doit être associée à d'autres protections pour les bouches d'aération, les fenestrons de caves…, par exemple. La protection nécessite une approche globale que certains industriels ont adoptée. D'autres vont plus loin en proposant une pré-visiste du lieu à protéger.

Il reste néanmoins beaucoup à faire pour profiter de cette connaissance aux particuliers. « En 2005, nous lancerons une campagne avec la presse grand public et nous étudierons, avec les surfaces de bricolage, le principe de fiche d'accompagnement du produit », conclut Claire Boulet-Desbareau. Les inondations touchant toute l'Europe, peut-être peut-on espérer pour l'avenir la mise au point d'une norme européenne ?