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Une nouvelle agora pour la ville d'Echirolles

« Croissance champignon », tel est le process urbain pouvant caractériser la ville d'Echirolles. Du statut de village à la Libération, elle a dû accomplir sa révolution urbaine en un peine plus d'un demi-siècle, en oubliant l'essentiel : se créer un cœur de ville.

Depuis une quinzaine d'années, il s'est donc agi de créer de toutes pièces un centre ville, à l'instar des villes nouvelles qui dans les années 60 étaient érigées au milieu de champs attenants aux grandes villes françaises. Un large secteur central avait à ce propos était préservé de toute occupation dans l'optique future de réaliser un centre communal pourvu notamment d'équipements publics. C'est ainsi que ces dernières années sont venus s'installer dans cette zone laissée préventivement vierge plusieurs équipements d'importance, tels que le lycée Marie Curie, un multiplexe, un pôle universitaire ou encore une salle de spectacles.

Ne manquait plus pour dynamiser un peu plus cet espace qu'un hôtel de ville, véritable pierre angulaire d'un centre nouveau, la totalité de ce bâti apportant à la ville une orientation est-ouest contre une actuelle disposition nord-sud. Le futur hôtel de ville de SHON 6000 m² sera construit sur une parcelle vierge d'1,5 hectare. Il s'étirera en retrait de la voirie le long de deux barrettes en R+2 joints par une rue intérieure couverte qui abritera notamment le hall d'accueil.

Un bâtiment structurant à taille humaine

Reste que dans le même temps qu'il affirmera une nouvelle centralité, ce projet permettra aussi d'améliorer les conditions de travail du personnel communal et d'accueil du public. Actuellement, le personnel administratif de la mairie est dispatché sur six sites différents. Les 250 personnes que compte cet effectif travaillent parfois dans des conditions limites, ce qui fatalement n'est pas sans conséquences sur l'efficacité du service rendu aux administrés.

Pour la mairie d'Echirolles, maître d'ouvrage de l'opération, cet ouvrage pour «centralisateur» qu'il sera devra malgré tout être accepté par tous: « la position clé de l'édifice doit être mise à profit pour construire l'espace en implantant un bâtiment structurant à l'échelle du centre cille et représentatif de l'institution, note le dossier de candidature de l'appel à projets de l'Ademe. Cette notion de représentativité ne doit pas s'imposer au citoyen par la solennité de l'œuvre, ou au contraire l'exubérance de l'objet. Il appartient à l'édifice mairie d'affirmer clairement son statut public en conservant une taille humaine, propice à inciter l'usager à s'en approprier l'espace ». Dans le même état d'esprit, l'édifice se veut la nouvelle agora de la cité, et non e représentant de l'inaccessibilité des instances de pouvoir.

Par delà ces déclarations d'intention sur le positionnement futur d'un ouvrage en effet visible de tous et ouvert à tous (rien ne dit en effet qu'il sera vécu comme tel par les habitants, l'architecture n'étant pas une science exacte), la maîtrise d'ouvrage a souhaité s'engager dans une démarche de qualité environnementale d'une construction qu'elle souhaite citoyenne. Elle relie cet engagement à un bagage en la matière qui aura su faire ses preuves. En effet, depuis 1999, la ville s'est engagée dans une politique de développement durable à travers l'élaboration d'un Agenda 21 local dont la publication est attendue très prochainement.

Prémisse à cet engagement : le lancement par le conseil municipal en 1994 d'une Charte d'écologie urbaine composée de 58 cibles. Son bilan en 1999, après la participation d'une centaine de personnes et des allers-retours d'expériences bénévoles entre habitants et techniciens, aura permis des avancées notamment en matière d'aménagement urbain. La démarche HQE est ainsi apparue comme la transition entre charte urbaine et développement durable. La construction d'une école maternelle aura par la suite permis de tester quelques préceptes de construction environnementale. Grande différence d'avec le projet actuel d'Hôtel de ville : la HQE n'avait pas été intégrée dans la phase programmatique mais s'est nonchalamment invitée dans le projet au cours de la phase construction, sans avoir été véritablement travaillée en amont. Non, la Hqe a été intégrée vers la fin de la phase programmation.

Le leitmotiv de la maîtrise des dépenses

Aujourd'hui, forte de cette expérience, la ville d'Echirolles justifie son attachement à construire HQE en prônant l'idée d'un bâtiment performant parce qu'intelligemment pensé. Avec un leitmotiv : « la qualité environnementale est d'abord une forte valeur ajoutée en terme de qualité, sans imposer un surcoût sensible en investissement, afin de rendre cette approche applicable à l'ensemble des réalisations de la collectivité ». Sur ce dernier point, la ville tente actuellement de convaincre un certain nombre de promoteurs présents sur une des ZAC de la ville de construire en respectant certaines cibles HQE, et ne désespère pas de les convaincre de signer en ce sens une sorte de charte d'engagement de bonne conduite environnementale, par delà les seules obligations réglementaires en la matière.

S'agissant du coût de ce futur équipement, la ville a procédé à son estimation par rapport à un ouvrage standard : il ne sera pas plus cher, notamment parce que les solutions techniques auront été pensées très en amont pour éviter un emballement budgétaire. Ainsi que le précise le dossier HQE fourni à l'Ademe, « le but n'est pas ici, pour justifier une démarche HQE, de générer des dispositifs environnementaux (parfois sans réels fondements) ne provoquant qu'un accroissement sensible de l'enveloppe d'investissement. Il s'agissait au contraire de s'interroger sur la manière à enveloppe constante d'utiliser tout dispositif architectural et/ou technique traditionnel pour qu'il représente une plus value pertinente en terme d'environnement ». Ecrit relayé par Jean Caballero, directeur général des services, qui indique que « la ville souhaite montrer avec ce projet qu'il est possible de construire pour le même coût du tertiaire qui prend en compte les problématiques de développement durable ».

Ouvrage initiateur d'urbanité, l'hôtel de ville d'Echirolles devra combiner des obligations qui rendent son intégration dans son site particulièrement sensible, d'où la cible « relation harmonieuse du bâtiment avec l'environnement immédiat » classée comme très prioritaire.

Par ailleurs, il s'agira de combiner tout à la fois la représentativité de l'institution, la structuration de l'espace, la liaison de l'édifice avec son environnement immédiat, la qualité de vie et des ambiances pour les usagers, l'accessibilité et la qualité d'usage pour tout type de public, la réduction optimale des nuisances durant les travaux comme lors de l'usage du bâtiment, etc. D'où les autres cibles suivantes notées comme très prioritaires : chantier à faibles nuisances, gestion énergétique, entretien et maintenance, confort hygrothermique, confort visuel.

Penser coût global

Valérie Vacchiani, responsable de la mission environnement et du service déchets urbains, instance créée par la ville d'Echirolles en 1997, considère pour sa part que « la HQE n'est ni plus ni moins qu'une démarche de développement durable appliquée au bâtiment. Dans cette optique, nous avons effectué une évaluation énergétique sur les six sites actuellement utilisés par notre personnel, et nous savons d'ores et déjà que le regroupement en un même lieu de ces différentes entités entraînera de facto une substantielle économie d'échelle. Cela participe de la réflexion conduite sur la démarche de coût global, laquelle est le levier principal de la démarche HQE ».

Par exemple, en matière de gestion énergétique, un ratio général de consommation du bâtiment devra servir de garde fou et motiver les nombreuses actions d'économies d'énergie afin de garantir son obtention. Le besoin interne tous usages et énergies confondus est ainsi évalué à 100 kWh/m²/an.

Autre exemple avec le confort hygrothermique : la température intérieure en été devra être inférieure à 27 degrés C sauf 5 jours par an où le maître d'ouvrage accepte une dérive de température en maintenant un différentiel entre température intérieure et extérieure de 6 degrés.

« Nous nous posons de nombreuses questions sur la pertinence de la certification HQE, poursuit Valérie Vacchiani, d'où l'intérêt de cette expérimentation qui va permettre de tester et de découvrir des projets tous très différents les uns des autres. Par ailleurs, en imposant à la maîtrise d'œuvre d'intégrer des compétences en matière de HQE, nous voulions lui signifier que cette dernière se doit de faire partie de sa culture architecturale, ce qui est loin de là toujours le cas ». Ainsi le nouvel hôtel de ville d'Echirolles sera HQE ou ne sera pas.

Fiche technique

  • Maîtrise d'ouvrage : Ville d'Echirolles
  • Maîtrise d'œuvre : Cabinet Arcane, Cabinet R2K, Cabinet Charon-Rampillon
  • Conseil HQE de la maîtrise d'œuvre : Etamine
  • Conseil HQE de la maîtrise d'ouvrage : Addenda AMO
  • Economiste : SETI AMO
  • Ergonome : IDENEA
  • Budget prévisionnel : 11,4 millions d'euros TTC

Calendrier

  • Printemps 2001 : programmation
  • Février 2002 :réflexion sur les futures orientations HQE
  • Février 2002 : concours
  • Juin 2002 : désignation du lauréat
  • Septembre 2003 : APD
  • Novembre 2003 : DCE
  • Mars 2004 : ouverture des plis
  • Mai 2004 : début des travaux
  • Premier trimestre 2006 : livraison du chantier