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Une caserne s'ouvre à la ville

C'est un projet qui comporte 15 cibles HQE, contre 14 dans le référentiel, valeur étalon de la démarche environnementale. C'est un projet qui se veut aussi bien un exemple de « belle architecture intelligente » qu'un support pédagogique pour « inciter le personnel et le public à adopter une attitude environnementale », une quinzième cible matérialisée par exemple par la mise en œuvre de matériaux de construction faciles à entretenir (incidence sur les coûts de fonctionnement) ou le renforcement de la présence du végétal sur la parcelle.

L'objectif du projet baptisé « nouvelle DDE » consiste à réunir en un même lieu les services du siège (soit quelque 227 agents permanents et 17 non permanents pour un effectif global de 1 100 personnes sur l'ensemble du département) aujourd'hui localisés sur cinq sites différents. Eclatement des services et vétusté des locaux, , manque d'efficacité dans la relation usagers-agents de l'Etat, coût de gestion et cohésion interne difficile, autant d'éléments qui auront poussé à penser à « faire construire ».

Supprimer la sensation de château fort

Il s'agit ici d'un projet où l'insertion urbaine est capitale : ainsi que le précise le document de cadrage de la DDE, « c'est le témoin paysager qui semble le plus intéressant ou plus exactement la permanence d'un certain vide devant les fortifications, alors que tout le reste du périmètre a été loti ». Car la caserne Mangin est enserrée dans des frontières fortes, avec au sud une voie ferrée à l'emplacement des fortifications (à l'avenir peut être réhabilitée en coulée verte) et au nord une large saignée qu'est le boulevard de Cognehors.

Comme souvent, les casernes provoquent du vide urbain de par leurs imposantes emprises mais également parce qu'elles sont peu ouvertes sur l'extérieur, et c'est encore une fois le cas à La Rochelle. D'où l'idée de tirer partie de cette imposante présence pour ouvrir partiellement cette enclave sur la ville grâce à l'aménagement d'espaces plantés et de mails qui rendront lisibles la continuité du tracé des fortifications et l'épaisseur du site.

Le choix du site Mangin s'est fait dans un souci constant de transparence, de démocratie et de concertation avec le personnel concerné. Ainsi, pas moins de vingt sites auront été depuis 1997 recensés et étudiés tels que celui dit de « la ville en bois » dans la partie nord du quartier des Minimes, du « Champ de Mars » proche du centre-ville ou encore de « l'îlot Congo », partie du domaine public portuaire, des sites tous unanimement rejetés par le personnel en raison notamment de leur difficulté d'accès.

Un site d'implantation plébiscité par le personnel de la DDE

Le site Mangin, plébiscité notamment (attention à ce qu'il n'y ait pas confusion avec les transports en commun, lesquels ne sont pas encore au point !)pour la surface disponible, occupe un quadrilatère régulier bordé au nord par le boulevard Cognehors et à l'est par l'avenue des Cordeliers. Il correspond à une division de 8 hectares de l'îlot Mangin attribuant 12 000 m² à la DDE, dans l'angle nord est de l'îlot.

Le Ministère de l'Intérieur, actuel propriétaire, préservera les 2/3 de ces trois hectares pour y construire son futur Hôtel de Police ainsi que des logements pour CRS. Aujourd'hui, le site est parcouru de casernements et d'édicules sans valeur architecturale qui seront détruits pour offrir au projet un terrain nu. Certains des blockhaus qui ça et là parsèment les lieux devraient pour leur part être préservés.

Le bâtiment de la DDE s'organisera en trois parties : un alignement sur le boulevard Cognehors avec en rez-de-chaussée la logistique et les moyens généraux et aux étages par notamment les services « grands travaux », un traitement d'angle constituant la façade d'entrée à double accès avec un parvis traversant constitué à rez-de-chaussée par l'accueil, la formation, la documentation et à l'étage par la Direction et le secrétariat Général, et enfin une ailevers la ville au sud formée à rez-de-chaussée par la subdivision. Quant à l'architecture elle même, elle se veut la traduction concrète du principe d'ouverture à la ville qui se matérialise notamment par la faible hauteur du bâti et par la mise en œuvre de matériaux « humbles » en façade : la pierre de taille de texture et de couleur locale pour le socle, des ensembles en aluminium vitrés par différents types de vitrage en fonction des orientations, et enfin des panneaux individualisés en bois coloré pour ajouter du rythme. Les volumes sont soulignés par des corniches saillantes en béton armé préfabriqué au sud et à l'ouest.

Un groupement pour l'assistance HQE

Un ouvrage imaginé dans son rapport à la ville donc, mais en adéquation avec les exigences environnementale, urbanistique et paysagère délivrées au maître d'œuvre. Car la DDE de Charente-Maritime veut montrer l'exemple, en bordant son projet de toutes les précautions environnementales d'usage. Et ce toujours en concertation avec l'ensemble du personnel. Ainsi que l'explique Jean-Charles Prieur, chargé d'opérations au sein de la cellule constructions publiques (CPBA) de la DDE 17, « nous avons conduit un audit interne auquel à participé un tiers des agents concernés par le projet de déménagement afin que chacun puisse apporter sa vision de son futur poste de travail. En croisant ces choix avec le référentiel HQE, il est apparu que certaines exigences se rejoignaient, la principale étant justement celle de la bonne intégration de l'ouvrage dans son environnement immédiat. Se sont ajoutées des cibles HQE notées très prioritaires comme celle de chantier à faibles nuisances (dans la même logique de limitation de l'impact sur le quartier d'implantation) et de gestion de l'énergie, de l'entretien et de la maintenance. Sur ce dernier point, l'éclairage naturel, la qualité de l'air, le confort thermique se sont imposés d'eux mêmes, les agents de la DDE ayant des réflexes HQE sans le savoir ».

Afin d'aller plus avant dans la démarche, la maîtrise d'ouvrage, consciente des limites internes de ses compétences en matière de HQE, s'est tournée tout naturellement vers un AMO afin de quantifier plus précisément les choix mais aussi de les insérer dans un programme précis. Cette mission a été confiée à un groupement formé par la société mandataire Oasiis, l'architecte Sophie Brindel Beth, le BET Climat Conseil, et enfin le Laboratoire d'étude des phénomènes de transferts appliqués au bâtiment (LEPTAB) de la Rochelle.

Une vison claire de la notion de HQE

Une alliance dont la vision de la conception HQE d'un ouvrage est très clairement explicitée dans une note méthodologique sur le projet rochellais : « la conception environnementale d'un bâtiment regroupe à la fois un certain nombre de considérations déjà connues par les acteurs de la construction mais souvent mal maîtrisées (maîtrise de l'énergie, confort thermique), et un ensemble de disciplines nouvelles qui tendent à devenir incontournables (gestion des déchets, économies d'eau, techniques de déconstruction). La démarche HQE constitue alors une approche transversale sur l'ensemble des disciplines assortie d'une obligation de continuité sur l'ensemble des phases du projet ».

Pour la DDE, l'engagement dans un expérimentation de certification HQE l'aura faite passer du statut d'amateur à celui d'incubateur. En somme une des fonctions d'un ministère constructeur.

Cibles très prioritaires

  • Confort hygrothermique,
  • confort visuel,
  • confort acoustique extérieur
  • Qualité de l'air
  • Intégration au site
  • Gestion de l'énergie
  • Chantier vert
  • Maintenance des installations et du bâtiment
  • Cible n° 15 : pédagogie

Cibles prioritaires

  • Confort acoustique et olfactif
  • Qualité sanitaire
  • Gestion de l'eau
  • Gestion des déchets
  • Choix des matériaux

Calendrier des opérations

  • Décembre 2003 : phase APD
  • Mars 2003 : phase élaboration DCE
  • Décembre 2004 : lancement consultation des entreprises
  • Février 2005 : début des travaux
  • 1er trimestre 2007 : livraison de l'ouvrage
  • Budget prévisionnel : 10 millions d'euros hors coût de démolition et d'acquisition de la parcelle

Fiche technique

  • Maîtrise d'ouvrage : Direction départementale de l'Equipement de la Charente Maritime
  • Groupement lauréat du concours de maîtrise d'œuvre : atelier d'architecture Badia-Berger Sarl, mandataire ; LGX Ingénierie Sarl, BET tous corps d'état ; Espaces Recherches et Aménagement, paysagiste ; Hubert Pénicaud, coordonnateur HQE AMO HQE : groupe Oasiis, Climat Conseil, Sophie Brindel-Beth architecte, LEPTAB de la Rochelle