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Confort thermique à la gare d'Avignon

C'est à sa Direction de l'Innovation et de la Recherche que la SNCF a demandé de diriger le projet. Corinne Talotte en a pris la responsabilité. Elle a travaillé avec le CSTB, retenu à la suite d'un appel d'offre. « Le CSTB est connu pour ses compétences en mesure de mécanique des fluides et thermique, souligne-t-elle. Nous recherchions aussi un partenaire capable d'associer des équipes complémentaires offrant une bonne interactivité. » Avec les ingénieurs développement durable du CSTB de Marne-la-Vallée et ceux de Nantes, spécialisés en climatologie, le CSTB a apporté des méthodes, des outils et un savoir-faire.

Une première expérience avait été réalisée par le CSTB à la gare de Reims dans des conditions hivernales. Cette fois, il s'agissait de conduire l'opération en été dans la gare TGV d'Avignon. « Nous voulions en quelque sorte photographier le comportement des températures de la gare à l'intérieur et à l'extérieur », explique Emmanuel Fleury qui dirigeait l'équipe de Champs sur Marne. Pour réaliser la "photo", de nombreuses données ont été prises en compte : température de l'air, humidité ambiante, turbulences, direction des flux… L'objectif étant de mener des études de confort, on n'a pas hésité à multiplier les mesures à bon escient, par exemple à tenir compte des effets parois. « Les parois vitrées, nombreuses à la gare d'Avignon, ont une incidence en termes de confort, commente l'ingénieur. Nous avons par exemple utilisé une grosse boule de cuivre contenant une sonde qui mesurait la température contre les parois et l'air ambiant qu'elle contenait. C'était plus représentatif pour avoir la mesure de la sensation de froid ou de chaud. »

L'équipe de Nantes a fourni ses capteurs. « Nous les avons étalonnés, mis en place et suivi sur informatique les données qui étaient recueillies, dit Yves Tétard du département Climatologie Aérodynamique Pollution Epuration du CSTB. Un matériel spécifique pour l'extérieur a même été conçu. Nous avons utilisé des mâts télescopiques de manière à installer des sondes en hauteur. »

L'oeil sur la météo

Au-delà des moyens techniques mis en œuvre, un important travail de préparation a été nécessaire avec la SNCF. « En effet, explique Corinne Talotte, nous voulions intervenir sans perturber le trafic des voyageurs à cette période de vacances. Et puis, dans ce type d'environnement, il y a des règles de sécurité à respecter formellement. Nous avions aussi fixé une contrainte : n'opérer que durant une semaine de beau temps sans trop de vent. Tout cela nous a conduit à exiger des manipulations bien rôdées avec des équipes expérimentées. »

A Nantes comme à Marne-la-Vallée, les ingénieurs observent la météo. L'opération doit durer une semaine, sur une plage d'un mois. Un planning est remis à jour en permanence pour pouvoir disposer des équipes nécessaires au moment où la mission sera décidée. La fin de l'été approche. La semaine 37 arrive. Pas de vent. Temps ensoleillé. Nous sommes le 6 septembre. Les mesures commencent. Et durent jusqu'au 10. « Chaque jour, nous avons les résultats tout en mettant en forme les données, se souvient Emmanuel Fleury. Le temps était compté. Nous ne pouvions pas laisser passer d'erreurs ou d'aberrations. »

Critères de "confort perçu"

« Et ce n'était pas évident, commente Corinne Talotte. Nous avions beaucoup travaillé avec le CSTB en amont pour déterminer les points de mesure et nous avions fait des enregistrements dix jours avant pour comparer. Finalement, la mission s'est bien déroulée et nous avons obtenu les résultats que nous voulions. »

Aujourd'hui, la SNCF a de nombreuses données à analyser, à synthétiser, à mettre en perspectives avec les enquêtes réalisées auprès de ses clients pour évaluer des critères de "confort perçu" à la fois scientifiques et humains. A la suite de cette mission, de précieux indicateurs vont apparaître. Ils permettront d'identifier ou de concevoir des moyens de régulation thermique. Et bientôt, les gares seront de plus en plus confortables. Été comme hiver.