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Ambassade de France à Varsovie : verre en plus, austérité en moins

Construite entre 1962 et 1970 par les architectes français Bernard Zehrfuss, Henri Bernard et Guillaume Gillet, l'ambassade est engoncée dans une structure métallique formée d'une série de dix poteaux extérieurs qui supportent des plateaux suspendus et l'enveloppe en aluminium moulé imaginée par Jean Prouvé. Tout l'intérêt du travail de Jean-Philippe Pargade réside dans la préservation et la mise en valeur de ces portiques monumentaux et par la construction du vide existant entre les deux corps de bâtiments. Ainsi que le note un rapporteur spécial du Sénat, « ces travaux permettront de réorganiser l'utilisation des espaces et de privilégier une image d'accueil et d'ouverture vers l'extérieur, ce qui est loin d'être le cas de ce bâtiment, construit en pleine guerre froide. »

C'est aussi pour rendre l'ouvrage moins austère qu'une verrière au dessus de l'ensemble de l'ouvrage a été créée, en surplomb de l'atrium. Ce dernier, exempt de tout plancher intermédiaire, montre des façades en verre à l'accroche particulièrement étudiée. Pour laisser place à ce "lien verrier unifiant", ainsi que le définit Georges Chailleux, chef du bureau d'études de l'entreprise Laubeuf, les toitures terrasses béton ont été cassées pour laisser place à des éléments verriers. L'ATEx porte à la fois sur la verrière et sur les façades de l'ample atrium de surface au sol 14 sur 24 m. La verrière de 700 m², à laquelle s'ajoutent 171 m² de panneaux opaques, est de conception traditionnelle. Mais sa faible pente de 5 %, l'absence de capot porteur sur les traverses et les joints de silicone entre les bords des vitrages obligeaient une procédure d'ATEx.

Sérigraphie dominante

Deux parties constituent cette verrière : la zone atrium entre deux files et la zone courante située de part et d'autre. 80 % des éléments verriers sont sérigraphiés. La verrière est formée de vitrages portants sur deux appuis, supportés par des profils aluminium, qui s'appuient sur l'ossature acier grâce à une série de chandelles. La façade est également composée de vitrages supportés par des profils aluminium sur des poutres au vent. Au niveau supérieur, l'appui au vent est formé de barres de compression réglables sur l'ossature acier. Sur les autres niveaux, les poutres au vent sont des poutres échelles constituées de HEA 100. Le contreventement transversal de la verrière est assuré par des tirants entre les chandelles, permettant de reprendre les réactions horizontales de la passerelle au niveau du chéneau.

Façade en verre pincé

Sur la façade suspendue de l'atrium, d'une surface totale de 430 m², le système constructif consiste en un maintien des vitrages vis-à-vis des charges de vent grâce à une réglette en alliage d'aluminium qui vient presser le verre intérieur contre le montant. Cette réglette est fixée par des vis en inox visées dans la rainure du montant. « Si la verrière est de conception classique, avec un verre pris entre quatre feuillures et reposant sur des traverses très souples, la technique est un peu plus complexe en façade, explique Georges Chailleux. Car elle est constituée de doubles vitrages à bords décalés pris en rive verticale, ce qui s'apparente à un système VEC, mais uniquement parce qu'un des deux verres est retenu par l'autre. En fait, on s'approche davantage de la technique du verre pincé pour le premier verre, le second venant se coller au premier. Ce décalage de 4 mm évite que le premier verre ne se décroche de son profilé. Pour limiter les phénomènes de dilatation et assurer la stabilité de la verrière, nous avons fait porter les efforts sur les poutres en béton et sur les profilés situés en façade. »

Il a fallu plus d'un an de travail à l'entreprise Laubeuf pour une livraison assurée l'été dernier.

Fiche technique

  • Maîtrise d'ouvrage : Ministère des Affaires étrangères/Direction générale de l'administration/service de l'Equipement / Sous-direction des affaires immobilières
  • Maîtrise d'œuvre : Cabinet Jean-Philippe Pargade, architecte mandataire, avec Caroline Rigaldiès
  • Bureau d'études : Coplan Polska
  • Ingénierie technique : Technip TPS
  • Ingénierie façades et verrière : BET Green et Hunt
  • Bureau de contrôle : Véritas
  • Paysagiste : David Besson-Girard
  • Titulaire du lot étanchéité - verrière - façade métallique : Laubeuf S.A.S
  • Fournisseur des produits verriers : SGPI
  • Concours : 2000
  • Fin des travaux : octobre 2004
  • Surface HO : 6 000 m²
  • Surface utile : 3 500 m²
  • Montant des travaux : 15 M€, dont 2 pour le désamiantage