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SETEC ou l'ingénierie innovante

Pluridisciplinarité et indépendance. Ces deux mots vous distinguent-ils de vos concurrents ?

Plus qu'une simple distinction, c'est l'idée fondatrice de l'autonomie qui fait qu'aujourd'hui, le groupe SETEC, créé en 1957, a gardé une totale liberté d'actions en termes de développement et d'organisation. Ce principe s'illustre dans le capital, entièrement détenu par les cadres dirigeants et principaux ingénieurs. Il se vit dans l'organisation du groupe qui privilégie la décentralisation. Nos filiales, spécialisées par domaine, restent à échelle humaine. Leur taille favorise la responsabilité des équipes et la proximité relationnelle avec le client. Enfin, l'autonomie se lit dans la pluridisciplinarité des compétences et le large spectre de nos missions.

Notre grande force reste cette capacité à intervenir sur toute la chaîne du projet, de l'assistance à maîtrise d'ouvrage en amont, à la maintenance et l'exploitation en aval, dans des domaines variés : architecture, transports, usines, ouvrages d'art, culturel, télécoms, gestion de projets… Quatre pôles d'activités regroupent les filiales par spécialité : infrastructures, bâtiment, organisation et études générales.

Que représente SETEC bâtiment dans le groupe ? Quels sont ses principaux marchés ?

Le pôle bâtiment est le deuxième du groupe. Il rassemble un tiers des effectifs pour un tiers du chiffre d'affaires groupe. SETEC Bâtiment est la locomotive du pôle avec 200 personnes et 30 millions d'euros de chiffre d'affaires. Spécialisé en maîtrise d'ouvrage sur des marchés à haute valeur ajoutée technique, nous participons aux grands projets signés par les plus prestigieux architectes français ou étrangers.

Dans le domaine du tertiaire traditionnel, nous avons travaillé avec Jean-Paul Viguier pour Cœur Défense et avec… sur la Fondation Pinault. Nous sommes actuellement impliqués dans quatre autres projets sur la Défense : tour CBX avec KPF (New York) et SRA (Paris), CB16 (ancienne tour EDF), CB31 et travaillons à la rénovation de la tour PB12 que nous avions, à l'époque, construite.

En ingénierie hospitalière, nous sommes leader sur un marché en fort développement. Nous avons un atout. Nos deux ingénieurs biomédicaux assistent, très en amont du projet, les architectes et maîtres d'ouvrages dans l'analyse du dossier et de ses implications en termes d'organisation spatiale, technique, etc. Parmi nos grandes références, l'hôpital d'Annecy, l'hôpital militaire Saint-Anne à Toulon conçu par Zublena, exceptionnel par son ampleur, l'hôpital de la Croix Rousse à Lyon réalisé par Portzampac.

Autre projet lyonnais très novateur : l'hôpital privé Saint-Joseph réalisé sur une idée radicalement nouvelle : construire l'hôpital autour du patient plutôt qu'autour des spécialités médicales. Ce concept qui a demandé un gros travail d'analyse des équipements, s'est traduit par un hébergement banalisé respectant l'intimité du patient. Autre avantage, le travail des infirmières est enrichi car ouvert sur toutes les spécialités. Depuis son ouverture, il y a un an et demi, Saint-Joseph est hôpital pilote. Plus humain, rationnel au plan de la gestion des lits et des équipements, il intéresse d'ailleurs beaucoup le secteur public.

Dans les bâtiments industriels, nous avons un leadership incontestable dans les unités de fabrication de puces électroniques. Nous sommes une des rares sociétés d'ingénierie à pourvoir aligner des spécialistes en génie chimique, traitement de l'eau, de l'air, structures, toutes disciplines pointues nécessaires dans cette industrie. En témoignent, l'usine et le centre de recherche STMicroelectronics construits à Crolles, dans l'Isère. A la pointe mondiale en R&D, ce site comprend de gigantesques salles blanches de classe maximum (9 0000 et 5 000 m²). L'atmosphère doit y être totalement pure. Après l'éradication quasi totale de la contamination particulaire, nous nous attaquons à la traque des molécules puisqu'on grave maintenant à des dimensions de l'ordre de 0.6 microns. Notre expertise résulte d'une véritable et longue culture de partenariat avec nos clients, IBM depuis 35 ans, STMicroelectronics depuis 14 ans et Philips plus récemment. Ce que nous valorisons aujourd'hui, nous le devons à cette étroite collaboration y compris dans le domaine de la recherche menée conjointement.

Autres secteurs de prédilection, l'aérospatial et la logistique où nous coopérons étroitement avec ADP.

Comment vous situez-vous à l'international ?

L'ingénierie française n'est pas assez présente à l'international. SETEC n'échappe pas à ce constat même si nous nous y développons. Pour nous l'activité internationale répond à une double nécessité : équilibrer les cycles nationaux et renforcer notre attractivité pour attirer les meilleurs. Deux voies nous y mènent. D'une part, l'accompagnement des architectes tels que Paul Andreu en Chine (Opéra de Pékin, Stade de Canton, aérogare de Shanghai), Dominique Perrault, gagnant du premier concours international russe pour la construction du nouvel opéra de Saint-Pétersbourg.. D'autre part, nos implantations basées sur une association avec des compétences locales. Là, nous inversons le schéma classique. Nous allons chercher le marché et l'ouvrons aux architectes, ce qui est très intéressant.

Comment expliquez-vous que tous les grands architectes fassent appel à SETEC ?

Nous collaborons avec tous les grands architectes quel que soit leur nationalité pour des projets techniques très innovants. Ce qui fait notre différence ? Un travail très en amont, dans un esprit de réel partenariat doublé d'une rigueur technique et scientifique très performante. Notre engagement permanent dans la recherche nous permet d'être moteur dans l'innovation. Nous investissons donc beaucoup dans la R&D, en interne par la maîtrise et/ou le développement d'outils de calculs et simulations sophistiqués et en externe, par la participation à des équipes de recherches européennes. Cependant, pour quelques disciplines, nous avons fait le choix du recours externe. Par exemple, pour les essais climatiques, l'acoustique ou l'éclairage, nous travaillons avec le CSTB dont l'expertise est incontestable.

Quels sont selon vous les atouts et freins de l'ingénierie française ?

L'ingénierie française souffre d'une spécificité due au poids du secteur public d'un coté et de la taille des entreprises de construction qui ont une grosse capacité d'études, de l'autre. La résultante est un marché intérieur réduit et de moindres interventions en exécution. Cependant, l'accroissement de technicité des bâtiments entraîne de facto un poids croissant de l'ingénierie. Aujourd'hui, elle compte pour 45 % dans le total des prestations intellectuelles. Le vrai défi pour l'ingénierie française est d'entrer davantage en compétition avec le modèle anglo-saxon de l'ingénierie par exemple, en valorisant notre capacité à concevoir des solutions innovantes adaptées aux problèmes posés. Cela passe par plus de performance et une présence renforcée à l'étranger.