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Les instituts de recherche du bâtiment dans l'Union Européenne

La France s'est dotée, après la seconde guerre mondiale, du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, avec pour objectif la qualité du bâtiment (qualité des produits, qualité des règles de construction du bâtiment) et la promotion des innovations technologiques permettant un progrès continu de la filière construction.

Il y avait deux piliers à cette politique de recherche. Le premier pilier concerne le soutien des politiques générales de l'Etat (sécurité au feu, sécurité sismique, stabilité des ouvrages, réglementation thermique, réglementation acoustique, etc.). De façon plus récente, sont arrivées les préoccupations d'environnement et de santé environnementale. Le deuxième pilier est la recherche des progrès de productivité de la filière construction et notamment la recherche permanente d'innovations qui permettent d'améliorer le confort et la qualité des bâtiments. Cette période nationale est relayée par une vision européenne.

Très vite, les organismes nationaux des différents membres de l'Union Européenne se sont reconnus dans des préoccupations communes et ont souhaité apporter leur contribution à la construction de l'Europe. Le premier réseau qui s'est créé concernait l'évaluation des produits innovants dans la construction ; il a donné lieu à la création, en 1960, de l'Union Européenne pour l'Agrément Technique dans la Construction (UEAtc). D'autre part, les activités de recherche proprement dites ont donné lieu à la création en 1988 de l'European Network of Building Research Institutes (ENBRI). Cette période a contribué à créer progressivement une communauté d'experts et de chercheurs des différents pays européens qui apprenaient à mieux se connaître mutuellement.

L'Europe organisée : l'exercice d'un pouvoir européen

Progressivement, l'Europe décide d'investir un certain nombre de domaines. La Directive des Produits de Construction, instaurant un marché intérieur européen pour les produits de construction, constitue une étape très importante qui oblige chaque pays à adapter son code de la construction à ces nouvelles obligations européennes. Se créée notamment l'European Organisation for Technicals Approvals (EOTA) dans le domaine de l'évaluation des produits nouveaux. Dans le domaine plus général de la recherche, l'Europe travaille sous forme incitative en finançant des programmes de recherche européens. L'accélération de cette politique dans le domaine du bâtiment arrive au cours du 5e PCRD et se poursuit (de façon un peu décevante pour le domaine de la construction) au cours du 6e PCRD. Le 7e PCRD verra la constitution d'une plate-forme technologique européenne de la construction, soutenue par des plates-formes nationales.

Pendant cette période, le CSTB a été encouragé par sa tutelle (ministère de l'Equipement et de Logement) dans le cadre d'un contrat d'objectifs à cinq ans (en cours de renouvellement) qui lui demande de mettre le "cap sur l'Europe". La tutelle demande au CSTB de contribuer au renforcement des capacités de recherche et d'expertise, non seulement au niveau national (ce qui était dans les missions traditionnelles du CSTB), mais aussi à l'échelle de l'Europe, et maintenant de la nouvelle Europe élargie. En clair, des objectifs d'excellence européenne viennent se substituer aux objectifs d'excellence nationale. Ceci conduit à un redimensionnent des capacités du CSTB et des champs prioritaires, compte tenu de ce nouveau challenge européen. Accepter de devenir de moins en moins national et de plus en plus européen, et même mondial. Le monde de la recherche respire désormais à une autre échelle.

L'Europe et le Monde

Si nous nous plaçons à l'échelle d'une compétition mondiale de grands blocs régionaux, il s'agit de mesurer notre potentiel de recherche européen à l'aune des potentiels de recherche nord américain, japonais, chinois, sud américain. Ce changement d'échelle et de niveau d'excellence requis, conduira les organismes nationaux à s'organiser fortement en réseau européen, à se spécialiser et se complémentariser avec des organismes collègues européens. Bref, à se restructurer sans doute plus vite que chacun de nous le pensions au niveau national. Il restera bien sûr un niveau national qui est celui de l'adaptation des règles de construction à nos politiques nationales.

Mais le savoir scientifique, l'expertise et les innovations technologiques seront désormais à une autre échelle que l'échelle nationale. Il appartient aux organismes, tournés vers l'avenir, d'en prendre pleinement conscience et d'éviter les duplications inutiles en Europe, de partager les complémentarités, ce qui n'exclue pas une certaine compétition entre les équipes de recherche ou les experts pointus. Mais, à l'échelle de l'Europe, il est difficile de croire que la compétition se fera systématiquement à 25. Nous allons plutôt faire quelques grappes d'instituts de recherche regroupés en réseau (de type star alliance, sky team) qui contribueront à un nombre plus réduit de compétiteurs.

Quelles priorités de recherche pour le CSTB ?

  • Risques : risques de sécurité incendie, risques sismiques, risques dus au changement climatique (vent, inondations),
  • Santé environnementale : qualité de l'eau et des aérosols, qualité de l'air (air intérieur et air extérieur),
  • Energie et Développement durable, à l'échelle du bâtiment mais aussi, progressivement, à l'échelle de l'urbanisme,
  • Innovation industrielle : structures (Béton Haute Performance, Béton Auto-plaçant), façades (double paroi, façade double peau, façade en verre, fermetures), toitures (toitures légères, toitures végétalisées), revêtements de sols et de murs (intérieur et extérieur), cloisons et partitions, planchers et plafonds (chauffants, rafraîchissants), équipements sanitaires…