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Moisissures et hygiène de l'habitat

Stéphane Moularat présente sa thèse en mai 2005 : "Etude de la contamination fongique des environnements intérieurs par la détermination et la mesure de traceurs chimiques spécifiques : application à l'hygiène de l'habitat." Il explique : « On sait que la présence de moisissures dans les maisons, les bureaux, pose de véritables problèmes sanitaires : allergies, irritations, infections, etc. Or, aujourd'hui, on a du mal à mesurer ces moisissures dans l'air. Il existe des méthodes, mais elles sont peu adaptées à l'évaluation dans des environnements intérieurs. L'idée était de développer une nouvelle méthodologie basée sur des traceurs chimiques. »

Pour l'habitat, l'alimentaire et l'hospitalier

Culture de moisissures
Culture de moisissures

La thèse suit deux axes principaux. Il s'agit, dans un premier temps, de détecter une moisissure rapidement, y compris en cas de contamination "masquée" : moisissure encore invisible à l'œil nu, moisissures présentes au cœur même des structures du bâtiment (filtres de ventilation, par exemple). Stéphane Moularat met donc au point une méthode chimique de détection des moisissures. Méthode qui a néanmoins ses limites : les moisissures sont détectables, soit, mais pas encore quantifiables. L'évaluation exacte de l'exposition des personnes constitue donc le second volet de recherche de Stéphane. Habituellement, ce type de quantification se fait par culture en laboratoire de particules biologiques collectées in situ. Un système qui a le mérite d'exister mais qui n'en reste pas moins partiel. « Les prélèvements de ce type de collecte sont limités dans le temps : en ce sens, ils ne sont pas "réels", explique Stéphane. Ensuite, en laboratoire, ne pousse et ne se développe que ce qui veut bien pousser et se développer ! » Stéphane Moularat propose donc de mieux "coller" à la réalité : des prélèvements cumulés permettent des mesures à interpréter sur une semaine. Surtout, il développe une technique pour mesurer la biomasse totale et par là même, la toxicité de cette biomasse. Les techniques de détection et de dosage mises au point lors de cette thèse ont conduit au dépôt de deux brevets d'invention.

A terme, la thèse de Stéphane Moularat, qui met au point à la fois des techniques de dosage des mycotoxines dans l'air et de la biomasse aéroportée, est susceptible d'intéresser non seulement le secteur de l'habitat mais aussi l'industrie alimentaire (en cas, par exemple, de contamination de la chaîne de production) ou encore le milieu hospitalier (maladies nosocomiales).

Déjà de multiples collaborations

Manipulations par Stéphane Moularat
Manipulations par Stéphane Moularat

Preuve des applications concrètes, d'ores et déjà, de cette thèse : les études menées depuis un an par Stéphane dans le cadre de son post-doctorat, par exemple dans le cadre de la collaboration avec le Laboratoire de Recherches des Monuments Historiques (LRMH), au ministère de la Culture. L'idée de départ est simple : quand on observe des moisissures sur des œuvres d'art ou à l'intérieur de bâtiments historiques, il est déjà trop tard ! Les détecter avant qu'elles ne se voient, c'est anticiper les dégradations, prévenir pour mieux guérir. D'où l'intérêt du LRMH pour les recherches de Stéphane Moularat.
Autres études en cours : celles menées pour le CHU de Clermont Ferrand. Objectif : mettre en relation la présence de moisissures et les phénomènes asthmatiques dans 160 habitations situées pour moitié à la campagne et pour moitié en milieu urbain. Au programme : questionnaire aux habitants ; statistiques mettant en corrélation modes de vie et présence de moisissures ; à terme, guide des bonnes pratiques.