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Climatique et... cosmétiques !

Evaluation la distribution thermique du visage par thermographie infrarouge.
Au CSTB, on teste l'efficacité du produit cosmétique en situation climatique. Ici, on évalue la distribution thermique du visage par thermographie infrarouge. Cette technique permet d'obtenir de manière non invasive et instantanée une image des modifications de la température et de l'hydratation cutanées induites par le produit considéré.

C'était une activité anecdotique, cela devient une activité récurrente. Le marché s'est développé peu à peu avec des grands noms de la beauté tels L'Oréal, Bourgeois ou Chanel. Il concerne la France, bien sûr, mais aussi les DOM-TOM, l'Asie, la Russie, les Emirats Arabes... Sophie Moreau, en charge de la thématique "Ambiance, confort et sollicitations climatiques" au CSTB, explique : « Ce marché s'est construit peu à peu autour de produits de soins pour le visage dédiés à la protection dans des ambiances très particulières. »  Exemples : produits hydratants en montagne, dans le désert, ou plus quotidiennement, en atmosphère climatisée. Autre cas de figure : les produits de maquillage, tels ceux destinés aux pays tropicaux. « Là, il s'agit de s'assurer de la bonne tenue du fond de teint dans une ambiance humide et moite… », précise-t-elle. C'est que les consommateurs (ou plutôt les consommatrices…) sont devenus plus exigeants et que les grandes marques, de leur côté, ont dû apporter des preuves à leur discours marketing ou publicitaires. Dire qu'un soin est hydratant, c'est bien ; le démontrer, c'est mieux !

1/ Mesurer l'efficacité

Concrètement, les choses se déroulent de la façon suivante : une fois les tests d'innocuité réalisés, les laboratoires intégrés, comme chez L'Oréal, ou les centres de tests biomédicaux travaillant pour les grandes marques, comme Chanel, s'adressent à nous pour tester, cette fois, l'efficacité du produit en situation climatique. Sophie Moreau précise : « Notre soufflerie présente l'énorme avantage de proposer une palette de sollicitations climatiques très large. On peut y créer des ambiances très précises, facilement traçables et aux effets d'autant plus mesurables. » 25 C°, 45 % d'humidité, vent force 4 ou, 0 C°, 5 % d'humidité : on recrée la nature… Dans cette nature plus ou moins hostile, selon les besoins du client et les spécificités du marché : plusieurs dizaines de femmes, plus ou moins âgées, aux peaux asiatiques, noires ou caucasiennes, sèches, normales ou grasses, se retrouvent et passent ici, dans la soufflerie, une journée entière. Sur une ou plusieurs zones du visage : le produit dont on teste l'efficacité. Sur les autres parties du visage : rien… Afin de comparer. Si les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous, la recherche continue ou, autre solution, la stratégie de communication du produit est modifiée.

2/ Simplifier les essais

Même si la présence de dermatologues, médecins, techniciens, responsables des marques… est requise pendant ces essais, même si la logistique reste lourde (il faut nourrir et habiller de façon adaptée les femmes-témoins de la soufflerie !), ces tests s'avèrent plus simples et moins chers à organiser que par le passé. On comprend vite pourquoi. Sophie Moreau raconte : « Auparavant, les équipes des laboratoires prenaient l'avion et on faisait les essais sur place, dans les ambiances des pays concernés, en espérant trouver et garder le plus longtemps possible les paramètres que l'on cherchait ! »

3/ Avancer, ensemble

L'intérêt de s'adresser au CSTB est ailleurs. Ici, même dans un domaine telle que celui de la dermatologie, apparemment si éloigné de celui du bâtiment, des outils d'ingénieurs peuvent être développés de façon adaptée. Aux analyses habituelles d'hydratation de la peau, aux études de thermorégulation classiques peuvent ainsi s'ajouter de l'imagerie à infrarouge, par exemple, courante au CSTB. Sabine Laquièze, dermatologue et responsable d'une des entités de Peritesco, centre de recherche biomédicale, précise : « Ce qui nous a conquis, c'est le niveau de professionnalisation de nos interlocuteurs. Ensemble, nous avons fait des découvertes ! Nous avons plusieurs dossiers en cours dont il est encore trop tôt pour parler mais ce qui est sûr, c'est que ce partenariat donnera lieu à de vraies avancées technologiques, à des publications cosignées, à des communications dans les congrès spécialisés… »

Ce sera aussi le cas, espérons-le, pour les partenariats à venir. Le marché de l'habillement, du textile, du vêtement de sport devrait lui aussi, à terme, être intéressé par la soufflerie Jules Verne où tous les climats de la terre sont si facilement reproduits.