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Stades multifonctions

Colossale, extrêmement coûteuse, aux multiples enjeux - technologiques et institutionnels : les qualificatifs ne manquent pas pour désigner la construction d'un stade aujourd'hui. De fait, construire un stade est forcément porteur de multiples contraintes. Et ce, sans compter les spécificités architecturales d'un tel bâtiment. Ni intérieur, ni extérieur, mi-dehors, mi-dedans, le stade est par essence un bâtiment hybride, espace de transition à la fois ouvert et couvert ! En d'autres termes, la construction d'un stade suppose de tels investissements, au sens large du terme, que la question du confort des spectateurs est devenue essentielle.

Trois ans d'élaboration...

Pendant trois ans, Agota Szucs, jeune doctorante du CSTB et architecte de formation, a travaillé sur cette thématique : comment l'architecture d'un stade peut-elle induire l'ambiance qui y règne ? Ambiance sonore bien sûr (acoustique de qualité, rendu de l'effervescence des supporters), mais aussi visuelle (éclairement du terrain, contrastes, éblouissement) ou climatique (vent, température, rayonnement solaire, humidité, précipitations). Ce travail, qui a pris fin en décembre 2005, donnera lieu dès l'année 2007 à un guide de conception, véritable outil de pré-dimensionnement permettant d'anticiper et de mieux comprendre les conséquences des décisions architecturales sur l'ambiance finale.

... pour un guide pragmatique

Sophie Moreau, en charge de la thématique "Ambiance, confort et sollicitations climatiques" au CSTB, explique : « Si certaines problématiques, telle celle liée à l'ensoleillement direct, sont déjà bien maîtrisées par les cabinets d'architecture, il n'en est pas de même pour les approches aérodynamiques. Le choix de l'emplacement du stade ou des grands traits de son architecture par exemple, peut se révéler crucial quant à l'exposition aux vents dominants qui, si elle est mal jaugée, rend les gradins inconfortables pour les spectateurs et pire, pose des problèmes d'homologation des résultats pour les sportifs ! A l'heure où les stades se sont de plus en plus élancés, pointus, technologiques, où ils sont devenus des espaces "multifonctions", les questions de la tenue au vent et des ambiances climatiques doivent être intégrées le plus en amont possible du projet. C'est la seule façon d'éviter de grossières erreurs et avec elles, d'énormes pertes de temps et d'argent. »

... proposant une méthodologie originale

Ce guide, qui s'adresse aussi bien aux cabinets d'architectes qu'aux maîtres d'ouvrages concernés, identifie d'abord les grands types d'architecture de stades. Pour chacun de ces types sont ensuite analysés, point par point, les impacts thermiques, visuels, etc. de leur architecture sur le confort des spectateurs. Les critères de confort sont ensuite croisés (matériau de toiture, inclinaison de la toiture, porosité de la façade...), le tout étant mis en perspective avec l'environnement direct du stade - climat tropical ou tempéré, nature du terrain, localisation en zone industrielle ou urbaine ? et sa fonction finale : football, athlétisme, spectacles. Au final, après la collecte et l'harmonisation de ces différentes données, les informations ainsi fournies au concepteur le préservent de toutes mauvaises interprétations. Comme le résume Sophie Moreau : « Ca recadre et déblaye le terrain mais la liberté de l'architecte est sauvegardée ! »

Stade de France
Stade d'Istanbul

Les questions que l'on oublie parfois de se poser...

Construire un stade, c'est travailler avec des climatologues, des ingénieurs en aérodynamique, etc. C'est aussi, plus tard, faire des essais en soufflerie. En attendant, ce guide propose une check-list des questions qu'il ne faut pas oublier d'aborder très en amont de la conception...

Exemples

A quelle période de l'année et de la journée sera utilisé le stade ?
- pour une meilleure détermination des conditions visuelles et du choix des matériaux de la couverture (caractéristiques photométriques)

Est-il nécessaire de séparer les spectateurs / supporters par mesure de sécurité ?
- pour choisir la morphologie du stade, notamment, le taux d'ouvertures sur la façade.

Des hôtels, salles de conférences, restaurants et autres espaces fermés sont-ils à inclure en espaces fermés sous les tribunes ?
- pour intégrer les comportements aérodynamiques et les conditions visuelles en découlant.