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Qualité de l'air intérieur : premiers résultats de campagne

Nous passons 80 % de notre temps à l'intérieur de bâtiments dans lesquels la pollution n'est pas exempte. Certains des polluants rencontrés ont par ailleurs été rendus responsables de l'apparition de maladies ou de symptômes. L'Observatoire a analysé tout d'abord l'air intérieur des logements, afin d'identifier ce qu'on y respire, repérer les concentrations dangereuses, chercher d'où viennent les polluants pour savoir sur quelles sources agir ? L'objectif est, bien entendu, d'anticiper de manière à réduire les risques, par exemple en instaurant un étiquetage des produits ayant une incidence sur la qualité de l'air intérieur.

Une question de santé environnementale

Andrée Buchmann a rappelé que les missions de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur, dont elle est présidente, sont d'approfondir les connaissances, chercher à comprendre, informer, faire des recommandations, proposer des améliorations voire, le cas échéant, faire évoluer les réglementations. Pour elle, « la qualité de l'air intérieur est devenue une préoccupation de santé publique et, par conséquent, un enjeu économique et environnemental. » L'enquête a porté sur 567 résidences principales tirées au sort dans 74 villes. Outre les mesures effectuées sur place, les habitants ont été longuement interrogés sur leur façon de vivre et d'entretenir leur logement. Les données obtenues sur cet échantillon ont été ensuite redressées pour passer à une échelle nationale et donner une image de l'ensemble du parc de résidences principales. La campagne a été financée par les Pouvoirs publics sous l'égide de trois ministères, Logement, Santé et Environnement, avec le concours de l'ADEME, de l'AFSSET, de l'ANAH et du CSTB qui assure la maîtrise d'oeuvre du projet.

Les polluants ciblés

Trente paramètres ont été choisis en fonction de leur impact sur la qualité de l'air ou sur le confort de leur dangerosité et de leur fréquence d'apparition: monoxyde de carbone, composés organiques volatils (18), particules, radon, allergènes de chien, de chat, d'acariens, rayonnement gamma, dioxyde de carbone, température, humidité relative, débit d'air... Selon les polluants, les mesures ont été réalisées toutes les 5 minutes (CO), réparties sur la semaine (COV) ou sur deux mois (radon). Une attention particulière est portée au formaldéhyde présent, à des concentrations significatives, dans tous les logements. Le formaldéhyde provient de multiples sources : produits d'entretien, de traitements (antibactérien, conservateur, fongicide ?), cosmétiques, éléments mobiliers et de construction, peintures, combustion incomplète des hydrocarbures, tabagisme ? Classé cancérogène pour l'homme par l'OMS mais cancérogène de catégorie 3 (possible chez l'homme) au niveau européen, le formaldéhyde fait l'objet d'une demande par la France d'une classification européenne en cancérogène pour l'homme. Parmi les allergènes biologiques, la moitié des logements présente des teneurs en acariens supérieures au seuil de sensibilisation (2 µg/g), mais les allergènes de chats et de chiens sont peu présents (respectivement 9 % et 25 % des logements). Les mesures montrent également que l'air des garages attenants et communicants aux logements contient davantage de composés organiques volatils que celui des logements eux-mêmes.

De nombreuses données à exploiter

Face aux résultats de cette campagne, Séverine Kirchner du CSTB, coordinatrice du projet, constate que "les concentrations de polluants sont plus importantes à l'intérieur qu'à l'extérieur des logements, dans lesquels on trouve même certaines substances non observées à l'extérieur. Tous les polluants mesurés sont présents dans la majorité des logements, 45 % des logements présentant des concentrations très faibles et 9 % des niveaux très élevés de plusieurs polluants simultanément. La stratégie à adopter est-elle de protéger le plus grand nombre ou agir sur les plus pollués ? Nous allons également chercher à comprendre pourquoi la répartition de la pollution n'est pas homogène dans le parc." Les polluants proviennent de sources multiples : combustion, produits de construction, de décoration, de bricolage, d'entretien, ameublement, présences et activités humaines, environnement extérieur... Le tabagisme reste la première source de pollution de l'air intérieur et le monoxyde de carbone la première cause d'accident domestique en France. Alain Maugard, Président du CSTB, insiste sur « l'importance de l'aération et de la ventilation. Il faut absolument trouver des compromis entre qualité de l'air et économies d'énergie sinon les problèmes de santé vont se multiplier. »

Les premiers résultats de cette campagne sont en cours d'exploitation pour cerner les facteurs prédominants et le profil type des logements les plus pollués. Ils vont servir de base de travail pour déterminer des valeurs guides aux différents polluants, prévenir les situations à risque et prendre des mesures de protection de la santé. D'ores et déjà, l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur diffuse une brochure grand public intitulée "Les bons gestes pour un bon air".

Conférence
Andrée Buchmann, présidente, Yvon Le Moullec, président du Conseil scientifique et Séverine Kirchner, responsable scientifique de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur