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Protection rapprochée

Le bois est un matériau vivant qui doit être traité avec précaution. Il continue de respirer et subit des échanges hygrométriques plus ou moins complexes. Il ne peut être mis en œuvre qu'avec précautions.. C'est l'un des enseignements de cette réalisation strasbourgeoise. Le programme comporte la construction d'un ouvrage en R+4 de 11 410 m² de surface utile (pour 18 910 m² de SHON) qui accueillera, en mai prochain, 400 postes de travail.

L'enveloppe de ce vaste bâtiment comporte plus de 9 000 m² de surfaces vitrées. Trois essences de bois sont utilisés pour ce projet : du douglas en allège de façade derrière la paroi de verre, du hêtre d'habillage comme revêtement mural, mobilier et faux-plafond, ainsi que du chêne, principalement en parquet sur les coursives. Les façades, objets de l'ATEx, forment un mur rideau intégral de type VEP constitué de 1 400 blocs cadres entièrement finis d'usine, destinés à être fixés en nez des planchers du gros œuvre, du rez-de-chaussée au R+3.

Le caractère non traditionnel des façades résulte des profilés à rupture de pont thermique et des caissons avec incorporation de panneaux de bois de 19 mm d'épaisseur. Le bois, qui a dans cette application une fonction décorative, doit néanmoins être protégé par une glace pour lui assurer sa pérennité. Une mise en œuvre sous forme de bardage extérieur aurait en effet limité sa durabilité. Ainsi, les panneaux opaques courants sont constitués de caissons en acier galvanisé isolés par des lames de bois douglas non traité, derrière une glace claire trempée dans une lame d'air ventilée grâce à des orifices disposés en traverse basse. Les lames d'air sont protégées de la pénétration d'insectes par des tôles perforées inox. Quant au drainage, il est assuré par les mêmes orifices que ceux de la ventilation.

Pluie interdite...

L'objectif d'isolation thermique de la façade est de 1.2 W /m².K, élément contraignant pour l'élaboration du système et la géométrie des profilés. Ces derniers comportent des traverses hautes "mâles" et des traverses basses "femelles", créant ainsi un emboîtement ponctuel vertical grâce à des taquets en bois disposés à mi-portée des montants.

Les différents remplissages sont réalisés par des parties vision équipées de vitrages isolants de compositions variables, ainsi que de vitrages fixes maintenus par des parcloses extérieures, clippées sur le nez des profilés. Les rives verticales sont maintenues mécaniquement par des pliages en tôles d'acier inox. De manière à minimiser les risques d'infiltration d'eau dans ces caissons, la parclose supérieure est étanchée au droit de son talon de clippage. Le bois est séché jusqu'à 10% d'hygrométrie, débité, assemblé en panneaux et mis en œuvre dans les modules en usine. "Aucune exposition à la pluie n'est donc possible ni au cours du process de fabrication, ni une fois mis en œuvre", précise le dossier technique d'ATEx. Le bois mis en œuvre n'est pas susceptible de remonter à + de 18% d'hygrométrie (pour 15 à 22% pour un bois exposé à l'extérieur). En l'absence d'exposition directe aux intempéries, le bois ne semble donc pas présenter de potentiel hydrophile susceptible d'augmenter de façon conséquente les risques de condensation dans ces caissons.

Ainsi que le rappelle Thierry Duffait, Directeur technique de la société Bluntzer, « le bois peut fonctionner comme une véritable éponge hygrométrique, pompant l'humidité puis la rejetant sur la glace extérieure lorsque la température s'élève sous l'effet de l'ensoleillement. C'est pourquoi nous avons beaucoup travaillé sur l'étanchéité et la ventilation du caisson intérieur, avec toujours la possibilité en cas de désordre de sortir le panneau bois grâce à des parcloses non fixes. » Le choix d'un douglas à cœur, fortement imprégné de résine, donc rejetant moins qu'un pin ou un bois tendre, permet par ailleurs de limiter la condensation en atmosphère confinée. Dans tous les cas, du bois dans un caisson avec une face en verre est davantage protégé qu'en bardage extérieur, car les élévations de température y sont beaucoup moins contraignantes. L'ATEx vient confirmer une pérennité qui satisfait à la garantie décennale.