Verrières en pente douce

La rénovation lourde des neuf niveaux de l'immeuble accueillant le siège social de Groupama, rue d'Astorg, comprend des modifications de planchers (et la création de 9 plateaux de bureaux d'environ 1 500 m² chacun), la création de deux niveaux de parkings, ainsi que la transformation de toutes les façades. En avant de la façade principale côté rue, une large verrière transparente, de 36 mètres du rez-de-chaussée au R+5, abrite une composition végétale qui atténue l'emprise que crée cette lame de verre sur la chaussée. L'ouvrage montre également une série de salles de réunion, un vaste auditorium, un espace de réception ainsi qu'un jardin intérieur aménagé selon les standards actuellement en vogue parmi les paysagistes.

Si la façade en VEA disposée en excroissance de la façade rue d'Astorg n'a pas fait l'objet d'une demande d'ATEx (il s'agit d'un procédé de Vitrages Extérieurs Attachés sous Avis Technique), ce n'est pas le cas des trois verrières situées en R+1 et rez-de-chaussée de l'ouvrage. « Il s'agit de verrières et non de planchers de verre, en ce sens qu'elles sont réputées non accessibles, précise Jean-Pierre Leroux, en charge de l'opération pour la société VMT Transparence, titulaire du lot et demandeur de l'ATEx. Ces verrières sont en définitive constituées de doubles vitrages VEA disposés à l'horizontal avec une très faible pente, impliquant de résister à des charges majorées. »

Les verrières contiguës au bâtiment principal sont de deux types et reprennent en effet la technique des vitrages extérieurs attachés (VEA) : les verrières jumelles nord et sud situées en R+1 qui couvrent un espace de circulation, qui dessert une série de salles de réunions, et la verrière du jardin sud, au rez-de-chaussée, qui éclaire le foyer du niveau inférieur.

Pente faible mais effet esthétique calculé

Les verrières jumelles sont quasiment identiques pour tout ce qui touche à la conception des structures, à la nature des surfaces vitrées ainsi qu'au mode de fixation des vitrages. Différent uniquement les chéneaux périmétraux qui changent de dimensions en fonction des raccordements sur le bâti existant. Ces verrières monopentes montrent une pente de 3,49 % (soit un angle de 2 degrés en valeur théorique). Elles sont formées d'un ensemble de 16 volumes verriers, pour créer des surfaces de 59 m² en verrière nord et de 57m² en verrière sud.

Les verrières se raccordent verticalement sur les chéneaux par une série d'impostes vitrées dans lesquelles sont incorporés des châssis de désenfumage, tandis que la protection solaire est assurée par le vitrage à couche et la mise en œuvre de stores toiles automatisés, disposés à 80 cm en sous face du verre. La verrière coté jardin sud est de dimension plus importante, puisqu'elle laisse apparaître 48 volumes verriers pour une surface vitrée totale de 192 m². Également monopentes (2,92 % de pente, soit un angle de 1,67 degrés en valeur théorique), les raccordements en haut et en bas de pente sont effectués directement soit sur un chéneau, soit sur une costière métallique.

L'ossature est constituée des poutres métalliques sous tendues placées dans le sens de la pente, espacées tous les 9,50 m et reliées entre elles transversalement par des poutres en verre feuilleté trempé HST 12.12.2 à bord JPP de hauteur variable de 350 mm à 368 mm avec des réductions de hauteur sur appui. Un essai en vraie grandeur a permis de valider la résistance de ces poutres.

Les verres de toiture isolants sont mis en œuvre en s'adossant sur l'avis technique Saint-Gobain qui se rapporte au procédé "Spider Glass", qui porte notamment sur les rotules traversantes montées sur des pattes inox. « La faible pente des verrières permet de créer l'illusion de l'existence d'une sorte de lac ou de bassin, ce conformément au souhait de l'architecte, explique Jean-Pierre Leroux. Il n'y a pas d'accumulation d'eau, comme ce serait le cas avec un verre plan. Grâce à une faible pente, l'eau reste présente comme dans le fond d'un évier et se disperse sous forme de gouttelettes sans s'accumuler en un seul et même endroit du vitrage. » Ce qui crée par là même l'illusion d'un verre sérigraphié, alors que les motifs n'ont rien que de très naturel et d'évolutif.