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Deux innovations pour la future Réglementation Thermique 2012

La future Réglementation thermique s’inscrit dans la politique générale de la France de maîtrise de l’énergie et de réduction des gaz à effet de serre. La RT 2012 doit en effet permettre au secteur du bâtiment, très gros émetteur de gaz à effet de serre, d’atteindre les objectifs de la loi Grenelle 1, entérinée le 3 août dernier, puis Grenelle 2 en cours de discussion. La RT 2012, qui remplacera la RT 2005, s’appliquera à toutes les constructions neuves faisant l’objet d’un permis de construire posé à compter de la fin 2012, mais dès 2010, à tout le secteur tertiaire non résidentiel ainsi que les logements neufs construits dans le cadre du programme national de rénovation urbaine. "L’effort 2005/2012 sera plus important que dans les réglementations précédentes, souligne Jean-Robert Millet, responsable de la division Energie au CSTB. La prise de conscience de la raréfaction annoncée des énergies fossiles et de la problématique du changement climatique a changé la donne. Pour préparer les bâtiments à ces nouvelles exigences, la RT 2012 s’articule autour de deux innovations fondamentales pour la mettre en œuvre : la définition d'un exigence globale en consommation d'énergie primaire en valeur absolue et une meilleure prise en compte de l'impact énergétique du bâti dès sa conception associée au coefficient Bbio créé spécifiquement."

Objectif global dès la conception

C’est la différence essentielle par rapport à la RT 2005. Jusqu’à présent, les différentes RT se calaient tous les 5 ans autour de 10,15 à 20 % de réduction des consommations en exprimant la valeur à respecter par rapport à un bâtiment de référence. L’objectif en kWhep/m2 (kWh d'énergie primaire par m2 SHON) dépendait ainsi de nombreux paramètres propres au projet (forme du bâtiment, détail des installations…). De ce fait, la consommation en énergie primaire à respecter pouvait varier fortement d’un bâtiment à l’autre.

"Avec la RT 2012, l'exigence s’exprimera différemment, poursuit Jean-Robert Millet. Le coefficient de référence calculé à partir des détails du bâtiment sera remplacé par une valeur absolue, indépendante de la forme du bâtiment. Le gain par rapport à 2005 sera d'au moins 50% (et pourra varier fortement d'un bâtiment à l'autre)". Cet objectif ambitieux demandera à l'équipe de conception une réflexion à la fois plus globale et plus pointue, tant sur la conception du bâti que sur le choix des systèmes. "Par exemple, ajoute le spécialiste, en RT 2005, si vous décidiez de faire un bâtiment très découpé et peu compact, le coefficient de référence suivait. En RT 2012, ce coefficient ne sera plus fonction de la forme du bâtiment. Si la forme est pénalisante du point de vue de l’énergie, il faudra compenser et faire mieux par ailleurs."

L'effort demandé le sera donc dès la conception du bâti, à tous les niveaux : forme du bâtiment, isolation des parois, orientation et nature des baies, protection solaire, étanchéité, inertie thermique…sachant que le concepteur connaîtra l’objectif global de son projet avant même d’avoir tracé le premier coup de crayon du bâtiment. C’est un des points forts de la RT 2012. Bien entendu, l'objectif objectif global en consommation d'énergie sera modulé selon un certain nombre de points qui ont un impact sur les consommations d'énergie indépendamment de la performance du bâtiment et de ses équipements, notamment la zone climatique, le type d’utilisation des locaux (hôpital, bureau, école, logement….), le type d’énergie utilisée… C’est ici également que le CSTB intervient pour créer les méthodes et cœurs de calcul des logiciels destinés à aider les concepteurs à atteindre les nouveaux objectifs de la future réglementation et à permettre d'en vérifier le respect des exigences.

Un nouveau coefficient : Bbio

Comme il va falloir porter plus d’attention qu’auparavant à la conception du bâti, un nouveau coefficient - appelé Bbio - sera introduit dans la RT 2012. Objectif : qualifier la qualité énergétique du bâti avant de savoir quels seront les systèmes qui l’équiperont (chauffage, refroidissement, eau chaude sanitaire, photovoltaïque…). "Ce coefficient Bbio sera une exigence réglementaire destinée à orienter le concepteur dès le départ vers un bâti performant, les exigences de consommation d’énergie et de confort d’été étant par ailleurs conservées, précise Jean-Robert Millet. Le Bbio est une première étape. Elle correspond du reste au souhait des concepteurs de disposer d’une approche bioclimatique avant d’avoir à choisir l’ensemble des systèmes pour leur projet. C’est un premier cadrage qui leur permettra de savoir si leur bâtiment tient la route ou pas."

Pour calculer le coefficient Bbio, les experts de la division Energie du CSTB mettent actuellement au point ses algorithmes, c'est-à-dire la méthode de calcul, et un logiciel test associé, dont l’utilisation en groupe de travail commencera début octobre.