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Stade de Lille : une sécurité incendie pas comme les autres

Crédit image : Valode et Pistre architectes

La couverture totale d’un stade est une innovation architecturale en France. Une enceinte de ce type perd son caractère d’établissement de plein air au sens de la typologie des établissements recevant du public (ERP) et se rapproche des établissements de spectacles. La Commission Consultative Départementale de Sécurité et d’Accessibilité (CCDSA) du Nord a examiné cette question du classement de l’établissement et celle de son désenfumage lorsque sa toiture est fermée. Par ailleurs, le rapport de la commission Grands Stades Euro 2016 a proposé d’examiner la création d’un nouveau type d’ERP tenant compte des particularités des futurs stades couverts ou, en l’absence d’éléments de référence, d’adapter la réglementation existante (voir encadré).

Vue du stade à moitié fermé coté Nord lors de l'étude des sollicitations au vent (mesure de pression sur l'enveloppe)

Dans le projet de la communauté urbaine Lille Métropole (architectes : Valode & Pistre, Atelier Pierre Ferret), le CSTB a étudié, pour Eiffage TP, les conditions d’enfumage et de désenfumage de l’enceinte de 50 mètres et des locaux dans les tribunes. "Nous avons procédé à des simulations numériques pour évaluer si le dispositif exutoire dans la couverture était susceptible d’évacuer les fumées," précise Philippe Fromy, expert en Ingénierie de la Sécurité incendie.

Une partie mobile de la pelouse du stade abritera une salle de spectacles située dans l'infrastructure. Divers scénarios d’incendie, adaptés aux différentes activités et configurations de l’établissement, ont été simulés afin d’établir si la couche de fumée formée sous la toiture était susceptible de descendre jusqu’au niveau le plus élevé des gradins, gênant ainsi l’évacuation des spectateurs. Ce scénario d’enfumage étant probable, une solution de désenfumage naturel à été dimensionnée. Les résultats de l’étude seront présentés à la CCDSA en avril 2009.

Dix configurations pour les tests en soufflerie

Vue de la façade Nord avec une sonde pour l'étude de confort

D'autre part, des essais ont été réalisés sur maquette dans la soufflerie Jules Verne, à Nantes, destinés à mesurer les actions du vent sur la structure ; plus particulièrement les efforts quasi-statiques et le comportement dynamique (comportement à la traction/compression de la poutre principale par exemple). Etant donnée la modularité de l’enceinte (fermeture partielle ou totale de la toiture), il a fallu tester dix configurations pour les quatre éléments de toitures mobiles. "Nous avons également mesuré le confort au vent afin de s’assurer du bien-être des spectateurs. Le niveau de vitesse du vent doit être inférieur au niveau acceptable par le spectateur," précise Marc Dufresne, expert aérodynamique au CSTB à Nantes. L'analyse des résultats est transmise au bureau d’études Greisch, qui pourra alors dimensionner les sections des éléments de la structure. Les façades du stade étant perméables, les effets du vent simulés à Nantes seront également pris en compte dans l’étude d’ingénierie du désenfumage de l’ouvrage, afin d’assurer l’amené d’air nécessaire au désenfumage naturel.

Les travaux du Stade de Lille Métropole démarreront mi-2009 pour une livraison prévue en 2012. Nul doute qu'il sera précurseur des projets de stades couverts.

Pas de nouveau type d'ERP mais une mission d’appui

Suite au rapport Seguin, le ministère de l’Intérieur en charge de la réglementation de sécurité incendie dans les ERP a mis en place un groupe de travail auquel participe le CSTB. Ce groupe a engagé la révision du règlement relatif aux établissements de type PA pour lui donner plus de consistance.
La création d’une mission d’appui et de conseil aux CCDSA a été récemment décidée par la commission centrale de sécurité (CCS) afin d’élaborer un document regroupant les différentes mesures d’adaptation des règles existantes aux très grandes enceintes sportives à vocation multifonctionnelle.