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Un hôtel "Renaissance" résolument contemporain

L’horizontalité affichée de l’hôtel Renaissance - Paris Arc de Triomphe étonne dans le paysage bien ordonné de l’avenue du XIXe siècle. Courbes et contre-courbes se posent en rupture de l’alignement des immeubles haussmanniens avec leurs fenêtres verticales. Seul le petit Ceramic Hôtel, édifié par Jules Lavirotte dans un style Art Nouveau juste de l’autre côté de l’avenue, semble pouvoir faire écho à l’univers formel du bâtiment 4 étoiles de la chaine hôtelière américaine avec ses entrelacs et ses lignes florales de 1904.

Mais toute l’intelligence de conception de l’édifice de Christian de Portzamparc est à chercher autre part que dans une vague inspiration, voire dans une simple coïncidence de proximité. Derrière les vaguelettes en vitrages sérigraphiés se dissimulent les plus belles chambres qui proposent à leurs locataires plus qu’une vue ordinaire sur une avenue parisienne. Là où une façade plane n’aurait permis qu’un aperçu frontal de l’extérieur, une façade ondulée ouvre les perspectives, le regard sur les côtés, et livre la ville dans toute son épaisseur. En donnant à observer autre chose que le cadre résidentiel d’une voie bordée d’arbres et d’immeubles en pierres calcaires, Christian de Portzamparc offre une vision plus proprement touristique de la ville de Paris, comme un petit panoramique. Avec des vues sur l’Arc de Triomphe, la Place des Ternes, le Sacré Cœur ou les rues environnantes.

Une conception composite des vitrages à double courbure

Afin de concrétiser les idées de l’architecte consacré par le prix Pritzker 1994, le CSTB et Seele, l’entreprise titulaire du lot façade sur rue, se sont penchés sur un système hybride de vitrage isolant en lui associant une respiration de la lame d’air. Aurélie Godin, ingénieur au CSTB, raconte que les vitrages courbes, plus rigides que les vitrages plans, ont tendance à moins se déformer. "Cela engendre plus d’effort au niveau des joints de scellement qui risquent de se détériorer et de permettre à l’air ambiant de rentrer dans la lame d’air avec les risques de condensation que cela comporte. En adoptant un système de respiration de la lame de faible épaisseur (22 mm), l’équilibrage de pression atmosphérique a permis de palier les désordres inhérents à la mise en œuvre d’un simple vitrage isolant."

Jean-Claude Brehm, chef de projet chez Seele, rapporte que le caractère hybride du dispositif l’est aussi par l’association du collage de type VEC au vitrage pareclosé (VEP) : "Afin de reprendre les problèmes de tolérances liées au tassement du béton, les vitrages sont collés au mastic structurel en silicone sur les montants d’ossature en acier alors qu’ils sont simplement pris en feuillure en partie haute et basse par des capots serreurs." Au final, 10 gabarits différents ont été nécessaires pour réaliser en Italie le cintrage des verres qui constituent la façade "bow-window" de l’avenue de Wagram. Les sérigraphies ont été réalisées en face 1, c'est-à-dire à l’extérieur des vitrages, afin de donner un aspect mat à l’ensemble de l’ouvrage et préserver l’intimité des résidents.

Les essais AEV

Les façades en mur rideaux sont soumises à la règlementation européenne, la norme NF EN 13830, qui prévoit des essais de perméabilité à l’air, d’étanchéité à l’eau, et des essais de résistance au vent. Une maquette représentant La façade principale de l’hôtel Renaissance - Paris Arc de Triomphe a été soumise à ces essais par le CSTB dans le cadre de l’ATEx. En résumé, le protocole d’essais AEV sur une maquette à l’échelle 1 se déroule dans un caisson étanche afin d’obtenir des données fiables, et se décompose comme suit :

  • Perméabilité à l’air: mise en pression et en dépression par palier de 50Pa pour relever le flux d’air jusqu’à une pression de 25% de la pression de vent à l’ELS (Etat Limite de Service).
  • Etanchéité à l’eau: aspersion d’eau avec un débit de 2 litres/m²/mn sur la maquette qui est mise sous pression et dépression par palier de 50Pa.
  • Résistance au Vent : mise en pression suivant les données de vent déclarées par le demandeur de l’ATEx.
  • Perméabilité à l’air pour valider la classification de la résistance au vent.
  • Etanchéité à l’eau pour valider la classification de la résistance au vent.
  • Résistance au vent, charge de vent accrue : pour évaluer la sécurité de l’ouvrage sous des conditions atmosphériques exceptionnelles avec des valeurs de pression correspondant à 1,5 fois celles déclarées par le demandeur.

Fiche technique

  • Maîtrise d’ouvrage : Altarea/ SAS Wagram 39/41
  • Maîtrise d’œuvre et d’exécution : Christian de Portzamparc, architecte
  • Maîtrise d’œuvre d’exécution et BET : HPM
  • Bureau d’étude : Van Santen
  • Bureau de contrôle : VERITAS
  • Inauguration : mai 2009