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Une fondation de recherche pour réduire les gaz à effet de serre dans le bâtiment

Imaginer les nouvelles technologies qui sauront capturer, stocker ou encore produire de l'énergie, relance un impérieux besoin de recherche et nécessite une mobilisation des acteurs de la construction et des producteurs d'énergie.

C'est dans cette optique, qu'a été initiée la création de la fondation de recherche «Bâtiment-Energie», annoncée par le ministre de la Recherche. Le but premier de cette fondation sera donc de soutenir des recherches d'intérêt général permettant de faire progresser ces technologies, avant tout dans les domaines de l'isolation, de la ventilation et de l'efficacité des systèmes de chauffage et de refroidissement, intégrant les énergies renouvelables. Les progrès doivent bénéficier aux bâtiments neufs mais aussi aux bâtiments existants en développant de nouvelles approches de réhabilitation. L'objectif est de réduire d'un facteur 4 à l'horizon 2050 les émissions de gaz à effet de serre générées par les bâtiments, en complémentarité avec les programmes recherche existants.

Cette condition est incontournable pour lutter contre le changement climatique compte tenu de la contribution du parc bâti à la consommation d'énergie et pour favoriser notre indépendance énergétique.

La Fondation procédera principalement par des appels à projets dont le premier sera lancé dès 2005, aussitôt que la déclaration d'utilité publique sera intervenue. Pour cela, elle disposera de moyens significatifs à hauteur de 8 M€ dont 4 M€ apportés par les entreprises fondatrices et 4 M€ par l'Etat.

« Cette fondation pourrait faire tâche d'huile au niveau européen et constituer le germe d'un projet intégré ambitieux au niveau de l'Union européenne », estime Jean-Christophe Viser, responsable de la division Auomatismes et Gestion de l'Energie du dépârtement Développement Durable du CSTB.

Vers des bâtiments à énergie positive

Par ailleurs, le CSTB entend être, avec l'ADEME, un acteur central des innovations qui permettront de réussir ce challenge et a initié un programme de recherche technologique ambitieux sur le « bâtiment à énergie positive » qui s'inscrit dans le droit fil de la fondation. L'idée force est de faire du bâtiment un lieu de production d'énergie décentralisée utilisant les énergies renouvelables : vent, soleil, géothermie superficielle, biomasse… Le bâtiment assure ses propres besoins et l'énergie non consommée est restituée sur le réseau qui devient une immense coopérative de production. C'est une révolution mais elle est déjà en marche chez certains de nos voisins allemands et suisses.

Ce programme conjugue recherche, innovation, expérimentation et démonstration. La recherche pour le développement de nouveaux matériaux, techniques et méthodes. L'innovation pour offrir des débouchés à l'industrie en Europe. L'expérimentation pour prouver la fiabilité des solutions. La démonstration pour créer les conditions d'appropriation tant pour le milieu professionnel que pour les particuliers, en s'appuyant sur l'expérience de pays comme l'Allemagne ou la Suisse. Les technologies seront analysées tant du point de vue technique, économique, social autant que culturel.

Outre le développement de technologies et composants innovants, ce programme met l'accent sur la conception des bâtiments pour donner les moyens aux architectes d'intégrer la notion de « bâtiment à énergie positive » dès la conception d'un projet. Il s'agit de concilier confort des occupants et protection de l'environnement.

Ce programme poursuit trois objectifs :

  • Diminuer la contribution à l'effet de serre du stock de bâtiments existants. Le parc de logements construits avant 1974 est estimé à 12 millions d'unités dont il faut diviser par trois ou par quatre les consommations énergétiques pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire. L'effort de recherche portera en priorité sur l'isolation, la ventilation, l'efficacité des systèmes de chauffage et de rafraîchissement.
  • Lancer une génération de bâtiments consommant trois à quatre fois moins d'énergie que les bâtiments neufs. Les recherches concernent l'intégration des nouvelles technologies, l'abaissement de leur coût et les conditions d'usage par les occupants. L'objectif est d'arriver d'ici à 10 ans, à une part significative (25 à 30%) de bâtiments très performants dans la construction neuve.
  • Préparer les bâtiments à énergie positive. Il s'agit d'imaginer les solutions techniques qui permettront de faire en sorte que la somme des besoins d'énergie fossile ou électrique soit inférieure à la somme des apports internes et des apports récupérables des énergies renouvelables (bois, solaire thermique, solaire photovoltaïque…).

Les prototypes de bâtiment à énergie positive sont attendus à un horizon de cinq ans pour une fabrication possible à grande échelle à la fin de la prochaine décennie, dans des conditions économiques et d'usage, compatibles avec nos exigences de confort et notre niveau de vie.