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Enseigner la HQE à la source

Le lycée de Blanquefort veut donner le ton à une nouvelle architecture environnementalement responsable. Initiateur d'une démarche HQE, il devrait être l'éclaireur pour les autres lycées de la région sud ouest qui seront eux aussi construits selon les préceptes de la démarche HQE. Ainsi en sera t'il des lycées Baradat de Pau, de la mer à Gujan Mestras, Pape Clément à Pessac, René Cassin à Bayonne, du lycée de Borda à Dax, du lycée professionnel de Fumel, et enfin de l'établissement régional d'enseignement adapté à Trélissac. Au total, 8 chantiers importants de construction ou d'extension de lycées conçus selon la démarche HQE sont en cours dans les 5 départements de la région.

Une végétalisation de la parcelle à hauteur de 62%

L'extension/restructuration générale du lycée des métiers du BTP de Blanquefort demeure néanmoins l'opération la plus emblématique, ne serait ce qu'en raison du budget engagé (22 millions d'euros HT pour les travaux seuls) mais aussi en raison de la nature de la lourde intervention programmée qui permettra de faire passer la capacité d'accueil de l'établissement de 600 à 1300 élèves (dont 400 internes).

A terme, Blanquefort deviendra le second plus grand lycée du bâtiment en région Aquitaine. Il faut par ailleurs noter qu'il est à ce jour un des rares lauréats de l'appel à projets où les travaux ont débuté depuis quelques mois déjà. Cet établissement professionnel et technique va subir une reconstruction générale (la surface du projet montre une SHON de 14 600 m² avec 30 000 m² pour les aires extérieures, ce pour une emprise foncière de quelque 100 000 m²), à l'exception des locaux de restauration et des internats. Actuellement, les 600 lycéens sont répartis dans plusieurs filières du bâtiment que sont « travaux publics/gros œuvre », « équipement technique énergie », « charpente bois et menuiserie » ou encore « structures métalliques ».

Pour le conseil régional d'Aquitaine, ce projet revêt plusieurs objectifs : la protection de l'environnement avec la préservation des ressources, la réduction des pollutions et celle des déchets, la gestion patrimoniale avec les notions de durabilité, d'adaptabilité, de maintenance et de coût d'exploitation, et enfin le caractère exemplaire et l'aspect pédagogique d'un tel chantier. S'agissant de ce dernier point, il apparaissait primordial qu'un lycée ayant pour vocation de former les élèves aux métiers du BTP ait valeur d'exemple et enseigne à la bonne geste environnementale. D'où une hiérarchisation des cibles en phase avec une vocation qui se retrouve par exemple matérialisée par l'emploi de matériaux éco-construction tels que le monomur en structure, le bardage bois en façades extérieures, la cloison légère en terre cuite pour les séparations, le sol linoléum, le vitrage faiblement émissif ou bien encore la toiture végétalisée. Des procédés et des produits qui pour la plupart se laissent voir pour une cible notée très performante.

En notation similaire, il conviendra d'ajouter la relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement immédiat, la gestion de l'énergie et la gestion de l'eau, ainsi que la gestion de l'entretien et de la maintenance. S'agissant de la relation avec l'existant, le projet prévoit une végétalisation de la parcelle à hauteur de 62%, pour une série d'ouvrage installés sur un terrain divisé en deux zones distinctes afin de réduire les nuisances sonores et la pollution de l'air.

Les énergies renouvelables, tête de pont du projet

Le recours aux énergies « environnementalement satisfaisantes » (dixit le maître d'ouvrage) afin de se conformer à la cible de gestion de l'énergie prévoit une batterie de solutions techniques particulièrement travaillée. En solaire passif, 700 m² de vitrages apporteront ainsi 200 kWh par an et par m² soit 140 000 kWh chaque année.

Le gymnase sera équipé d'eau chaude et de chauffage solaires grâce à l'installation de capteurs sur une surface de 120 m². Une chaufferie au bois assurera quant à elle la moitié au minimum des besoins de chauffage, avec un complément au gaz pour la partie manquante (chaudière gaz à basse température associée à une chaudière gaz à condensation). Au final, 45% des besoins en chauffage et électricité seront assurés par des ENR (énergies renouvelables) soit 603 000 kWh l'année pour une consommation globale de 1 340 000 kWh.

Pour la gestion de l'eau potable, il est prévu grâce à la mise en œuvre de produits appropriés (robinets à poussoir, détentes de pression) d'économiser quelque 3000 m3 d'eau chaque année. Le recours aux eaux non potables pour alimenter un atelier proche du bassin de stockage (capacité de 800 m3), pour alimenter les machines et enfin pour l'arrosage des espaces verts, et ce parallèlement à l'assainissement des eaux usées (notamment les rejets toxiques des salles de sciences), viendront compléter le dispositif.

Le droit à la parole des usagers

En cibles performances sont listées un chantier à faibles nuisances, la gestion des déchets d'activité, le confort hygrothermique, le confort acoustique, le confort visuel et la qualité sanitaire de l'air (chaque classe sera notamment équipée d'une sonde de qualité d'air alimentant un voyant lumineux).

Pour hiérarchiser ces cibles, un groupe de concertation auquel participait une fois n'est pas coutume des représentants des usagers (des professeurs des différentes filières d'enseignement du lycée, le proviseur, l'intendante) été mis en place, dans un souci de recueillir au plus près les attentes de tous.

Hormis la volonté du conseil régional d'Aquitaine de s'engager en qualité de maître d'ouvrage dans la démarche HQE et qui se matérialise dans ce projet de Blanquefort, il faut ajouter son rôle de co-organisateur des Assises nationales de la démarche HQE aux côtés de l'Ademe et l'Association HQE et dont la troisième édition s'est tenue à Bordeaux en novembre 2003. Répondre à l'appel à projets servira au final à confirmer cet engagement pris de longue date avec l'architecture écologique.

Fiche technique

  • Maîtrise d'ouvrage : Conseil régional d'Aquitaine
  • Mandataire maîtrise d'ouvrage : BMA (Bordeaux Métropole Aménagement)
  • Maîtrise d'œuvre : Isabelle Colas, architecte mandataire de l'opération; Bouey-Digneaux-Maurice, architectes
  • BET : Eccta ingénierie (structure VRD) ; Cap Ingelec (fluides) ;VIAM (acoustique)
  • Paysagiste : Sarl Atelier Paysages (Graziella Barsacq)
  • Coordinateur HQE et responsable SME : Adret (Daniel Fauré)
  • Programmation générale : Ingegram
  • AMO HQE : IMBE (Institut méditerranéen du bâtiment et Environnement)
  • Surface projet : 14 600 m² utiles/30 000 m² aires extérieures
  • Emprise foncière : 97 484 m²
  • Budget prévisionnel : Opération : 30,5 millions d'euros TTC ; travaux seuls : 21 190 millions d'euros